LA MORT AUX TROUSSES, d'Alfred Hitchcock

Film
Bien
Très bien
Un Must
Monument du cinéma

Le pitch

Un film à péripéties qui démarre par un quiproquo. « Je crois que c’est un scénario épouvantable, car nous avons tourné le premier tiers du film, il se passe toutes sortes de choses, et je ne comprends absolument pas de quoi il s’agit ». Je ne peux pas mieux en parler que Cary Grant, livrant son inquiétude pendant le tournage. Sinon que ce film culte est mené à 100 à l’heure. Tout en élégance, audace, humour et virtuosité. Un must. Dès 8/10 ans.

Pourquoi je vous le conseille ?

Parce que La Mort aux trousses est l’un des chefs-d’œuvres d’Hitchcock ; un film-somme où se retrouve l’essentiel de son univers. Pour la musique de Bernard Herrmann, entêtante, dramatique et virevoltante. Pour les scènes cultes qui ont fait date. Car ce film a posé les bases du film d’action contemporain. Car il est impensable de ne pas avoir vu et revu ce film monumental.

UNE LEÇON DE CINÉMA. Les morceaux de bravoure sont légion dans ce film que je classerais parmi les plus réussis d’Hitchcock. L’escalade du mont Rushmore. La vente aux enchères. L’homme poignardé dans les locaux des Nations Unis… La séquence la plus mythique étant probablement celle de l’avion dans le désert qui plonge sur Cary Grant. Elle prend le contre-pied absolu des scènes de meurtres proposées dans les polars urbains si typiques de l’époque. « Je me suis demandé quel en serait le contraire. Une plaine déserte, en plein soleil, ni musique ni visage mystérieux derrière les fenêtres » dixit le maître. Hitchcock abolit ainsi le temps et l’espace dans cette séquence muette de 7 minutes.

Visionnez l’interview de Hitchcock qui décortique la scène, plan par plan. Une archive INA proposée par la Cinetek. Passionnant.

UN FILM-ANTHOLOGIE ET UNE RÉCRÉATION. Toutes les obsessions du maître se retrouvent dans ce film conçu comme un cauchemar éveillé : l’humour, la traque, l’amour rédempteur, le faux coupable, l’érotisme latent, le second degré, le principe du leurre (ou Mac Guffin)… Un chef-d’œuvre disions-nous, mais qui assume pleinement sa vocation de spectacle divertissant hollywoodien. Dans un même élan, sans reprendre son souffle, il nous offre un festival d’audace et de clins d’œil dans un format cinemascope qui laissent le spectateur émerveillé. Une fuite en avant qui nous entraîne North by Northwest, titre original de La Mort aux trousses. Une direction qui n’existe sur aucune boussole, mais qui désigne la partie nord des États-Unis où se déroule le film. Passé à la postérité de manière surprenante du fait même de son évidence, ce film léger fut malicieusement intercalé par Hitchcock entre deux films sombres et dépressifs, Sueurs Froides (Vertigo, 1958) et Psychose (1960). Quelle réussite.

UN FILM DE LÉGENDE. Revoir La Mort aux trousses permet de comprendre l’influence majeure qu’a exercé Hitchcock sur le cinéma (américain) contemporain. Le personnage de Roger Thornill, interprété par Cary Grant, annonce les futurs héros des films d’action, intègres et sûrs d’eux, maniant l’humour avec un détachement qui les rend parfaitement irrésistibles. Des héros charismatiques prêts à tout risquer, y compris braver les institutions et entrer dans l’illégalité, pour accomplir ce qui leur semble juste. Un personnage de Thornill qui nourrira le statut de Cary Grant au point de l’ériger au rang d’acteur de légende. L’influence du film sur les blockbusters américains est également sans conteste. Le rythme effréné, les effets de mise en scène (champs-contrechamps, travellings, explosion finale), la musique dramatique (ici signée de Bernard Hermann) : tous les ingrédients sont posés par Hitchcock, trois ans avant le début de la saga des James Bond. La Mort aux trousses a défini  les contours d’un genre – le thriller d’action et d’aventure – appelé à prospérer. De la saga Die Hard (initiée par John McTiernan en 1988 ) à Jason Bourne ou encore Mission Impossible.

3 autres infos, au cas où : 1. Sophia Loren puis Cyd Charisse étaient pressenties pour le rôle d’Eve Kendall finalement échu à la blonde Eva Marie Saint, selon la volonté d’Hitchcock. 2. Saul Bass, le graphiste de génie, est au générique. 3. Le scénario inspiré d’une affaire vraie d’espionnage d’après-guerre : l’affaire Galindez, professeur exilé à New-York, enlevé en pleine rue.
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La fiche

Titre français :

Titre original :

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Durée :

Couleur / noir et blanc :

Si vous avez aimé, découvrez du même auteur

Dans la filmographie d’Hitchcock, tout est bon, voire très bon, voire culte. À choisir parmi les thématiques qui sont dans la même veine que La Mort aux trousses, on citera des films d’espionnage, et notamment ceux tournés par Hitchcock dès 1935, lors de sa « période anglaise ». Sans oublier de temps à autre la pointe d’humour British qu’on aime tant.

  • Les 39 marches (The 39 steps, 1935). Avec Robert Donat, Madeleine Carroll, Lucie Mannheim. Un homme recherché pour le meurtre d’une Mata-Hari est poursuivi par un groupe d’espions nazis, mais aussi par la police britannique.
  • Jeune et innocent (Young and Innocent, 1937). Avec Derrick de Marney, Nova Pilbeam, Percy Marmont. Charmant film où un jeune auteur injustement accusé doir prouver son innocence, avec la complicité de la fille du commissaire chargé de l’enquête.
  • La Cinquième colonne (Saboteur, 1949). Avec Robert Cummings, Priscilla Lane, Otto Kruger. En 1940, un ouvrier américain est accusé d’avoir saboté une usine d’armements. Aidé d’une jeune femme, il parcourt les Etats-Unis pour démasquer le véritable coupable, un agent nazi. Amour, faux coupable, traque à travers le pays : les classiques ingrédients hitchcockiens sont bien présents.
  • Les Enchaînés (Notorious, 1948). Avec Cary Grant, Ingrid Bergman, Claude Rains. Double jeux, amour et espionnage. Parmi les classiques du maître.

Blow up sur Arte. Alfred Hitchcock en 8 minutes : une émission qui permet d’avoir une vision synthétique de l’œuvre d’Alfred en 8 minutes chrono.

Parmi la foultitude d’oeuvres dédiées à Hitchcock, je recommanderais entre autres :

  • Hitchcock/Truffaut, ou Le Cinéma selon Alfred Hitchcock, ou encore surnommé le « Hitchbook ». Un livre d’entretiens entre deux monuments du cinéma, paru en 1966 aux éditions Robert Laffont.
  • Hitchcock. Biographie, filmographie illustrée, analyse critique. Livre de Patrick Brion. Editions de la Martinière.
  • Hitchcock, la totale (2021). Les 57 films et 20 épisodes TV expliqués et décryptés pour mieux comprendre comment le Maître a définitivement marqué l’histoire du cinéma. Monographie de Bernard Benoliel, Gilles Esposito, Murielle Joudet, Jean-François Rauger.

À découvrir ailleurs, dans la même ambiance

Le troisième homme (The Third Man, 1949) de Carol Reed. D’après Graham Greene. Avec Joseph Cotten, Alida Valli, Orson Welles. Un film d’espionnage filmé dans la Vienne dévastée de l’après-guerre.

L’homme de Rio (1964), film d’aventure tous publics, virevoltant, de Philippe de Broca. Avec Françoise d’Orléac, Jean-Paul Belmondo, Jean Servais.

Les sagas Die Hard, James Bond, Jason Bourne et Mission Impossible.