BLACK COAL, de Diao Yinan

Film
Bien
Très bien
Un Must
Un crime peut en cacher un autre

Le pitch

Harbin, ville industrielle paumée au nord-est de la Chine, en 1999. Un employé d’une carrière minière est assassiné et son corps dispersé aux quatre coins de la Mandchourie. L’inspecteur Zhang mène l’enquête. Le meilleur du cinéma d’auteur en provenance de Chine continentale.

Pourquoi je vous le conseille ?

Parce que c’est un polar d’une rare intensité. Parce que c’est aussi et surtout un témoignage accablant sur la violence et les dérives de la Chine moderne. Pour la mise en scène brillante. Pour Liao Fan, interprète de l’inspecteur Zhan, poignant (et récipiendaire de l’Ours d’argent au Festival de Berlin). Parce que c’est du cinéma comme on l’aime : virtuose, romanesque et critique.

FILM NOIR SUBVERSIF.  Black Coal est un polar politique. Ça commence comme un film noir américain, avec intrigue criminelle opaque et atmosphère sordide. Pour devenir une chronique sociale, politique et morale d’une Chine dure, violente, sans repères et qui laisse bien peu de place aux sentiments.  Black Coal détourne les codes du genre pour nous dresser un état des lieux accablant d’une Chine rurale sinistrée, où l’écart abyssal riches-pauvres engendre le chaos. Où des morceaux de cadavres dispersés façon puzzle sont la matérialisation d’un pays en miettes, fragmenté.

CHORÉGRAPHIE ET ESTHÉTISME. Il y a d’abord le choix des couleurs qui nimbent le film d’une esthétique singulière et dépressive. Glacée et violemment contrastée. Un film noir comme la suie et la nuit, blanc et froid comme la glace (du titre en anglais intégral : Black Coal, Thin Ice), vert comme la lumière des néons.  Puis vient le rythme, déroutant, typique du cinéma asiatique. Un rythme qui alterne contraction et étirement du temps. Contraction extrême de la violence, dans un surgissement brutal, alternant avec des plans longs et elliptiques qui laissent la place à des scènes contemplatives. Un tempo prenant et surprenant.

L’INSPECTEUR ZHAN. Il est de chaque plan. Une carrure massive, sanglée dans une lourde veste en cuir. Mutique, le visage fermé, il poursuit, impavide, sa traque obsessionnelle.  Il forme un couple de fiction d’une rare intensité avec la jeune femme, objet de sa quête (Gwei Lun-mei). Deux êtres opaques et sensuels, si romanesques et pourtant totalement ancrés dans un quotidien sordide qui les absorbe.

Le détail en plus : Pourquoi l’action est-elle située 1999 ? Cette année-là, la Chine introduit l’ADN dans les enquêtes. Black Coal démarre précisément juste avant l’utilisation de cette méthode d’investigation.

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La fiche

Titre français :

Titre original :

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Durée :

Couleur / noir et blanc :

Autres :

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Uniforme (2003) et Train de Nuit (2007), deux autres polars très réussis de Diao Yinan.