Jamais sans mes livres

Le 8 juillet 2022

Que vous voyagiez léger ou (trop) lourd, au froid ou au chaud, en famille, en solo, en amoureux ou entre potes, la question vous taraude déjà, je le sais, je le sens. Ne cherchez plus. Elle est là, votre sélection de polars pour les vacances. À glisser entre les maillots de bain ou les chaussures de rando, c'est selon. Des univers entiers à découvrir, pour petits et grands, les doigts de pied en éventail. Sagas, livres-sommes, intégrales ou opuscules. Qu’ils soient sombres, violents, drôles, légers, réalistes, historiques, fantastiques… Qu’ils suscitent le rire, les larmes, l’horreur ou la stupeur, peu importe. L’important c’est qu’ils fassent la différence, du moins c’est l’idée. Qu’ils laissent des souvenirs inoubliables de lecture. Marquant nos mémoires d'une pierre blanche. C’était l’été où j’ai lu…

Je vous souhaite de faire de belles rencontres littéraires dans cette newsletter #24 aux effluves de crème solaire. Excellentes vacances et rendez-vous à la rentrée, pour de nouvelles aventures.

Laetitia

Vertigineuse de beauté

Bien sûr que je suis de parti pris, aiò ! Parce que je connais si bien ses paysages, ses odeurs, ses tempéraments bien trempés, je vous recommande deux polars parfaitement justes, qui ont fait vibrer ma corde sensible de corse du continent.

Il n’est pas nécessaire d’aimer (ou pas) la corse et ses habitants pour apprécier La patience de l’immortelle qui raconte la violence des hommes et le culte du secret qui verrouillent cette société insulaire indéchiffrable. Dans les montagnes de l’Alta Rocca, près de Sartène, Ghjulia « Diou » Boccanera est appelée à la rescousse par son ex, Joseph Santucci, pour enquêter sur la mort de sa nièce Letizia Paoli. Diou débarque de Nice sur une île qu’elle a quittée depuis longtemps et dont elle dit ne plus maîtriser les codes. Un retour aux sources émouvant, drôle, violent. Un très bel hommage au particularisme corse, à sa part sauvage et magnifique. Une virée en enfer qui a tous les atours du paradis. Dans une langue vivante, enlevée, menée à la baguette par une héroïne truculente. Une très jolie découverte.

La patience de l’immortelle (2021) de Michèle Pedinielli. Éditions de l’Aube, coll. L’Aube noire.

Qui a assassiné une randonneuse sur le sentier des crêtes, près de Bastia ? Pourquoi un homme a-t-il tué sa femme et sa petite fille avant de tenter de se suicider ? Toute similitude avec des personnages ou faits ayant existé…. On sent bien que les bas-fonds corses et les intrigues politico-juridico-maffieuses qui sévissent sur l’Île de Beauté sont décrits ici avec justesse et bien documentés par un auteur journaliste de profession. Dans Malamorte d’Antoine Albertini, un capitaine de police totalement cramé sillonne la ville à la recherche de la vérité, tout en nous régalant de son humour noir et caustique. Au fond des bars aussi bien que dans les villas cossues du bord de mer. Une enquête menée le temps d’un automne très pluvieux. Une œuvre utile pour mieux comprendre les racines du mal au sein d’une société et d’une culture très à part. Très secrètes. Dans une écriture riche, fluide, sensuelle. Sans pathos ni clichés. Une lecture parfaitement sympathique et salutaire.

Malamorte (2019) d’Antoine Albertini. Livre de Poche.

Sous les pavés, la plage

Je ne sais pas vous, mais la trêve estivale me donne une furieuse envie d’attaquer des sagas au long cours. Des œuvres-mondes à savourer au son des grillons et du clapotis des vagues. Qui m'aime me suive.

McIlvanney est un grand auteur. (Re)plongez-vous dans Sa trilogie Laidlaw sise dans le Glasgow violent des années 70 pour prendre la mesure de ses romans noirs, mélancoliques, à tendance contemplative. Du nom de son inspecteur pas vraiment sympathique qui en est le magnifique anti-héros. Bourré de paradoxes, c’est « un homme violent en puissance qui a horreur de la violence ». Un intellectuel refoulé à tendance alcoolo qui mène ses enquêtes en solo, avec opiniâtreté, dans une recherche de vérité absolue. À son rythme, lent et nostalgique. Mais tout bien réfléchi, c’est l’Ecosse qui est le tout premier personnage de cette saga. La corruption, les mafias, la violence sociale y naissent à chaque coin de rue. Un auteur incontournable à (re)découvrir les yeux fermés.

Laidlaw (Laidlaw, 1977), Les Papiers de Tony Veitch (The Papers of Tony Veitch, 1983) et Étranges Loyautés (Strange Loyalties, 1991), auxquels il convient d'ajouter Big Man (The Big Man, 1985), dont la fin devient l'un des éléments de l'enquête de Laidlaw dans Étranges Loyautés

Un immense merci à Fred (qui se reconnaîtra) pour m’avoir fait découvrir Dans le grand cercle du monde de Joseph Boyden. Un récit dont le souffle romanesque est immense. Trois personnages s'affrontent dans l’âpre nature canadienne du XVIIème siècle : un missionnaire français, un guerrier huron et une adolescente iroquoise. Chacun mène sa propre guerre : l’un pour convertir les Indiens au christianisme, les autres, bien qu’ennemis, pour chasser ces Corbeaux venus prêcher sur leur terre. Pour revenir aux sources du Mal. À la naissance de l’identité du territoire nord-américain, avant l’arrivée des Européens, lorsque des individus formaient des sociétés tout aussi humaines, sophistiquées et complexes, et qui, sans être parfaites, cohabitaient harmonieusement. Un conte violent (parfois à la limite du supportable) et lyrique qui rend justice aux nations premières persécutées pendant des siècles, par un auteur lui-même métisse, qui a vécu son ascendance ojibwa comme un tache avant de renouer avec ses origines. Un chef d’œuvre.

Dans le grand cercle du monde (The Orenda, 2013). Traduit de l'anglais (Canada) par Michel Lederer. Albin Michel (2014).

C’est important les amis. Cette fois-ci c’est Lucas qui a eu l’excellente idée de me recommander La Compagnie de Robert Littell. Le pitch est simple, il est tout entier dans le sous-titre Le grand roman de la CIA. De 1950 à 1991, un demi-siècle de guerre froide retracé en 1 200 pages, via le destin fascinant de plusieurs générations de recrues de la CIA et du KGB. Taupes, double-vie, filatures et impers couleur mastic...Ce grand classique du roman d’espionnage - haletant, érudit, documenté - confronte la grande Histoire à sa version sous-terraine. Et comme il est toujours satisfaisant de se dire qu'on a peut-être un peu mieux compris comment tourne le monde, je vous recommande vivement la lecture de ce livre somme, follement romanesque.

La Compagnie, le grand roman de la CIA (The Company: A Novel of the CIA, 2003) de Robert Littell. Traduit de l'américain par Natalie Zimmermann (2003). Points Policier.

Un été meurtrier

Comme quoi, le soleil peut vite monter à la tête…

On retrouve dans Le bikini de diamants tout l’univers de Charles Williams (1909-1975) : des pauvres ploucs blancs, des gangsters, des flics bornés et des arnaqueurs en tous genres. Il faut s’imaginer les années 50 dans le Sud profond des Etats-Unis. Billy passe l'été chez son oncle Sagamore avec son père, Pop. Tous deux escrocs sur les bords. Entre les visites du shérif et le lac où il apprend à nager, le jeune garçon ne s'ennuie pas. Mais lorsque Doc Severance et Miss Harrington viennent se mettre au vert à la campagne, chez son oncle, les vacances deviennent carrément intéressantes. Tout le sel de cet incontournable du polar burlesque vient du décalage entre ce qui est raconté (naïvement ?) par le narrateur de sept ans et ce que le lecteur comprend et transpose. Un classique parmi les classiques.

The Diamond Bikini (1956) de Charles Williams. Traduit sous le titre Fantasia chez les ploucs (Série Noire, 1957), puis par Laura Derajinski sous le titre Le bikini de diamants (2017, Gallmeister, Coll Totem).

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La colère gronde, la tension monte progressivement, et le drame survient. On savait qu’il allait frapper, on se demandait seulement quand, où et sur qui. La force de L'Été circulaire réside dans cette brutalité qui affleure dans cette petite ville du Lubéron. Où l’on découvre l’envers du décor de carte postale et la réalité subtilement politique de ces banlieues ni riches ni pauvres, juste creuses. Deux sœurs de 15 et 16 ans, livrées à elles-mêmes, zonent entre fêtes foraines et villas inoccupées. Un père, alcoolique et violent, que la pauvreté humilie et rend fou. Une mère agressivement indifférente à tout. Et le drame qui plane, inéluctable. Dans un monde sans avenir puisque qu’on reproduit toujours les mêmes erreurs, quoiqu’on en dise, quoiqu’on en veuille. Un été circulaire on vous dit.

L’été circulaire (2018) de Marion Brunet. Éditions Livre de Poche. 

Ambiance sixties

Parti comme un joli récit d'initiation, de sentiments confus et d'états d'âme adolescents, L'Eté diabolik se mue progressivement en une sordide histoire d'espionnage et de règlements de comptes, sur fond de guerre froide. Été 1967 à Clairville, France. Les 48h décisives dans la vie d’Antoine, 15 ans. Lors de la finale d'un tournoi de tennis, il bat Erik, un jeune de son âge, sous les yeux de leurs pères. Cette victoire anodine est le point de départ d'un enchainement de faits qui vont dramatiquement changer le cours de sa vie. Hommage assumé aux lectures de jeunesse du scénariste Thierry Smolderen, cette BD totalement pop offre une intrigue habilement menée, truffée de fausses pistes, d'indices et de chausse-trapes. Un enthousiasmant thriller retro servi par le dessin flamboyant, délicieusement sixties d’Alexandre Clérisse. Où derrière les couleurs psychédéliques se cachent des questionnements essentiels sur la réalité des sentiments qui unissent deux personnes. Mon tout finit par tisser un ensemble remarquable et franchement délectable. Une totale réussite. Dès 14 ans.

L’Été Diabolik (2016). Une BD de Thierry Smolderen (scénario) et Alexandre Clérisse. Dargaud. Prix BD Fnac 2017 / Prix polar SNCF 2017.

Place aux jeunes

« Tobie Lolness mesurait un millimètre et demi, ce qui n’était pas grand pour son âge. » Ce personnage minuscule, membre du peuple de l'arbre, va se voir traqué et connaître une succession d’aventures palpitantes. Un classique de la littérature jeunesse, une fable follement imaginative, d’une grande poésie. Avec en filigrane une vision de ce que les hommes, mêmes grands, doivent affronter :  la dureté des rapports humains et les menaces écologiques qui pèsent sur notre planète. Une inoubliable chasse à l’enfant au tempo effréné. Dès 9 ans.

Tobie Lolness (tome 1 : La vie suspendue, tome 2 : les yeux d'Elisha, 2008) de Thimothée de Fombelle. Gallimard jeunesse.

Quatre ados sur un voilier avec un cadavre sur les bras. Cette situation incongrue est exposée dès la première phrase de Plein Gris : « Quand le corps apparaît à la surface, inerte, contre la coque du voilier, personne ne crie. » Et ce mort encombrant, c’est le 5ème ami du groupe. Autant dire le 5ème doigt de la main. Le roman revient sur la genèse de l’amitié fusionnelle qui relie cette bande de potes et sur les événements qui les ont amenés à cette impasse tragique. Une odyssée très bien ficelée. Dès 12 ans.

Plein Gris (2021) de Marion Brunet. Pocket jeunesse. 

L’honneur de Zakarya est un roman noir, sensible, qui explore des sujets adolescents, mais pas que. Zakarya Benothmane, jeune boxeur de 20 ans accusé d’avoir tué son rival, refuse de se défendre. Tout est contre lui. Pourtant, Zakarya affirme qu’il n’y est pour rien. Peu importe l’intrigue, c’est la justesse du ton, la sensibilité du héros, la complexité de cet âge des possibles que l’on retiendra. Les émotions des premières fois. La narration sous forme de puzzle qui nous dévoile par touches successives la fragilité explosive de Zakarya. Sous la plume nuancée d’Isabelle Pandazopoulos qui n’épargne ni les sujets qui fâchent, ni la noirceur de certaines adolescences. Courageux et émouvant. Dès 13 ans.

L’honneur de Zakarya (2022) d’Isabelle Pandazopoulos. Gallimard Scripto.

Terre Promise est un très beau western, noir, mais non dénué d’espérance, nerveux et torturé, traité sous un angle très contemporain, féministe, et rappelant les origines complexes de la diversité américaine. Le Kansas en 1870, au lendemain de la guerre de Sécession. Le récit se nourrit d’une dizaine de destins d’hommes et de femmes qui se retrouvent à New Hope, un bled perdu qui pousse à la sauvage en bordure des rails du chemin de fer tout neuf. Une formidable histoire de vengeance et de rédemption prise dans la grande Histoire, celle de la conquête de l’Ouest. Philippe Arnaud sait trouver le ton et les mots justes pour faire résonner avec force ces voix singulières et bouleversantes. Sans en omettre tout le bruit et la fureur. Une très jolie découverte. Dès 14 ans.

Terre Promise (2022) de Philippe Arnaud. Sarbacane. 

Rien nous appartient. Que la colère et des miettes de rêves. Ceux de Malik, un héros touchant, narrateur qui se livre sans fards avant un désastre annoncé. Il prend la plume alors qu’il a pris la décision de faire sauter une bombe. Il pose ce fait dès la première phrase. « Déjà, avant que les flics ou les médias racontent n’importe quoi, je vous annonce que je suis pas musulman. Alors n’allez pas croire que c’est un attentat terroriste organisé par Daesh ou un attentat islamiste signé Al-Quaïda et compagnie. Aucun rapport. » Un récit puissant où Malik se livre, brut de décoffrage, ultra-sensible. Et violent aussi, ingérable. C’est toute cette complexité qu’il nous laisse entrevoir dans ce récit écrit en urgence, à l’arrache, dans le désordre. Son enfance dans la cité, le départ de sa mère et de ses sœurs, la vie avec son père et ses potes, son amour pour Fatima, la débrouille et les combines, la délinquance. 160 pages d’une écriture serrée, précise, pour tenter de nous expliquer qui il est et ce qui l’a conduit à cette décision radicale. Une littérature pour ados qui décidément ne prend pas de gants pour nous exposer le plus terrible des gâchis. Comme une bombe. Un coup de cœur, dès 14 ans.

Rien nous appartient (2022) de Guillaume Guéraud. Pocket Jeunesse.

Kasso est un polar narquois et gouailleur qui offre un vrai plaisir de lecture. « Depuis Regarde les hommes tomber, le film d'Audiard, tout le monde me demande si je suis Mathieu Kassovitz. Un jour, j'ai décidé de répondre oui. Et ça m'a ouvert beaucoup de possibilités ». Jacky Toudic est le sosie de l'acteur. Il en a même fait son fond de commerce. Il revient à Besançon, sa ville natale, après une longue absence, pour veiller sur sa mère atteinte d’Alzheimer. Là, les affaires reprennent de plus belle. Ce roman court et incisif vous collera un sourire aux lèvres tout au long de ses 230 pages. Un humour décapant qui n’occulte pas une certaine émotion nostalgique convoquée par les fantômes d'une enfance vécue dans les années 80/90. Un polar irrévérencieux plus rapide à lire qu'un visionnage de l'intégrale de Kasso l'acteur. Inattendu. Dès 15 ans.

Kasso de Jacky Schwartzmann (2021). Editions du Seuil. Coll. Cadre Noir.

Vos ados ont-ils déjà goûté à la magie Malaussène ? 6 tomes de fantaisie pure, où Benjamin Malaussène, entouré de sa tribu de doux-dingues, est bouc émissaire au service réclamations d’un grand magasin. Drôle de métier. Une bombe, puis deux, y explosent. Benjamin est le suspect numéro 1. Le premier tome de cette saga est un régal. Un récit rocambolesque, grouillant de personnages excentriques et follement attachants. Dans un style au rythme vif et à la plume tonique. J'en ai gardé de précieux souvenirs et quelques bons fous rires. Je me suis empressée de partager ce bon plan avec mes ados, qui ont validé. Merci Monsieur Pennac. Dès 15 ans.

La saga Malaussène de Daniel Pennac, chez Gallimard. Au Bonheur des ogres (1985), La fée carabine (1987), La Petite Marchande de prose (1990), Monsieur Malaussène (1995), Des Chrétiens et des Maures (1996), Aux fruits de la passion (1999). 

« La chaleur du soleil semblait fendre la terre. Pas un souffle de vent ne faisait frémir les oliviers. Tout était immobile. Le parfum des collines s’était évanoui. La pierre gémissait de chaleur ». L'écriture de Laurent Gaudé m'émeut. Le soleil des Scorta est une saga familiale qui se déploie de la fin du 19ème à nos jours dans la région âpre et aride des Pouilles. Où l'on découvre comment la lignée des Mascalzone, qui portera le nom de Scorta, a dû son destin à un malentendu initial. Pas un polar au sens classique, mais un roman noir, une fresque onirique, qui suggère la dureté d'une région par la voie du destin d'une famille hors du commun. Une pépire. Dès 14 ans.

Le soleil des Scorta (2004) de Laurent Gaudé. Actes Sud. 

Ciné-club en famille 

 

Sur une trame ultra classique de polar à énigme (le fameux whodunit), Marc Fitoussi déploie dans Pauline Détective une intrigue divertissante et rythmée, à la façon hollywoodienne des screwball comedies chères à Capra ou Lubitsch. Rédactrice spécialisée dans le fait divers, larguée par son amoureux, Pauline, la quarantaine alerte, se laisse entraîner par sa sœur (Audrey Lamy en starlette pestouille) dans un palace de la riviera pour des vacances improvisées, censées la divertir. Bientôt persuadée qu’un crime a été commis (déformation professionnelle ?), elle décide d’enquêter, embarquant dans ses investigations un séduisant maître-nageur (qui porte très bien le slip de bain). Fantômette irrésistible, Rouletabille solaire et étourdie, Sandrine Kiberlain illumine cette comédie policière enlevée au charme fifties. Toujours au bord de la maladresse et finalement gracieuse. Avec sa voix, son débit si particulier. Son panache crâneur et glamour masquant mal ses fêlures et ses angoisses de vieille fille. Pas si bête. Pourquoi se priverait-on du plaisir tout simple d’une charmante comédie policière à l’ancienne ?

Pauline Détective (2012). Un film français de Pascal Thomas. 1h41. Avec Sandrine Kiberlain, Audrey Lamy, Claudio Santamaria, Antoine Chappey, Anne Benoît. Dès 8 ans.

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