LA LOI DU MILIEU, de Mike Hodges

Car c’est la naissance d’un nouveau cinéma de genre à l’anglaise, un polar social et radical. Parce qu’il est une source d’influence majeure, pour John Woo et Steven Soderbergh pour ne citer qu’eux. Pour son ambiance crépusculaire non dénuée d’humour. Pour Michael Cain, ange de la mort que rien ne peut tuer, même pas le ridicule. Un film qui fait date.

UN NOUVEAU GENRE. Pour son premier long métrage au cinéma, Mike Hodges jette les bases d’un nouveau polar à l’anglaise. Un cinéma radical, violent et amoral, témoignant d’une réalité sociale âpre et sordide. Il n’hésite pas à s’attaquer à des sujets hautement périlleux et malsains, tels que la pédophilie et la prostitution enfantine, de manière frontale, quasi naturaliste. La loi du milieu créé ainsi ses propres codes. Son identité singulière transfigure le thriller à l’américaine pour le rendre témoin d’une réalité contemporaine sans mettre de filtre ni de morale déplacée. Un film de gangster qui capte mieux qu’un documentaire l’atmosphère d’une ville minière triste à pleurer, noyautée par les petites mafias locales.

A VERY BRITISH GANGSTER. Jack est un homme qui cherche à comprendre les causes de la mort de son frère et qui finit par ouvrir la boîte de pandore. Au fil des découvertes macabres, il se transforme en ange exterminateur, bras armé d’une justice assoiffé de vengeance. Michael Caine est habité par ce rôle qu’il incarne avec la classe et un certain flegme ironique qui le caractérisent. Ce héros froid, taciturne et violent nous en devient presque sympathique, c’est dire. Loin des gangsters romantiques et tapeurs du Nouvel Hollywood qui émergent au même moment de l’autre côté de l’Atlantique chez De Palma, Coppola ou Scorsese, Michael Caine nous offre un nouveau héros impérial.