NOVEMBRE, de Cédric Jimenez

Film
Bien
Très bien
Un Must
Les jours d'après

Le pitch

Fiction qui revient sur la traque des terroristes durant les cinq jours et les cinq nuits qui ont succédé aux attentats du 13 novembre 2015. Une épure de film d’action, avant toute autre chose. Digne et sobre. Incarné par des acteurs totalement au diapason. Un film risqué, où les personnages se résument à leur fonction, sans autre forme de profondeur. Un parti-pris à prendre ou à laisser. Perso, je recommande.

Pourquoi je vous le conseille ?

Car ce polar efficace, sans revenir sur les attentats de 2015 en tant que tels, s’attache à examiner l’onde de choc qu’ils ont provoquée au sein des forces de police et de l’antiterrorisme. Parce ce que Jimenez est un metteur en scène talentueux, viril et pressé, qui sait comme rarement filmer l’urgence, la course contre la montre, l’action violente et immédiate. Pour son cinéma factuel qui assume une forme d’absence de distanciation critique pour se concentrer sur la tension, le mouvement, la fébrilité.

POUR L’ADRÉNALINE. C’était un vendredi 13. Qui ne se souvient pas de ce qu’il faisait ce soir de novembre ? Cédric Jimenez (La French, 2014 – Bac Nord, 2020) et le scénariste Olivier Demangel à l’origine du projet, nous épargnent toute reconstitution macabre ou obscène pour se concentrer sur l’action pure, la traque des terroristes qui va maintenir sous haute tension un bon nombre de policiers de tous horizons, et en particulier la Sdat (sous-direction de l’antiterrorisme). Un tunnel spatio-temporel où l’horreur est signalée par un tintamarre de sonneries de téléphones de plus en plus insistant. Un compte-rendu factuel, dopé par une solide mise en scène au montage ultra nerveux, à même de procurer un sentiment d’urgence permanent qui nous embarque à 100 à l’heure dans les filatures et les assauts spectaculaires. Pour autant, Novembre demeure un film sobre et pudique en ne filmant pas « l’infilmable », les attentats eux-mêmes, la douleur, les victimes, l’innommable.

AU CŒUR DU DISPOSITIF. On observe des hommes et des femmes au travail, en uniforme ou non, dans une effervescence générale. Jimenez propose un cinéma quasi comportementaliste, tout entier tourné du côté de l’enquête, de faux espoirs en impasses, jusqu’à l’assaut final. Une immersion au sein de la machine policière et antiterroriste en surchauffe, tout occupée à empêcher une nouvelle attaque tandis que pays est dans la sidération. Il s’attache à détailler de manière précise et chronologique le séisme de l’après, en suivant un éventail de flics et hauts gradés du ministère saisis par la fébrilité et l’horreur des événements. Activation de tous les services de renseignement et de police, planques, écoutes, gestions des taupes et des infiltrés, interrogatoires… La fatigue, le stress… Les mouvements d’humeur, les hésitations, les erreurs, les brefs moments de découragement… Les coulisses d’un traumatisme national y sont ainsi filmées avec efficacité, au cordeau, tout en assumant une bonne part de fiction.

UN ÉLOGE DU COLLECTIF. Le travail des enquêteurs, jusqu’au-boutistes, humains et donc faillibles, valorise la convergence du collectif, l’émergence de la force par la cohésion. Tout le monde est sur le pont, 100% investi, car chaque minute compte et leur responsabilité est immense. Et si Jean Dujardin mène la troupe avec une sobriété salutaire, les personnages féminins tirent leur épingle du jeu grâce au duo que forment l’informatrice (Lyna Khoudri) ayant permis de loger Abaaoud (et rappelant un autre magnifique rôle d’indicatrice flouée de Bac Nord) et la fliquette provinciale (Anaïs Demoustier), leur relation apportant un supplément d’âme appréciable à cette mécanique bien huilée.

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La French (2014). Scénario d’Audrey Diwan et Cédric Jimenez. Avec Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Benoît Magimel. Marseille. 1975. Pierre Michel, jeune magistrat venu de Metz avec femme et enfants, est nommé juge du grand banditisme. Il décide de s’attaquer à la French Connection, organisation mafieuse qui exporte l’héroïne dans le monde entier. N’écoutant aucune mise en garde, le juge Michel part seul en croisade contre Gaëtan Zampa, figure emblématique du milieu et parrain intouchable. Mais il va rapidement comprendre que, pour obtenir des résultats, il doit changer ses méthodes.

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