BRON-BROEN / THE BRIDGE, de Stein et Rosenfeldt

Parce que rien ne vaut l’original, Tunnel avec Clémence Poésy et The Bridge avec Diane Kruger n’étant que de pâles copies. Parce que l’idée du pont comme symbole d’opposition socio-culturelle est vraiment excellente. Pour le tandem d’enquêteurs parfaitement contraires et complices. Car cette série qui prend son temps est également d’une grande efficacité.

DES PERSONNAGES ATTACHANTS CAR COMPLEXES. À commencer par Marin et Saga, le génial duo d’enquêteurs des deux premières saisons. Absolument tout les oppose. Elle, Saga Norén, enquêtrice surdouée mais abrupte et obsessionnelle, asociale à bien des égards. Elle offre un visage aux traits durs et des gestes mécaniques peu séduisants au premier abord. Pourtant elle nous plait bien avec ses réactions imprévisibles qui offrent des pauses comiques dans un récit autrement parfaitement glaçant. Lui, Martin, à l’inverse, joue le flic débonnaire, vaguement désabusé, mais véritablement sensible. Une relation 100% sans séduction qui sert de colonne vertébrale aux deux premières saisons.

LE PONT, AUTRE PERSONNAGE ESSENTIEL. Il relie la danoise Copenhague à la suédoise Malmö. Cette impressionnante construction architecturale sert de marqueur géographique au service de l’intrigue, mais surtout de frontière symbolique, révélatrice des différences socio-culturelles qui opposent les deux voisins, antagonistes et pourtant obligés de collaborer. Un concept qui fera beaucoup d’émules.

UN SYSTÈME EN FAILLITE. De ce côté-ci de l’Europe, l’exemplarité des pays scandinaves est souvent brandie pour souligner nos propres manquements. Le créateur Hans Rosenfeldt nous suggère, par le truchement des intrigues, de ses tueurs et de leurs motivations, que le sacro-saint miracle socio-démocrate des pays nordiques nourrit son lot d’inégalités sociales et d’immoralité. Faillite sociale, inégalités, crise migratoire, corruption… Ils ont les mêmes problèmes que nous.