UNE PLUIE SANS FIN, de Dong Yue

Film
Bien
Très bien
Un Must
Polar météorologique

Le pitch

1997 en Chine, à quelques mois de la rétrocession de Hong Kong. Un aspirant détective, vigile d’une usine décrépie, fait sienne l’enquête sur le meurtre d’une jeune femme. Jusqu’à l’obsession. Un polar intense mené dans une Chine en mutation. Un récit drapé dans les codes du film noir.

Pourquoi je vous le conseille ?

Parce qu’à partir d’un fait divers, le cinéaste révèle une transition sociale et économique majeure de la Chine contemporaine.  Parce que c’est un film à la frontière du réel et du fantastique, qui parle pourtant de réalité sociale. Car c’est une (en)quête désespérée dont le cinéma chinois contemporain sait si bien se saisir.  Pour l’ampleur et la précision de la mise en scène.

SCHIZOPHRÉNIE. Une pluie sans fin parle d’une Chine qui n’existe plus. Celle des ouvriers, « camarades » qui pensaient posséder leur outil de travail et être employés à vie dans leurs usines d’Etat. Or la rétrocession de Hong Kong renvoie au passage forcé du communisme de Mao à l’économie de marché. Une transition sociale et économique brutale où tout bascule pour ces ouvriers abandonnés par la société et par l’époque. Des ouvriers désormais angoissés, sans perspective.

PERTE DE SENS. L’industrialisation à marche forcée de la Chine Maoïste a visiblement vu le remplacement d’une violence politique et économique par une autre, comparable. Elle laisse les individus désespérés car ils ont pris conscience qu’ils n’arriveront sans doute jamais à dépasser leur condition. Une vie qui piétine et qui a perdu son sens. Alors que faire ? La quête obsessionnelle de notre détective amateur est une réponse parmi d’autres. Pas forcément la meilleure…

UNE MISE EN SCÈNE AMPLE ET PRÉCISE. Ce premier long-métrage de Dong Yue (ancien chef op) bénéficie d’une mise en scène superbe et oppressante, riche de plans larges et lents. Où les ouvriers filmés en contre-plongée deviennent foule anonyme et interchangeable. Où l’influence de Hitchcock ou Fincher se ressent au détour d’une folle course-poursuite ou d’une atmosphère particulièrement poisseuse. La pluie diluvienne, persistante, installe dès le début du récit une ambiance sinistre baignée de lumière grise et terne. Un paysage comme réduit, bas de plafond et dénué d’horizon. Une ambiance de fin du monde pour la fin d’un monde.

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La fiche

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