LES NEUF REINES, de Fabián Bielinsky

Film
Bien
Très bien
Un Must
Tango à trois

Le pitch

Deux petits arnaqueurs de Buenos Aires s’associent 24h dans l’espoir de mener à bien un gros coup, avec l’aide de la (magnifique) sœur de l’un d’eux. Une partie de bluff finement menée. Un polar sophistiqué devenu un classique du genre arroseur arrosé.

Pourquoi je vous le conseille ?

Car ce premier film de Fabián Bielinsky (1959-2006), réalisateur trop tôt disparu, est l’un des rares films argentins ayant connu un joli succès international, tout à fait mérité. Pour la balade instructive menée dans une ville rongée par les petits trafics en tous genres, dans un pays tout au bord d’un désastre financier annoncé. Pour ses acteurs (premiers et seconds rôles) truculents de malice. Car le scénario est travaillé aux petits oignons et qu’on prend grand plaisir à se faire rouler dans la farine. À maintes reprises.

UNE PARTIE EN TROMPE-L’ŒIL. Le scénario ingénieux et extrêmement sophistiqué de Fabián Bielinsky est au cœur de la réussite de ce film à rebondissements multiples où l’on ne sait jamais vraiment très bien qui double qui et jusqu’à quel point. Cette incertitude permanente sur les intentions de nos petits malfrats fait le sel de cette histoire à multiples tiroirs. Les dés sont pipés pour mieux nous embarquer dans un stimulant casse-tête d’une fiction dans la fiction.

ASSOCIATION DE MALFAITEURS. Très tôt dans le déroulement de l’action s’impose la question de la confiance entre les deux hommes. Ou plutôt son absence. D’où l’on suppute que dans le couple de truands mal assortis, l’un des deux ne sortira pas indemne de l’arnaque. La question étant alors de savoir lequel s’en tirera à meilleur compte. Marcos (Ricardo Darin) ? Il en impose davantage et plus vite en roublard expérimenté à l’assurance toute naturelle. Juan (Gaston Pauls) ? Ce rêveur nonchalant paraît trop naïf pour être complètement honnête. Qui trompe vraiment qui ? Le doute permanent imposé par ce monde de faux-semblants nous maintient en éveil à chaque étape du plan minutieux concocté par notre duo. Auquel duo s’ajoute la troisième jolie roue du carrosse qui vient porter main forte au complot de famille. Et le doute s’en trouve décuplé.

MONEY MONEY MONEY. Tout est affaire d’argent dans Les Neuf Reines. Comment en avoir, en avoir plus et en avoir plus que l’autre. Cette obsession se lit dans l’état des lieux du Buenos Aires que nous découvrons notamment dans la première partie du récit qui dévoile les coulisses des petits larcins imaginés par les deux arnaqueurs, sympathiques mais sans envergure. Une capitale gangrénée par les arnaques en tous genres. Où chaque coin de rue recèle un danger potentiel, où l’on risque de se faire détrousser à tout moment, avec violence ou le sourire, selon le karma. Apparaît en surimpression de l’intrigue principale une société vivant tant bien que mal, entre fraude et système D. Pas une excuse pour dédouaner nos escrocs mais une explication en clin d’oeil, une contestation à l’égard d’une société au bord de la faillite.

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La fiche

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À découvrir ailleurs, dans la même ambiance

La Prisonnière Espagnole (The Spanish Prisoner, 1998) de David Mamet est devenu un classique du genre arnaque trouble et faux-semblants. Avec Campbell Scott, Steve Martin, Rebecca Pidgeon.

Usual Suspects (1995) de Bryan Singer. Avec Chazz Palminteri, Kevin Spacey, Gabriel Byrne. Suite à une mystérieuse dénonciation, cinq criminels se retrouvent en garde à vue. Plus tard, engagés sur un coup par le génie du crime Keyser Söze, les cinq hommes sont pris au piège d’une diabolique machination. Classiquissime.

Les arnaqueurs (The grifters, 1991). Film de Stephen Frears, d’après Jim Thompson, sur un scénario de Donald Westlake. C’est dire le casting de rêve. Version trash (interdit -12 ans) du métier d’arnaqueurs. Je suis très fan de ce film d’une grande noirceur, avec des acteurs absolument fantastiques. Anjelica Huston, John Cusack, Annette Bening.