PIERRE QUI ROULE, de Donald E. Westlake

Livre
Bien
Très bien
Un Must
Remède à la mélancolie

Le pitch

Première (més)aventure de John Dortmunder, le braqueur le plus malchanceux de l’histoire qui se retrouve immanquablement dans des situations grotesques. Voire dangereuses. Dortmunder est ici embringué avec ses potes, pas plus vernis, dans le braquage d’une émeraude, propriété d’un pays africain né de l’imagination de l’auteur. Je vous laisse découvrir la suite. À vous dégoûter d’être malhonnête. Incontournable, pour qui apprécie (comme moi) les polars de facture classique piqués d’humour, d’absurde et de fantaisie.

Pourquoi je vous le conseille ?

Car c’est un joyau de drôlerie et de vitalité, publié en 1970 par un auteur prolifique, Donal E. Westlake, dont le succès ne s’est jamais démenti. Car c’est un roman qui déride et file la pêche. Parce que le monde fantaisiste et délicieusement désabusé de Westlake est irrésistible.

DORTMUNDER ET SA CLIQUE. Notre héros est un roi de l’organisation de braquages. Un des meilleurs dans sa partie. Mais il n’est clairement pas aussi fortiche en recrutement. Il s’entoure systématiquement de bras cassés catastrophiques. Très pros, certes, mais vraiment gaffeurs et malchanceux. Avec eux, il est sûr que toute mission tournera en débâcle. Le charme de la série Dortmunder tient dans cette alchimie rieuse et foutraque entre personnages lunaires et attachants qui traversent toutes les épreuves avec un fatalisme réjouissant. L’opposition entre Dortmunder le pessimiste (et pour cause) et ses acolytes experts mais pas vraiment fûtés est une source inépuisable de dialogues absurdement drôles et réjouissants. Je ne m’en lasse pas.

UN MONDE MERVEILLEUX. Westlake a l’art d’inventer. Des pays imaginaires (en l’espèce nous découvrons deux nouveaux pays, le Talabwo et l’Akinzi). Des Histoires fantastiques (une émeraude sacrée que se disputent les deux pays supposément africains). Des projets simples en apparence (« C’est ça le plan, on va voler l’émeraude ») qui s’avèrent toujours plus compliqués que prévu (ladite émeraude a la fâcheuse tendance de ne jamais se trouver là où on la cherche).  Le tout exposé sur un ton teinté d’absurde et de détachement désabusé, avec des digressions désopilantes qui vous collent le sourire aux lèvres en continu. Tout un monde de fantaisie qui « déborde de vitalité, d’invention et de drôlerie », dixit le pitch de l’éditeur. C’est exactement ce que l’on ressent à la lecture de Westlake quand il s’agit de Dortmunder, alter ego positif de Parker, un autre personnage récurrent des romans de Westlake lorsqu’il écrit sous le pseudo de Richard Starck, qui lui est une vraie brute épaisse.  D’ailleurs j’y pense. Pierre qui roule a d’abord été conçu par l’auteur comme un roman de la série Parker pour finalement devenir la première aventure de John Dortmunder.

AU PAYS DE ROCAMBOLE. Dans un style jovial et enlevé, Westlake nous offre une action soutenue où les rebondissements sont légion. Les situations se télescopent, s’annulent, et finissent par sombrer, le plus souvent. Et c’est au bar que notre fine équipe finit toujours par se retrouver pour faire le point après chaque coup foireux, essayant de comprendre ce qui a (encore) mal tourné. C’est frais et rythmé sans en faire trop. Un régal.

Partager :
FacebookTwitterEmail

La fiche

Auteur(s) :

Titre français :

Titre original :

Date de publication originale :

Date de publication en France :

Éditeur :

Traduction :

Autres :

Si vous avez aimé, découvrez du même auteur

La série de romans signés Westlake / Richard Stark (1933-2008) est top. Et il y en a beaucoup ! Biblio très sélective.

Dans la série John Dortmunder, Sous la signature Donald Westlake :

  • Dégâts des eaux (Drowned Hopes, 1990). Traduit de l’anglais par Jean Esch (2003). Rivages / Noir.
  • Histoire d’os (Don’t ask, 1993). Ttraduit de l’anglais par Jean Esch (1996). Rivages / Noir.
  • Au pire, qu’est-ce qu’on risque ? (What’s The Worst That Could Happen? 1996) traduit de l’anglais par Marie-Caroline Aubert (2001). Rivages / Noir.
  • Et vous trouvez ça drôle ? (What’s so Funny?, 2012),Traduit de l’anglais par Pierre Bondil.

 Adaptation ciné de Pierre qui Roule en 1972. Les Quatre Malfrats, réalisé par l’Américain Peter Yates. Avec Robert Redford, George Segal, Moses Gunn et Zero Mostel.

Dans la série Parker, signée Richard Stark :

  • Comme une fleur (The Hunter, 1963). Gallimard.
  • Le Septième (The seventh, 1966). Rivages / Noir.
  • La Demoiselle (The Damsel, 1967). Rivages / Noir.
  • Planque à Luna-Park (Slayground, 1972). Gallimard. Adapté au cinéma en 1983 sous le titre
  • Signé Parker (Butcher’s Moon, 1975). Gallimard.
  • Comeback (Comeback, 1997).
  • Nobody Runs Forever (À bout de course !, 2004).

Autres romans

  • Le Pigeon d’argile (The Fugitive Pigeon, 1965). Gallimard, 1997.
  • Adios Schéhérezade (Adios Scheherezade, 1970). Denoël, 1972. Traduction revue et corrigée, Laurette Brunius et Marcel Duhamel. Rivages/Noir 2007.
  • Drôles de frères (Brothers Keepers, 1975). Traduction Isabelle Reinharez. Rivages / Noirs.
  • Un jumeau singulier (Two Much, 1975). Traduction Claude Benoît. Rivages / Noirs.
  • Aztèques dansants (Dancing Aztecs, 1976). Traduction Jean Esch. Rivages / Noirs.
  • Ordo (1986). Traduction de Jean-Patrick Manchette. Rivages / Noirs.
  • Kahawa (1981), Traduction de Jean-Patrick Manchette. Rivages / Noirs.
  • Le Couperet (The Ax, 1998). Traduction de Mona de Pracontal. Rivages / Noirs. Adapté au cinéma par Costa-Gavras dans un film homonyme en 2005.
  • Le Contrat (The Hook, 2003). Traduction de Daniel Lemoine Rivages / Noirs.