EMMA WRONG, de Laura Guglielmo et Lorenzo Palloni

BD
Bien
Très bien
Un Must
Espionnage atomique

Le pitch

Janvier 1951, dans un luxueux hôtel en plein désert du Nevada. Une poignée de personnages hétéroclites y attend l’essai nucléaire de l’armée américaine. Parmi eux se trouve la belle et mystérieuse Emma, femme obstinée et très amoureuse. Un polar brillant, au scénario intelligemment construit. Un graphisme délicieusement vintage pour un huis-clos d’espionnage tortueux qui sait naviguer dans les eaux troubles d’autres genres : le thriller, le film d’amour, d’aventures, historique, fantastique…

Pourquoi je vous le conseille ?

Parce que c’est un thriller d’espionnage efficace, imaginé au cœur de la Guerre Froide, où règnent les faux-semblants et les fausses pistes, qui sait ménager son lot de surprises et coups de théâtre. Pour Emma, femme fatale et intrigante, dont l’obstination n’a d’égal que le courage. Parce que le graphisme à la patine fifties est somptueux, au service d’un scénario retors qui ravira les amateurs de Cluedo géant, où la finesse des dialogues et du texte en général ne sont pas en reste. Dès 12 ans.

POUR LA BELLE ET INTRIGANTE EMMA. De son vrai nom Emma Wong, notre héroïne mène une enquête ininterrompue depuis 15 ans, à la recherche de son grand Amour. Et depuis 15 ans il lui échappe, malgré son obstination, sa détermination sans faille. D’où cette lettre « R » rajoutée dans le patronyme du titre, qui signifie à quel point sa quête est ardue, semée d’embûches, de mensonges et de faux semblants. Et rendue d’autant plus difficile quand on est, comme Emma, d’origine asiatique en pleine période de Guerre Froide, dans l’Amérique ultra raciste de 1951, alors que Pearl Harbor, Hiroshima et Nagasaki sont encore des événements frais dans toutes les mémoires. Cette femme « fatale » dont la beauté subjugue tous les hommes attire à la fois la méfiance des uns et la convoitise des autres au Hot Rock Motel où tous attendent d’assister au premier essai nucléaire qui doit être lancé quelques kilomètres plus loin. Dans cette curieuse oasis au milieu de nulle part se joue en réalité un règlement de compte entre agents secrets de tous bords, retors et tortueux.

FAÇON AGATHA CHRISTIE. L’intrigue est pensée à la manière de la grande Reine du crime Agatha C. où il s’agit de découvrir l’assassin parmi un nombre réduit de personnages tous plus ou moins louches, amenés à cohabiter dans une ambiance toujours plus angoissante et ambiguë. La narration est nourrie de flashbacks, parenthèses et interludes qui permettent d’éclairer les événements du présent. Où le lecteur devient le témoin privilégié d’un jeu de rôles où les masques tombent à force de coups de théâtre violents et révélations bouleversantes, jusqu’à la résolution explosive.

UN GRAPHISME MAGNIFIQUE. Pour une première, quelle réussite ! Le dessin stylisé à la patine fifties de Laura Guglielmo est d’une incroyable expressivité. L’usage des couleurs acidulées où se juxtaposent uniquement trois teintes rouge-jaune-bleu nous téléporte dans l’Amérique de la Guerre Froide où certaines cases viennent même nous rappeler des tableaux de David Hockney.  Alors même que la mise en page est claire, efficace tout en proposant quelques morceaux de poésie. Cet album one-shot qui offre une partition classique dans son dessin mais remarquable dans sa maîtrise de la couleur, attire l’œil au premier regard.

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Par le scénariste Lorenzo Palloni :

La Louve (2017) de Lorenzo Palloni (Scénario, Dessin) / Luca Lenci (Couleurs) / Didier Zanon (Traduction). Editions Sarbacane. Une femme puissante. Ginger, La Louve, est l’héroïne androgyne et cruelle de ce récit. « Collecteuse » d’argent sale, elle travaille seule et sans filet pour un prêteur sur gages. Pour recouvrer les dettes elle emploie les méthodes les plus dures. Mais elle a aussi une seconde vie, une vie de famille bien plus « tranquille ». La noirceur de l’histoire se fissure peu à peu, pour révéler l’humanité refoulée de cette femme blessée.

L’Île (2016) de Lorenzo Palloni (Scénario, Dessin, Couleurs). Dans un futur proche, des régimes totalitaires s’affrontent au cours d’un conflit mondial sans fin. Un polar fantastique efficace.