PAULINE DÉTECTIVE, de Marc Fitoussi

Film
Bien
Très bien
Un Must
Fantaisie policière

Le pitch

Journaliste détective larguée par son amoureux, Pauline, la quarantaine alerte, se laisse entraîner par sa sœur (une starlette pestouille) dans un palace de la riviera italienne pour des vacances improvisées censées la divertir. Bientôt persuadée qu’un crime a été commis (déformation professionnelle ?), elle décide d’enquêter, embarquant dans ses investigations un séduisant maître-nageur (qui porte très bien le slip de bain). Fantômette irrésistible, Sandrine Kiberlain illumine cette comédie policière enlevée au charme fifties. Un délice tous publics !

Pourquoi je vous le conseille ?

Parce que sur une trame ultra classique du whodunit*, Marc Fitoussi déploie une intrigue policière divertissante, à la façon hollywoodienne des screwball comedies**. Car le charme ravageur de Sandrine Kiberlain fait mouche dans ce rôle d’apprentie détective intrépide autant qu’insupportable. Car Audrey Lamy nous régale en starlette tête-à-claques. Pour la palette de couleurs vintage, les effluves de crème solaire, le plaisir tout simple d’une charmante comédie policière à l’ancienne. Pas si bête. On aurait tort de s’en priver !

POUR SANDRINE. Rouletabille solaire et étourdie. Gravure de mode ambulante, cœur brisé, rédactrice spécialisée dans le fait divers. Sandrine Kiberlain est plus glamour que jamais dans cette comédie en Technicolor ébouriffante. Avec son ruban bleu dans les cheveux, ses robes trapèzes aux couleurs acidulées, elle évoque aussi bien l’Alice du pays des merveilles, qu’Audrey Hepburn (sa curiosité friponne dans Charade) ou la Deneuve du Sauvage de Rappeneau. Toujours au bord de la maladresse et finalement gracieuse. Avec sa voix, son débit si particulier, les percussions de son phrasé, sa manière d’enfiler les répliques à toute allure qui dote l’intrigue d’une célérité réjouissante. « Je ne vais pas porter une banane autour de la taille. Je vais mal, d’accord, mais pas à ce point-là ! » Voilà le genre de réplique de Pauline qui mène l’enquête en risque-tout, à la fois radieuse, ridicule et touchante. Son panache crâneur et glamour masquant mal ses fêlures et ses angoisses de vieille fille.

UNE COMÉDIE POLICIÈRE MALICIEUSE. Fitoussi restitue plutôt bien l’esprit et le tempo des screwball comedies* * de l’âge d’or hollywoodien. Des comédies sophistiquées qui faisaient florès dans les années 30, combinant un humour burlesque à des dialogues vifs, déployées sur un rythme soutenu. Il y insère en sus un ballet de suspects et de fausses pistes, dans une pureté graphique toute théâtrale. Les investigations de Pauline entre piscine, discothèque et salle de fitness se parent ainsi d’un charme estival désuet, aux couleurs chatoyantes, vives et saturées. En référence aux films et esthétiques du passé, cette comédie décomplexée, entre parodie et réinvention, atteint des sommets de stylisation au service d’une comédie pop parfaitement délicieuse.

LE CHARME DÉSUET DES FIFTIES. Pauline Détective est bardé de références et clins d’oeil. De Fantômette à Miss Marple. De Rouletabille à Pascal Thomas en passant par Scooby-Doo et OSS 117. Ou encore des comédies policières de Blake Edwards ou Stanley Donen et du giallo, sorte de version italienne du film noir teintée d’érotisme, qui connut son âge d’or dans les années 1970, sous la férule de Dario Argento… Marc Fitoussi ne lésine pas sur le vintage, avec une science du détail réjouissante, jusqu’à la coupe du slip de bain du maître-nageur énamouré. Bref, ce n’est pas un film sérieux, mais c’est un film sophistiqué. Un vrai film d’auteur.

*Contraction de « Who [has] done it? », expression faisant référence au roman d’énigme.
** Référence à la comédie loufoque, sous-genre de la comédie hollywoodienne des années 30 qui combine l’humour burlesque et des dialogues vifs, autour d’une intrigue centrée sur des questions de mœurs, notamment les thèmes de la rupture, du divorce, du remariage ou de l’adultère. Parmi ses réalisateurs phares : Capra, Lubitsch, Hawks, Mc Carey…
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