BAC NORD, de Cédric Jimenez

Film
Bien
Très bien
Un Must
Marseille, zone de guerre

Le pitch

2012, dans les quartiers nord de Marseille où le taux de criminalité est le plus élevé de France. Poussée par sa hiérarchie, une équipe de la brigade anticriminalité (BAC) tente tout, même l’action illégale, pour arriver à ses fins. D’après une affaire réelle (toujours en instruction). 2 millions d’entrées en France après 9 semaines d’exploitation. Un succès tout à fait mérité (à mon sens).

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs.

Pourquoi je vous le conseille ?

Parce qu’au-delà de la polémique (trop manichéen, pro-police et j’en passe) c’est un excellent film d’action, français qui plus est, alors on ne va pas bouder son plaisir. Au-delà encore, c’est un film de veine réaliste qui alerte sur une radicalité de la société française qu’on ne peut pas occulter. Car les acteurs sont fantastiques. Parce que le réalisateur, Cédric Jimenez, qui a grandi dans ce Marseille difficile, propose le point de vue d’une police qui a les mains dans le cambouis. Pourquoi pas ?

UN QUOTIDIEN SOUS PRESSION. Trois flics, impuissants devant l’ampleur du trafic de drogue qui sévit sous leur supervision, cèdent à la pression des résultats attendus par leur hiérarchie, et finissent par violer toutes les règles. Bac Nord pose ce dysfonctionnement comme socle de ce grand dérapage. Alors que la promesse d’un coup de filet historique se pointe à l’horizon, faute de moyens officiels pour les épauler, nos trois têtes brûlées entrent de plein pied dans la zone grise du tout est permis. Avec l’absolution du chef. Jusqu’à ce que la justice les rattrape.

UN FILM QUI ALERTE SUR LA SITUATION DES QUARTIERS. Bac Nord est un western urbain, où trois cow-boys ont décidé de faire justice, à tout prix. C’est aussi un film de guerre ; une guerre civile menée dans Marseille écrasée de soleil, où des zones de non-droit deviennent des pièges mortels pour les policiers qui risqueraient d’y pénétrer. Dans tous les cas, Bac Nord est un film d’action très efficace, qui assume sa part américaine. C’est puissant, sous tension, avec une scène d’assaut de la cité, 20 minutes de haute voltige et point culminant d’une grande violence, qui restera dans les annales. La dernière partie du film – que je ne dévoilerai pas bien sûr – parait bien pâle et superflue après ce morceau de bravoure.

DES ACTEURS D’UNE GRANDE JUSTESSE. Le chef charismatique, Gregory (Gilles Lellouche) ; le chien fou, Antoine (François Civil) ; le futur papa, anxieux et déboussolé, Yass (Karim Leklou) ; la dealeuse, Amel, accessoirement indic (Kenza Fortas, une révélation) : tous réussissent à rendre attachants des personnages extrêmes, irritants, borderline.

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La fiche

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Où se procurer

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La French (2014). Avec Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Benoît Magimel. Un jeune magistrat, débarqué à Marseille en 1975, s’efforce de démanteler la French Connection. Pas si mal.

À découvrir ailleurs, dans la même ambiance

Des films qui apportent des points de vue complémentaires à Bac Nord sur les cités et une société qui tombe.

  • Les Misérables (2019), film de Ladj Ly. Avec Damien Bonnard, Alexis Manenti, Djebril Didier Zonga. La BAC de Montfermeil, les tensions des différents groupes des quartiers. Une autre approche du problème des cités.
  • Shéhérazade (2018). Film de Jean-Bernard Marlin qui donne le point de vue des jeunes sur cette vie à la marge ; une histoire d’amour et de violence. Avec Dylan Robert, Kenza Fortas, Idir Azougli.
  • Dans les classiques à (re)voir : La Haine (1995). Film de Matthieu Kassovitz qui a fait date. Avec Vincent Cassel, Hubert Koundé, Saïd Taghmaoui.

Si on passe les frontières françaises, dans un genre plus musclé et moins psychologique :

  • The raid (2012), film indonésien d’action pure, réalisé par Gareth Evans.
  • Police Fédérale Los Angeles (Live and Die in L.A., 1985). Film américain de William Friedkin. Avec William Petersen, Willem Dafoe, John Pankow.