PATAGONIA TCHOU TCHOU, de Raúl Argemí

Livre
Bien
Très bien
Un Must
La Trochita Express

Le pitch

Deux hommes – noms de code Butch Cassidy et Juan Batista Bairoletto – embarquent à bord de La Trochita, un train antédiluvien qui parcourt la Patagonie argentine, pour se lancer dans une aventure risquée : kidnapper les passagers dudit Tchou Tchou pour libérer le frère d’un des compagnons, prisonnier en transit. Bien sûr, tout capote. Un roman noir et sentimental, divertissant au possible.

Pourquoi je vous le conseille ?

Pour se régaler des aventures rocambolesques de deux idéalistes au chômage, constamment déstabilisés par des événements qui les dépassent. Pour l’écriture doucement rigolarde qui n’exclut pas de belles fulgurances poétiques. Pour le dépaysement, d’un train à vapeur qui fait voyager à l’allure bonhomme les dernières illusions d’un pays en crise, où affleurent encore quelques éclairs de solidarité et de fraternité. Drôlement nostalgique et sincère.

UNE ODYSSÉE SURRÉALISTE. Un Tchou Tchou qui avance à 2 à l’heure. Une clique de personnages lunaires et diablement attachants – un couple de paysans amateur de viandes grillées, une femme Mapuche enceinte jusqu’aux dents, des altermondialistes (étrangers) branque. Des prouesses sexuelles rythmées au son des Olé Olé Olé. Un sénateur corrompu, preneur d’otages devenu otage. Un match de foot improvisé dans la neige où l’Argentine s’oppose au reste du monde, pomme de pin au pied. Des voleurs qui font le don de leur butin par conviction syndicaliste. Autant dire qu’on est ici dans une escapade ludique et burlesque au charme irrésistible.    

UN HUMOUR FLEGMATIQUE. Raúl Argemí nous régale de son style subtilement agrémenté de rires discrets. Si les aventures tendent au burlesque, le ton en revanche reste distancié, presque serein jusque dans l’adversité. Une forme d’humour poli et de bon aloi qui fait tout le charme de ce roman inclassable. Car derrière la farce se dessine la noirceur d’un pays en déliquescence.

UNE CHRONIQUE POLITIQUE. La revendication politique n’est jamais très loin dans cette fable délicieuse de fantaisie. Sans être outrageusement optimiste, l’auteur prend plaisir à brandir les couleurs de la solidarité et de la camaraderie, offertes comme baume au cœur pour les plus misérables. Quitte à en payer le prix fort.

« Ne me la faites pas à la Mike Hammer, paisano. Cette fois nous allons tous finir en prison, sauf les gringos, bien sûr. »

« Vous voyez ? Bertolt Brecht avait raison…Les Allemands ne pourront jamais faire de révolutions, parce qu’ils ne peuvent pas prendre une gare s’ils n’ont pas leur ticket de quai. »

Sans oublier l’évocation de la corruption politique et de la manipulation des médias pendant le tournage épique d’une vidéo truquée pour un dangereux sénateur candidat à la présidence, où nos otages sont embauchés comme figurants d’une foule supposément enthousiaste.

« – Quand nous ferons le montage, sénateur, nous intercalerons ce qui convient et nous changerons le son s’il ne nous plait pas

-Très bien, tout reste à faire au montage…

-Sénateur, c’est mon travail. Si c’est nécessaire, nous pouvons changer ou inventer ce qui nous fait envie.

-Ah oui ? Et pourquoi vous ne m’inventez pas président tant que vous y êtes ?

-Et que croyez-vous que nous sommes en train de faire Méndez ? »

Irrésistible.

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