VIPER’S DREAM, de Jake Lamar

Livre
Bien
Très bien
Un Must
Jazz session

Le pitch

New-York de 1936 à 1961. Clyde « Viper » Morton, jeune afro-américain tout juste débarqué de son Alabama natal, musicien raté, se trouve rapidement une nouvelle vocation. Il sera un caïd craint et respecté de tous, dealer de marijuana pour les personnalités frayant dans le milieu du jazz new-yorkais florissant. Un (court) roman bourré de charme.

NB Viper’s dream a connu un parcours singulier puisqu’il a d’abord été conçu comme une pièce radiophonique en dix épisodes diffusés sur France Culture en 2019. Pour les amateurs, le 1er épisode est encore audible ICI sur le site de l’auteur.

Pourquoi je vous le conseille ?

Pour l’atmosphère, surtout et avant tout. Celle de l’Amérique du jazz des années 1940 jusqu’à l’arrivée du Rock à la fin des années 1950. Pour le rythme du récit qui fait des allers-retours dans le temps ; original et efficace. Pour le style sobre et cinématographique de l’auteur.

A HARLEM STORY. On croise tout un tas de jazzmen légendaires dans ce roman noir qui a planté son décor dans le New-York de Charlie Parker, Duke Ellington, Miles Davis, Dizzie Gilepsie… Un Harlem des clubs de jazz, du scat à la révolution Bebop jusqu’à l’arrivée du rock, avec la guerre pour point de bascule. Une époque où la fumette règne en maître, muse privilégiée des artistes en quête de gloire avant le déferlement de l’héroïne qui finira de ravager ces musiciens aussi géniaux que fragiles. Viper’s dream raconte cet univers de la nuit sans omettre d’en évoquer les recoins obscurs : ségrégation, violence, corruption, et une Mafia qui accroit inexorablement son pouvoir.

A JAZZ STORY. C’est lui qui donne son titre au roman, en référence au morceau éponyme de Django Reinhardt. Il en est le cœur, l’alpha et l’omega. Alors que j’ai toujours été assez hermétique au genre musical en tant que tel, la passion de l’auteur se fait communicative dès lors qu’elle s’associe à un récit bien troussé.

UN RÉCIT RYTHMÉ. Par la musique jazz bien sûr (pour les amateurs, l’auteur propose sa playlist en fin d’ouvrage). Par le style cinématographique de Jake Lamar qui nous offre un magnifique roman d’ambiance grâce à des phrases courtes, des descriptions aussi évocatrices que des scènes d’un bon vieux film en noir et blanc. Par la structure temporelle du récit, qui nous fait swinguer d’une époque à une autre avec des leitmotivs simples et efficaces. « Là je parle de novembre 1961. » « Là je parle de la fin novembre 1945 ». S’y ajoute une trame audacieuse où l’on ne cherche pas le nom du meurtrier, connu dès les premières pages, mais bien celui de la victime.

Partager :
FacebookTwitterEmail

La fiche

Auteur(s) :

Titre français :

Titre original :

Date de publication originale :

Date de publication en France :

Éditeur :

Traduction :

Où se procurer

Si vous avez aimé, découvrez du même auteur

Jake Lamar, romancier et journaliste afro-américain originaire du Bronx, a posé ses valises en France il y a près de 30 ans. On ne s’étonnera donc pas que les éditions Rivages/Noir l’aient choisi pour inaugurer leur nouvelle collection « New York made in France » avec Viper’s Dream.

Parmi d’autres œuvres à découvrir :

  • Nous Avions Un Rêve (Rivages/Noir 2006). Grand prix du roman noir étranger de Cognac en 2006. Traduit de l’américain par Nicholas Masek
  • Il est également l’auteur d’une pièce radiophonique Brothers In Exile, réalisée par France Culture, évoquant le parcours des auteurs américains Richard Wright, James Baldwin et Chester Himes qui ont vécu, tout comme lui, à Paris.

À découvrir ailleurs, dans la même ambiance

Parmi les très nombreux romans qui parlent de New-York

  • La Reine de pommes (A rage in Harlem, 1958) de Chester Himes. Série de Cercueil et Fossoyeur.
  • Almost Blue (1997) de Carlo Lucarelli. Traduit de l’italien par Arlette Lauterbach. La chanson de Chet Baker (reprise d’Elvis Costello) est chevillée au corps de cette histoire de tueur en série se déroulant à Bologne
  • L’étage des morts (1990) d’Hugues Pagan. Où l’inspecteur divisionnaire a le blues « collé à la peau ».

Les films noirs à l’ambiance jazzy :

  • Tirez sur le pianiste (1960) de François Truffaut. D’après David Goodis (Down There). Avec Charles Aznavour, Marie Dubois, Michèle Mercier.
  • Ascenseur pour l’échafaud (1957) de Louis Malle. D’après le roman éponyme de Noël Calef. Un crime presque parfait qui tourne au cauchemar. Avec le légendaire accompagnement musical de Miles Davis. Avec Jeanne Moreau, Maurice Ronet, Georges Poujouly.

Pour le plaisir du jazz, sans le polar :

  • Bird (1987) de Clint Eastwood. Biopic de Charlie Parker. Avec l’immense Forest Whitaker.
  • Autour de Minuit (1986) de Bertrand Tarvernier. Une déclaration d’amour au jazz.