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Paris, 1920. Un ancien poilu reconverti en détective privé est engagé par un colonel multi décoré pour enquêter sur un maître chanteur. Quand la petite histoire rejoint la Grande. Une adaptation magnifique de l’univers de Didier Daeninckx par Jacques Tardi.
Pour une grande Guerre envisagée sous un angle inédit et méconnu (de moi en tous cas). Pour ses personnages cabossés et attachants. Pour ses salauds vraiment salauds aussi. Parce qu’on y évoque la souffrance d’une génération, au travers de son héros, ce qui n’empêche pas une pointe d’humour noir. Pour le Paris des « petites gens ». Pour Tardi. Pour Daeninckx. Et parce qu’ils se sont bien trouvés.
UN CONTRE-RÉCIT NATIONAL. Daeninckx a le souci de la vérité historique. Il aspire à redonner leur juste place aux oubliés de l’Histoire, témoins devenus gênants d’épisodes peu glorieux qu’on préfèrerait enterrer pour de bon. Il accorde une voix à ceux qui ont disparu des manuels et des mémoires. Le Der des ders, BD historique et policière, révèle un pan méconnu de la Grande guerre tout en l’habillant des codes du roman noir : le détective, le mari trompé, la femme perdue, des enfoirés à la pelle, un flic à qui “on ne la fait pas”, des meurtres et des révélations finales surprenantes.
L’ATMOSPHÈRE EXPLOSIVE DE L’IMMEDIAT APRÈS-GUERRE. En 1920, le climat social et politique est ultra tendu. Entre gueules cassées et vies brisées, les anciens poilus comme notre détective se réveillent en hurlant chaque matin avec le même cauchemar de rester bloqué entre deux lignes de tranchées. Et rien ne change. Tout ce carnage pour rien. Cette tension sociale et politique est le fil rouge de notre histoire.
LE PARIS DE TARDI. Cette adaptation du roman éponyme de Daeninckx bénéficie du grand talent de Tardi qui y retrouve ses domaines de prédilection : Paname, la guerre de 14/18, le polar. Son Paris est magnifique, en noir et blanc, car qui a besoin de couleurs pour évoquer ce monde qui sombre ? Il fait revivre sous son crayon le Paris de l’époque, ses voitures, ses quartiers, ses troquets, ses « petites gens ». Une ambiance nostalgique, piquée d’humour, qui caractérise l’univers singulier de notre duo.
Auteur(s) :
Jacques Tardi (dessin), Didier Daeninckx (scénario)
Titre original :
Le der des ders
Date de publication originale :
1997
Éditeur :
Casterman
Le roman originel de Didier Daeninckx bien sûr, Le der des ders (1986). Meurtres pour mémoire (ci-après) évoque quant à lui l’Occupation et la guerre d’Algérie.
Les bande-dessinées de Tardi sont toutes bonnes voire excellentes :
La série des adaptation de Léo Malet / Les mystères de Paris comptait 13 tomes en 2021. Et ça n’est pas fini. Mais ce n’est plus Tardi qui est au dessin.
Pour l’humour noir et l’acharnement de noter détective, Le Poulpe, film truculent de Guillaume Nicloux (1998). Avec Jean-Pierre Darroussin et Clotilde Courau. Pour plus d’infos, regardez à la prochaine rubrique.
Si vous souhaitez retrouver une certaine atmosphère nostalgique de Paris, notamment des années 30/40 :