DANS LE GRAND CERCLE DU MONDE, de Joseph Boyden

Livre
Bien
Très bien
Un Must
Une Histoire de violence et de foi

Le pitch

Canada, XVIIème siècle. Trois personnages s’affrontent dans l’âpre nature nord-américaine : un missionnaire français (inspiré du jésuite Jean de Brébeuf), un guerrier huron et une adolescente iroquoise. Chacun mène sa propre guerre : l’un pour convertir les Indiens au christianisme, les autres, bien qu’ennemis, pour chasser ces Corbeaux venus prêcher sur leur terre. Un conte violent et lyrique qui rend justice aux nations premières persécutées pendant des siècles, par un auteur magnifique, lui-même métisse, qui a vécu son ascendance ojibwa comme un tache avant de renouer avec ses origines. Un chef d’œuvre.

Pourquoi je vous le conseille ?

Pour la puissance du récit dont le souffle romanesque est immense. Pour la richesse et la complexité des personnages. Parce que la narration à trois voix, au-delà du rythme unique qu’elle apporte au roman, procure une très large palette d’émotions. Pour revenir aux sources de l’identité du territoire nord-américain, avant l’arrivée des Européens, lorsque des individus formaient des sociétés tout aussi humaines, sophistiquées et complexes, et qui, sans être parfaites, cohabitaient harmonieusement. Pour revenir, encore et toujours, aux sources du Mal.

UNE PASSIONNANTE FRESQUE HISTORIQUE. Le dépaysement est total. Par la découverte des rites, us et coutumes iroquoises et huron qui  laissent sans voix. Par la détermination aveugle et absolue des missionnaires européens expédiés dans le Nouveau Monde pour sauver l’âme des peuples primitifs, et mener les « sauvages » vers la Lumière du Christ. On laisse ici les clichés au placard pour embrasser trois visions du monde qui s’affrontent sans merci et où Jésuites, Hurons et Iroquois vont chacun évoluer, et dépasser les préjugés.

TROIS VOIX VALENT MIEUX QU’UNE. Pas de morale ni de vérité ultime dans cette fresque magnifique. Trois voix singulières se font face, mues par la foi absolue ou par la force prophétique des rêves. Trois cultures irréconciliables et qui deviennent folles. Personne n’a raison, personne n’a tort, mais des déséquilibres se créent et la violence, intense, naît de cette volonté de puissance car il ne peut rester qu’un vainqueur. C’est absurde mais c’est ainsi que les hommes sont faits.

LYRIQUE ET POÉTIQUE. La force de l’écriture est quasi-visuelle. Le mysticisme est omniprésent. La violence aussi, ne nous voilons pas la face. Certaines scènes de torture peuvent choquer les âmes sensibles (l’oreille découpée de Reservoir Dogs fait limite sourire en comparaison). Vous voilà prévenus.

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