On ne va pas se mentir. Avec ses crimes, ses justiciers, son exaltation de la peur et du chaos pour mieux valoriser celui qui ramènera l’ordre et la quiétude, le polar est plutôt une affaire d’hommes. Et qu’est-ce qui fait l’homme dans l’homme ? Une virilité définie par un ensemble de qualités culturellement associées au genre masculin : la puissance sexuelle, l’héroïsme, la force physique, l'appétit de conquête, l'instinct guerrier (l’émotion restant au vestiaire). Jusque dans les années 70, tout va bien. Des héros célibataires endurcis et autres Dom Juan de pacotille fleurissent dans un genre gravement atteint de totalitarisme masculin, à l’image du rapport de force inégal à l’œuvre dans la société. Il faudra attendre l’évolution notable de la place et du statut des femmes à travers le monde pour que s’effrite, dans l’univers du polar, miroir du réel, cette domination dopée à la testostérone.
Dès lors, plus ça va, moins ça va. Les héros fatigués luttent pour conserver leurs attributs de virilité alors que les normes du genre masculin sont questionnées, bouleversées par des mouvements féministes toujours plus prégnants. Mais si la représentation traditionnelle de l’homme forcément viril tend à prendre cher, elle n’en demeure pas moins valide à bien des égards. Dans cette newsletter #18, je vous propose de faire un tour d’horizon de ce spécimen en voie de mutation : le macho. Un archétype jadis triomphant, aujourd’hui vacillant, mais toujours au cœur d’une identité masculine désormais plurielle dans le polar.
Bon week-end à tous et rendez-vous le 15 avril, le temps pour moi de savourer, et digérer, le festival lyonnais Quais du polar.
Laetitia