ANIMAL KINGDOM, de David Michôd

Film
Bien
Très bien
Un Must
Jungle urbaine

Le pitch

À Melbourne, dans les années 80, la police anti-gang (plus ou moins corrompue) veut faire tomber les Cody, une famille de criminels sans foi ni loi. Un polar paranoïaque à l’atmosphère singulière. Un premier film remarquable de David Michôd, empreint d’une troublante étrangeté, qui en a peaufiné le scénario pendant 10 ans.

Pourquoi je vous le conseille ?

Pour humer l’atmosphère des rues sans âme de Melbourne, où les petites maisons bien alignées côtoient des bas-fonds ultra violents. Car dans ce thriller tendu, la violence y est omniprésente mais jamais magnifiée. Parce qu’on s’y interroge sur la vie des criminels dans leur banal quotidien et leurs rêves d’avenir. Car se pose ici la question du choix, de l’engrenage de la violence sous couvert de cohésion familiale, de la place que l’on veut occuper dans la société ou à l’état sauvage.

UNE QUESTION DE CHOIX. La scène d’ouverture nous cueille à froid. Sous une lumière blafarde, deux individus hagards sont prostrés devant un écran. Le jeune narrateur, « J. », neveu bientôt recueilli par sa famille de truands, semble anesthésié à la vie. Sa voix neutre et son visage impavide créent un contraste saisissant avec la violence de son nouvel environnement et qu’il accepte finalement de manière quasi naturelle. Car ce milieu familial est désormais le sien. Il y découvre toute la banalité de la vie criminelle, où des scènes choquantes surgissent entre deux tâches domestiques des plus anodines. Où la peur de l’avenir se fait pressente. Pour cet ado paumé commence une valse-hésitation entre deux mondes aux valeurs opposées. Soit une vie tranquille (mais terne), soit intégrée à un clan soudé (fascinante mais dangereuse). Un flic un peu moins pourri que les autres (Guy Pierce en moustachu en chemisette) tente parfois de le ramener dans le camp des humains, mais il est dur de s’échapper de cette jungle urbaine, royaume des animaux.

L’ENFER, C’EST LA FAMILLE. Les Cody forment une famille de braqueurs que l’on pense soudée mais qui s’avère surtout dysfonctionnelle et parano. Retranchée dans leur maison transformée en bunker, elle se compose de grands gamins incontrôlables, plus ou moins psychopathes et shootés, menés à la baguette par une matriarche à tendance incestueuse, véritable Reine du Crime de Melbourne. Une famille qui agit comme un poison, où chacun doit prouver sa loyauté absolue aux valeurs du clan sous peine de mort, dans un climat saisissant d’aliénation.

UNE TRAGÉDIE ANTIQUE. Le héros tragique n’est ni complètement bon, ni complètement méchant. Aveugle à ce qui l’entoure, souvent coupable de démesure, il subit son destin, inéluctablement. À la manière de Francis Coppola, Martin Scorsese ou James Gray, David Michôd s’inscrit dans cette veine tragique où la tribu se défait sous la pression conjuguée de policiers sans scrupules et de l’apparition d’un petit neveu, élément exogène au clan, donc dangereux par essence car incapable de la même loyauté aveugle que les autres membres de la tribu.

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La fiche

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La série Animal Kingdom (2016) est un remake écrit par John Wells, scénariste d’Urgences et Shameless, pour une version américaine plus plate que le film original, malgré le beau casting. Notamment Ellen Barkin et Fine Cole (Peaky Blinders).

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Les films noirs de James Gray :

  • Little Odessa (1994). Un tueur à gages doit revenir dans le quartier de son enfance pour exécuter un contrat. Interdit aux -12ans. Avec Tim Roth, Edward Furlong, Moira Kelly.
  • The Yards (2000). Une histoire de loyauté et de criminalité au sein d’une famille. Avec Mark Wahlberg, Joaquin Phoenix, Charlize Theron.
  • La nuit nous appartient (We own the night, 2007). Encore un magnifique drame sur les liens familiaux qui mènent aux bains de sang. Avec Mark Wahlberg, Joaquin Phoenix, Robert Duvall.

Les Affranchis (Goodfellas, 1990). Film culte de Martin Scorsese. Le mètre étalon de la tragédie à l’antique version mafieuse. Avec Ray Liotta, Robert De Niro, Joe Pesci. Intedit aux -16 ans.

Bien sûr, la saga du Parrain (The Godfather) par Coppola. Incontournable