Invitation au voyage

Le 26 novembre 2021

C’est un sms de mon frère qui m’a mis la puce à l’oreille. « Canicule, polar australien sur C+, pas mal dans son genre ». Il y a bien longtemps que je ne m’étais penchée sur cet univers pourtant si singulier et déroutant du polar nourri au soleil du bush. Spontanément, vous penseriez à quoi, à qui ? Guy Pierce, Cate Blanchett, Geoffrey Rush, Eric Bana ?  À Lantana (2001), le film noir atmosphérique de Ray Lawrence ? Aux enquêtes de Cliff Hardy, la version australienne du détective à la Sam Spade imaginée par Peter Corris dans les années 80 ? À Jane Harper, l’autrice de Canicule justement (Force of Nature, 2016). Top of the Lake (2013, 2017), la série de Jane Campion et Gérard Lee ? La question mérite réflexion…

Le polar des antipodes nourrit certains thèmes de prédilection – question aborigène, ségrégation, misère, violence, isolement – pour décrire avec crudité une réalité sociale âpre, voire cruelle. Où l’influence du climat et des paysages est immense, renforcée encore par les désordres écologiques croissants. Des polars intenses, taiseux, mais qui questionnent, dérangent et réservent des émotions fortes.

La micro-sélection de cette news #4 vous inspirera, suffisamment j’espère, pour vous donner envie d'en découvrir davantage sur la littérature noire dépaysante de cette île-continent. J'attends vos coups de cœurs @lamaisondupolar. Et comme d'hab, n'hésitez pas à passer le mot !

Laetitia

Jungle urbaine

À Melbourne, dans les années 80, la police veut faire tomber les Cody, une famille de braqueurs, soudés comme les 5 doigts de la main. L'arrivée d'un corps étranger dans la fratrie (un neveu éloigné) va faire vaciller tout l'équilibre du clan. Ce polar paranoïaque à l’atmosphère singulière pose la question du choix, de l’engrenage de la violence sous couvert de cohésion familiale, de la place que l’on veut occuper, au sein d'une société ou à l’état sauvage. Un premier film remarquable de David Michôd, empreint d’une troublante étrangeté, à découvrir absolument.

Animal Kingdom (Australie, 2011). Film réalisé par David Michôd. 1h52. Avec Guy Pearce, James Frecheville, Jacki Weaver, Ben Meldelsohn, Joel Edgerton, Luke Ford.

Façon western 

Dans la première saison de Mystery Road, nous faisons la connaissance de Jay Swan, un inspecteur aborigène, justicier solitaire, tout juste débarqué en renfort dans l’outback australien pour enquêter sur la disparition de deux ados. Il doit faire équipe avec la chef de police locale, Emma, fantastique et piquante Judy Davis. Et avec le mutisme des autochtones, peu enclins à aider la police. Une intrigue policière bien menée qui lève un voile pudique sur des incompréhensions communautaires indissociables de l’histoire australienne violente et pas encore soldée.

Mystery Road (Australie, 2018). Série (2 saisons - 6 x 52 min) réalisée par Rachel Perkins, spin-off du film éponyme réalisé par Ivan Sen en 2013. Avec Judy Davis et Aaron Pedersen.

Cul-de-sac

Le premier roman déroutant, court et efficace, de Douglas Kennedy. Une expérience très extrême de l’hospitalité australienne narrée par un journaliste américain sur le retour, égaré dans une cité perdue au bord du septentrion. Autant dire le bout du bout du monde. Drôle et flippant. Une curiosité à découvrir dès 15 ans.

Piège Nuptial (The Dead Heart, 1994), de Douglas Kennedy. Traduit de l'anglais (américain) par Bernard Cohen. Editions Gallimard.

Ciné-club en famille :
Aux beaux jours de la Prohibition

Poursuivons notre cinéclub sous le règne de la Prohibition dans le Chicago des années 30 avec L’arnaque. Deux petits truands volent le convoyeur de fond d’un dangereux gangster. La boulette… Un classique du film d’embrouilles. Où l’on prend un immense plaisir à se faire rouler dans la farine par un tandem d’acteurs aussi beaux que réjouissants. Un plaisir gourmand, dès 10 ans.

L’arnaque (The sting, Etats-Unis, 1973). Film réalisé par George Roy Hill. 2h09. Avec Robert Redford, Paul Newman, Robert Shaw.