SHERLOCK, de Steven Moffat et Mark Gatiss

Série TV
Bien
Très bien
Un Must
Classique revisité

Le pitch

Une relecture moderne très réussie des écrits d’Arthur Conan Doyle, où Sherlock Holmes et de son éternel acolyte le docteur Watson sont catapultés au XXIème siècle. Un dépoussiérage salutaire d’un mythe littéraire pourtant maintes fois adapté. Un immense succès, amplement mérité. Made in BBC, évidemment. Dès 10 ans.

Pourquoi je vous le conseille ?

Parce que Sherlock réussit le tour de force de rafraîchir, sans trahir, l’œuvre de Sir Arthur, trouvant le juste (et délicat) équilibre entre tradition et modernité.  Pour s’agiter un peu les méninges. Car le savoir-faire de Steven Moffat (showrunner de Doctor Who) trouve ici son aboutissement. Parce que la bonne idée était probablement de transposer le héros créé en 1887 en plein cœur du XXIème siècle. Pour les acteurs principaux, Benedict Cumberbatch et Martin Freeman, complices et facétieux, qui font le job à merveille. Pour la bande son de David Arnold. Un excellent divertissement.

HYPERACTIF ET HYPER CONNECTÉ. Le réalisateur Guy Ritchie avait fait le choix de rester au XIXème siècle pour son Sherlock Holmes, sorti quelques mois à peine avant la série, et dont le dépoussiérage passait par à une mise en scène audacieuse, au montage ultra-rapide. Steven Moffat et Mark Gatiss ont quant à eux pris le parti de fixer notre duo à l’époque actuelle, à l’ère des smartphones, de l’internet haut débit, de l’accès facilité aux indices, où les risque d’anachronismes s’avéraient plus élevés. Or, ils ont su éviter tous les écueils. Sherlock est devenu un héros hypermnésique dont les raisonnements sont rendus visibles à l’écran grâce à une réalisation efficace et maligne. Le téléspectateur voit à travers ses yeux grâce à des incrustations de messages ou d’illustrations à l’écran, l’utilisation de flashbacks, au débit de parole ultrarapide du héros qui colle à la vitesse de réaction de son cerveau … Mon tout donne des épisodes à la longueur inhabituelle (90 min), sans aucun temps mort, qui alternent des séquences rythmées avec des plans plus lents laissant libre cours au talent des acteurs. Tout risque d’ennui du téléspectateur a ainsi été définitivement écarté.

PAS TOUT À FAIT LE MÊME NI TOUT À FAIT UN AUTRE. Certes, Sherlock ne porte plus son horrible chapeau à carreau et des patchs des nicotine ont remplacé sa pipe (et accessoirement son addiction à l’opium). Habitant toujours à la mythique adresse du 221b Baker Street, il est représenté en star capricieuse, atteinte d’un ennui profond et d’un vague à l’âme persistants. Mais sur le fond, rien ne change vraiment. Holmes est toujours aussi smart et ingérable, fin observateur tout autant qu’asocial et arrogant. Les enquêtes dynamiques sont toujours menées par Holmes et Watson, avec des légères variations dans les titres des nouvelles de Conan Doyle (« Une étude en rouge » devient « Une étude en rose » …) et la solution arrive toujours à la fin de l’épisode après moults péripéties et chaînes de déductions complexes. Et Moriarty demeure l’ennemi juré, représentation du Mal, modernisée et humanisé. De quoi rassurer les puristes.

MOINS D’ABSTRACTION ET PLUS D’HUMAIN. C’est probablement une des clés du succès de la série. Redonner de la chaleur au mythe et apporter un grand soin à la profondeur des personnages. Rendre Sherlock plus attachant et Watson moins statique que les héros d’origine. Dès l’épisode pilote, la relation entre les deux hommes apparait riche d’une possible complicité future, allant bien au-delà d’une relation purement cérébrale. A ce titre, les allusions récurrentes sur l’ambiguïté sexuelle de leur relation pousse le curseur au max. Et si Watson n’atteint pas l’intelligence de Holmes, il est celui qui l’humanise en dégonflant son ego et en lui ramenant de temps à autre les pieds sur terre. La série, en exposant l’homme derrière la légende, se rapproche de la vision décriée et plus intimiste que livrait Billy Wilder dans La vie Privée de Sherlock Holmes (1970).

Un succès artistique, critique et public qui fait la preuve qu’il est possible d’innover avec des œuvres vues et revues mille fois sur petit et grand écran.

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La fiche

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Les adaptations des œuvres de Conan Doyle sont légion. Je me tiendrais à quelques recommandations de valeurs sûres.

Le chien des Baskerville (The Hound of the Baskervilles). Roman de d’Arthur Conan Doyle qui fait froid dans le dos (publié en 1902). Adapté au cinéma en 1959 par Terence Fisher. Avec Peter Cushing, André Morell, Francis De Wolff. Frissons garantis. À partir de 10 ans.

Sherlock Holmes (Sherlock Holmes, 2010). Film américain de Guy Ritchie. Avec Robert Downey Jr., Jude Law, Mark Strong. Une réinterprétation originale et efficace du mythe. À partir de 8 ans.

Sherlock Holmes 2 : Jeux d’Ombres (Sherlock Holmes : A Game of Shadows, 2012). Film de Guy Ritchie. Avec Robert Downey Jr., Jude Law, Noomi Rapace. Toujours très divertissant. À partir de 8 ans.

La vie privée de Sherlock Holmes (The Private life of Sherlock Holmes, 1970). Film de Billy Wilder. Avec Robert Stephens, Colin Blakely, Geneviève Page. Plutôt pour les plus grands.