ZODIAC, de David Fincher

Film
Bien
Très bien
Un Must
Obsession journalistique

Le pitch

Dans ce thriller inspiré de fait réels, un caricaturiste et un journaliste du San Francisco Chronicle, des policiers, consacrent leur vie à tenter de recueillir des indices pouvant mener à l’inculpation d’un tueur en série ayant sévi dans la région pendant 10 ans, à partir des années 60. Un film sobre et rigoureux dénué d’effets spectaculaires qui a pu en étonner plus d’un s’agissant d’une œuvre signée Fincher.

Pourquoi je vous le conseille ?

Car c’est un film de traque d’un tueur en série singulier, au caractère étrangement méditatif, comme une anomalie dans la filmographie volontiers démonstrative et baroque de l’américain David Fincher.  Pour prendre connaissance des dessous de l’affaire du vrai Zodiac, le Jack L’Eventreur version américaine. Car après Se7en (1995), Fincher nous offre une œuvre patiente, méticuleuse et lucide. D’une maturité qui impressionne autant par la maîtrise de la forme que par la complexité du propos. Parce qu’au lieu de nous faire pénétrer dans l’esprit malade d’un meurtrier, le récit s’attache à décrire l’obsession d’individus qui auront consacré une bonne partie de leur vie à tenter de ramasser les preuves pour le faire arrêter.  Fascinant.

L’AFFAIRE D’UNE VIE. Zodiac n’est pas tant l’histoire du monstre lui-même – le tueur ayant sévi en Californie du Nord pendant une décennie, à partir de 1969 – que l’histoire de son existence dans l’imagination de ceux qui le craignent et le pourchassent. Les journalistes du San Francisco Chronicle doivent jongler avec des impératifs contraires : servir la communauté et la protéger du tueur tout en profitant de l’aubaine que constituent les messages que le tueur envoie à la rédaction du journal. Peu à peu, Graysmith, le jeune et timide illustrateur joué par Jake Gyllenhaal (qui, dans la réalité, a fini par écrire un livre sur l’affaire qui sert de base au scénario de James Vanderbilt) se laisse engloutir dans sa quête. Dans le même temps, la police fait son travail. Avec les moyens (limités) de l’époque. Avec une informatique balbutiante. Une coopération difficile entre les différents comtés concernés par l’affaire. L’inspecteur Dave Toschi (Mark Ruffalo), qui, à l’époque, servit de modèle à Steve McQueen dans Bullitt, à Clint Eastwood dans Dirty Harry et à Michael Douglas dans Les Rues de San Francisco, en conçoit une frustration certaine, jusqu’à ce que le manque de résultats finisse par briser son élan. Le tumulte intime et social provoqué par cette affaire judiciaire est au cœur de ce film rigoureux.

UNE APPROCHE RÉALISTE VOIRE NATURALISTE. Loin des architectures narratives complexes auxquelles Fincher nous a habitués (comme Seven (1995), par ailleurs très intéressant pour d’autres raisons), Zodiac colle aux faits, aux dates, aux témoignages. À la manière d’un rapport de police que l’on compulserait page après page. On suit ainsi pas à pas, par bribes, avec une certaine sécheresse, la longue et tortueuse enquête. On essaie de déchiffrer les indices épars volontairement laissés par le tueur. Conjectures, interrogatoires, perquisitions. Pas une séquence sans repères, lieu, date et heure. La dramatisation naît de cette accumulation, de ce récit éclaté. Aucune scène tape-à-l’œil mais une mise en scène fluide et un scénario structuré suffisent à rendre cette traque inaboutie totalement passionnante.

LE REFLET D’UNE ÉPOQUE. Reconstitution minutieuse, bande-son immersive, photographie aux teintes délicieusement passées : Fincher nous fait voyager dans l’Amérique des années 70, celle pas si progressiste de la Californie confrontée à la débauche hippie de San Francisco. L’Amérique de l’avant crise du Watergate. Clin d’œil bien aux Hommes du Président (All the Presiden’s’ men, Allan J. Pakula, 1976), faisant écho à de grandes enquêtes journalistiques. Zodiac est d’ailleurs un peu au journalisme judiciaire ce que les Hommes du Président a été au journalisme politique. Même souci du détail, même fébrilité au fil de l’enquête, mêmes jeux de coulisses.

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La fiche

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Couleur / noir et blanc :

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Filmo sélective de ce réalisateur de talent.

Mindhunter (2 saisons – 19 épisodes 52 min). Une top série télévisée américaine créée par Joe Penhall, produite par David Fincher et Charlize Theron. Comment anticiper la folie quand on ignore comment fonctionnent les fous ? Deux agents du FBI 0 la fin des années 1970, imaginent une enquête aux méthodes révolutionnaires et se lancent dans une véritable odyssée pour obtenir des réponses. Avec Jonathan Groff (II), Holt McCallany, Anna Torv.

Gone girl (2014). D’après Gillian Flynn (également au scénario. Avec Ben Affleck, Rosamund Pike, Neil Patrick Harris. À l’occasion de son cinquième anniversaire de mariage, Nick Dunne signale la disparition de sa femme, Amy. Sous la pression de la police et l’affolement des médias, l’image du couple modèle commence à s’effriter. Très vite, les mensonges de Nick et son étrange comportement amènent tout le monde à se poser la même question : a-t-il tué sa femme ?

Milleniem, les hommes qui n’aimaient pas les femmes (The Girl With The Dragon Tattoo 2012). D’après Stieg Larsson. Avec Rooney Mara, Daniel Craig, Christopher Plummer. Interdit aux moins de 12 ans. Mikael Blomkvist, brillant journaliste d’investigation, est engagé par un des plus puissants industriels de Suède, Henrik Vanger, pour enquêter sur la disparition de sa nièce, Harriet, survenue des années auparavant. Vanger est convaincu qu’elle a été assassinée par un membre de sa propre famille. Lisbeth Salander, jeune femme rebelle mais enquêtrice exceptionnelle, est chargée de se renseigner sur Blomkvist, ce qui va finalement la conduire à travailler avec lui.

The social network (2010). Scénario Aaron Sorkin, Ben Mezrich. Avec Jesse Eisenberg, Justin Timberlake, Andrew Garfield. L’histoire de Mark Zuckerberg. Ma naissance de Facebook. Passionnant.

Fightclub (1999). D’après Chuck Palahniuk. Avec Brad Pitt, Edward Norton, Helena Bonham Carter. Interdit aux moins de 16 ans. Le narrateur, sans identité précise, vit seul, travaille seul, dort seul, mange seul ses plateaux-repas pour une personne comme beaucoup d’autres personnes seules qui connaissent la misère humaine, morale et sexuelle. C’est pourquoi il va devenir membre du Fight club, un lieu clandestin ou il va pouvoir retrouver sa virilité, l’échange et la communication. Ce club est dirigé par Tyler Durden, une sorte d’anarchiste entre gourou et philosophe qui prêche l’amour de son prochain.

Seven (1996). Avec Brad Pitt, Morgan Freeman, Gwyneth Paltrow. John Doe a décidé de nettoyer la societé des maux qui la rongent en commettant sept meurtres bases sur les sept pechés capitaux. Âmes sensibles… Un incontournable du genre serial killer atroce.

Alien 3 (1993). Avec Sigourney Weaver, Charles Dance, Charles S. Dutton. Interdit aux moins de 12 ans. Seule survivante d’un carnage sur une planète lointaine, Ripley s’échoue sur Fiorina 161, planète oubliée de l’univers, balayée par des vents puissants. Une communauté d’une vingtaine d’hommes y vit. Violeurs, assassins, infanticides, ce sont les plus dangereux détenus de droits communs de l’univers. L’arrivée de Ripley va les confronter à un danger qui sera plus fort qu’eux.

À découvrir ailleurs, dans la même ambiance

Prisoners (2013). Film de Denis Villeneuve. Avec Hugh Jackman, Jake Gyllenhaal, Viola Davis. Interdit aux moins de 12 ans. Dans la banlieue de Boston, deux fillettes de 6 ans, Anna et Joy, ont disparu. Le détective Loki privilégie la thèse du kidnapping. Aveuglé par sa douleur, le père dévasté se lance alors dans une course contre la montre pour retrouver les enfants disparus.

Gone Baby Gone (2007). Le premier filme de l’acteur américain Ben Affleck. D‘après Dennis Lehane. Avec Casey Affleck, Michelle Monaghan, Morgan Freeman. Interdit aux moins de 12 ans. Dans une banlieue ouvrière de Boston, la petite Amanda a disparu. Après l’échec des recherches menées par la police, la tante et l’oncle de l’enfant décident de faire appel à des détectives privés du coin, Patrick Kenzie et Angie Gennaro. Plus ils enquêtent, plus ils découvrent l’envers de la ville dans ce qu’il a de plus sombre. Face à la pression médiatique, Remy Bressant, un enquêteur qui ne lâche jamais, et le capitaine de police Jack Doyle vont aussi s’attaquer à l’enquête. La vérité finira par surgir, mais elle aura un prix. Excellente adaptation d’une roman qui l’est tout autant.

Mystic River (2003). Film de De Clint Eastwood. D’après Dennis Lehane. Avec Tim Robbins, Kevin Bacon, Laurence Fishburne. Interdit aux moins de 12 ans. Jimmy Markum, Dave Boyle et Sean Devine ont grandi ensemble dans les rues de Boston. Rien ne semblait devoir altérer le cours de leur amitié jusqu’au jour où Dave se fit enlever par un inconnu sous les yeux de ses amis. Leur complicité juvénile ne résista pas à un tel événement. Des années plus tard, une nouvelle tragédie rapproche soudain les trois hommes. Remarquable.

Insomnia (2002). Film de Christopher Nolan. Avec Al Pacino, Robin Williams, Hilary Swank. Will Dormer, un policier expérimenté et désabusé, est envoyé en Alaska pour enquêter sur le meurtre sordide d’une adolescente. Un film d’ambiance où l’absence de sommeil empêche d’avoir les idées claires.

Le silence des agneaux (The silence of the lambs, 1991). Film américain de Jonathan Demme. D’après Thomas Harris. Avec Anthony Hopkins, Jodie Foster, Scott Glenn. Interdit aux moins de 16 ans. Un psychopathe sème la terreur dans le Middle West en kidnappant et en assassinant de jeunes femmes. Clarice Starling, une jeune agente du FBI, est chargée d’interroger l’ex-psychiatre Hannibal Lecter. Psychopathe redoutablement intelligent, porté sur le cannibalisme, et suscpetible de lui fournir des informations concernant le tueur. Mais il n’accepte de l’aider qu’en échange d’informations sur la vie privée de la jeune femme. Entre eux s’établit un lien de fascination et de répulsion. Le film de serial killer.