Y'a pas de mal à se faire du bien

Le 7 janvier 2022

Matière à réflexion pour ce début d'année. D'après un dicton archi-connu qu'on aurait tendance à oublier : le rire est le propre de l'homme. Il serait le seul être capable de cette prise de distance salutaire qui permet de se moquer d'une situation et de soi-même. Indispensable qualité à revendiquer haut et fort, aujourd'hui plus que jamais. Alors banco, votons pour un mois de janvier 2022 sous le signe de l'humour (vache) à La Maison du polar, avec un tour du monde du rire qui démarre ce vendredi par une news #10 dédiée au polar Made in France. De quoi mettre le cœur en joie et les zygomatiques au travail. On en a bien besoin.

La liste est fort longue et le choix difficile, comme toujours. J'ai volontairement écarté les Rabbi Jacob et autre Chèvre, classiques des classiques d'un registre vraiment comique, pour me pencher sur des oeuvres poil à gratter, irrévérencieuses. Un humour noir et foutraque de bon aloi qui j'espère vous filera la pêche. Bonne année !

Laetitia

Bienvenue en Absurdie

Deux polars me viennent tout de suite à l'esprit quand il s'agit d'allier l'humour noir au burlesque. 

En Liberté, le petit bijou poétique et loufoque signé Pierre Salvadori. À la mort de son mari (un policier corrompu qu'elle croyait exemplaire), une jeune femme flic (tout feu tout flamme) devient l’ange gardien d’un bel innocent (ingérable) tout juste sorti de prison, piégé par le défunt susnommé. Cette folie douce et facétieuse va vous rendre heureux. Une raison parmi d’autres : la scène de braquage rocambolesque qui m’a valu le plus beau fou rire de 2018. Mais aussi des acteurs tout simplement excellents. Noir, grinçant, touchant. Dès 12 ans.

En Liberté (France, 2018). Film réalisé par Pierre Salvadori. 1h48. Avec Adèle Haenel, Pio Marmaï, Audrey Tautou, Damien Bonnard et Vincent Elbaz.

Le Poulpe de Guillaume Nicloux. D'après le personnage mythique nonchalant et narquois né de l’imagination de Jean-Bernard Pouy, qui est aussi est co-scénariste de ce film drôle et de mauvais goût. À Angernaud, ville balnéaire sordide et imaginaire de l’Ouest de la France, Gabriel Letourneur (le fameux Poulpe) détective privé aux idées libertaires, enquête sur la tombe profanée des grands-parents de sa copine Chéryl (tout un programme). Peu importe l’histoire improbable. On craque pour les jeux de mots, les contrepèteries, les dialogues qui tuent et le festival de réplique cultes. Pour Clotilde Courau, délurée et sexy (c’était avant de virer Princesse) et Jean-Pierre Darroussin, exactement parfait.

Le Poulpe (France, 1998). Film réalisé par Guillaume Nicloux. 1h40. Avec Jean-Pierre Darroussin, Clotilde Courau, Julie Delarme, Aristide Demonico.

L'arroseur arrosé 

La Cage aux cons est une BD ubuesque dotée d’un scénario surprenant (euphémisme), très bien adapté de Franz Bartelt (Le Jardin du Bossu, 2006), un auteur prolifique tout à fait savoureux (que je vous recommande chaudement). Pour résumer l'histoire sans la dévoiler : on est toujours le con de quelqu’un. Notre narrateur/looser l’apprendra à ses dépens. Totalement déjanté, ce vaudeville oscille entre la farce et la satire sociale, avec une belle tranche d'ironie et d’humour noir, façon Audiard mâtinée de San Antonio. Illustré avec talent par le dessin charbonneux de Robin Recht. Mon tout est poisseux à souhait.

La Cage aux Cons (France, 2020). Une bande-dessinée de Robin Recht et Matthieu Angotti, d’après Franz Bartelt. Editions Delcourt.

Vachement drôle

Kasso est un polar narquois et gouailleur qui offre un vrai plaisir de lecture. « Depuis Regarde les hommes tomber, le film d'Audiard, tout le monde me demande si je suis Mathieu Kassovitz. Un jour, j'ai décidé de répondre oui. Et ça m'a ouvert beaucoup de possibilités ». Jacky Toudic est le sosie de l'acteur. Il en a même fait son fond de commerce. Il revient à Besançon, sa ville natale, après une longue absence, pour veiller sur sa mère atteinte d’Alzheimer. Là, les affaires reprennent de plus belle. Ce roman court et incisif vous collera un sourire aux lèvres tout au long de ses 230 pages. Un humour décapant qui n’occulte pas une certaine émotion nostalgique convoquée par les fantômes d'une enfance vécue dans les années 80/90. Un polar irrévérencieux plus rapide à lire qu'un visionnage de l'intégrale de Kasso l'acteur. Inattendu. Dès 15 ans.

Kasso de Jacky Schwartzmann (2021). Editions du Seuil. Coll. Cadre Noir.

Ciné-club en famille :
Drôle de polar

Démarrons ce nouveau cycle "humour et polar" par Vivement Dimanche !, le dernier film (facétieux) de François Truffaut. Quelque-part dans le Sud, quelque-part dans le temps. Fanny Ardant (tout à la fois Bogart et Bacall) s'agite (en imperméable) pour tenter de résoudre le mystère des meurtres qui viennent troubler une petite ville et pour lesquels son patron est suspecté. Laissez-vous séduire par cette fantaisie drapée dans les codes du film noir.  Un thriller amoureux, ludique et élégant, taillé sur mesure pour sa femme, Fanny Ardant. Un film rieur mais loin d’être mineur, à découvrir en famille dès 10 ans.  

Vivement Dimanche ! (France, 1983). Film réalisé par François Truffaut. 1h55. Avec Fanny Ardant, Jean-Louis Trintignant, Jean-Pierre Kalfon, Philippe Laudenbach, Caroline Sihol.

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