LES GARDIENS DU PHARE, d'Emma Stonex

Livre
Bien
Très bien
Un Must
Voyage immobile

Le pitch

Une chronique de la vie des gardiens d’un phare et l’enquête sur leur disparition impossible. Le choix du décor – le Maiden Rock, un phare de pleine mer érigé au large des côtes brumeuses de Cornouailles – n’est pas le moindre des atouts de ce récit policier original qui brasse les hypothèses et les points de vue avant de nous laisser à notre propre analyse. Un premier roman d’une grande maîtrise. Une belle histoire, documentée, qui ne manque pas de souffle, ni d’imagination. Une nouvelle autrice à suivre !

Pourquoi je vous le conseille ?

Car ce roman est vraiment intriguant : une disparition mystérieuse, une enquête qui reprend 20 ans après les faits, la voix des survivants qui se répondent, enfin. Pour en savoir un peu plus sur la vie des gardiens de phares et de leurs proches, une vie impensable de confinement volontaire, qui n’a plus lieu d’être aujourd’hui, et qui ne cesse de surprendre. Car Emma Stonex nous offre un voyage immobile irrésistible en nous baladant d’une voix à une autre, brassant les hypothèses, nous laissant dériver au gré des explications plus ou moins fantastiques, complotistes, passionnelles.

UNE ENQUÊTE IMPOSSIBLE. Ils étaient trois gardiens. Emmurés volontaires dans un phare au large, isolé par les vents et la houle. Et pourtant ils ont disparu. Sans explication. La table était dressée pour deux, la porte verrouillée de l’intérieur. Les horloges arrêtées à la même heure. Plus personne n’a plus jamais entendu parler d’eux. Le mystère reste toujours entier deux décennies plus tard alors qu’un écrivain se penche de nouveau sur cette histoire pour en faire le roman. Emma Stonex alterne les voix des protagonistes, les femmes restées à quai dans leurs solitudes, cite des articles de journaux, reproduit des interviews, se glisse dans les têtes et dans les cœurs. Des voix qui s’enchaînent et se répondent pour tisser la toile d’une possible vérité. Quand les langues commencent enfin à se délier, des explications fusent ou se taisent. Au lecteur de trouver son chemin.

UNE VIE DE CONFINEMENT VOLONTAIRE. « Elle prétend que je me sens mieux au phare qu’à terre et elle a peut-être raison. À terre je suis en porte-à-faux. L’instabilité de cette vie me déroute. Les téléphones qui sonnent sans qu’on s’y attende. (…) On me parle de la semaine prochaine ou d’une date en juillet et je sais que je ne serai pas là), mais j’acquiesce malgré tout, car cela n’a aucune importance. En ce sens, la vie à terre n’est qu’une transition ; je suis là sans l’être vraiment. » En tant que lecteur, installé à l’intérieur de ce phare qu’on a plutôt l’habitude d’observer de loin, on se laisse imprégner de cette atmosphère étrange, oppressante et fascinante, faite de petits riens qui font une existence isolée à l’extrême. Un lieu reclus où les hommes cohabitent en dépit de tout, se révèlent leurs secrets, cernés par une immensité faite de houles, de ressacs, et d’apparitions fantastiques. Comment ne pas imaginer que des faits inexpliqués puissent se dérouler dans un tel contexte romanesque ? Passions, trahisons, mensonges, hallucinations, finissent par traverser les épaisses murailles de ce phare inhospitalier livré aux éléments.

UNE QUÊTE FANTASTIQUE. D’après un fait divers tragique qui s’est déroulé en 1900 sur l’île d’Eilean, Emma Stonex nous livre un roman à énigme sur la nature humaine. Une histoire d’obsession, de solitude, d’amour et de drames enfouis, qui exprime comment nos peurs peuvent brouiller la frontière entre le réel et l’imaginaire. Un collier retrouvé dans une poche, un merle blanc qui rôde, une violence latente entre trois hommes seuls qui ont le temps de se faire des films… Et la voix des femmes restées à terre qui rajoute à la confusion tant l’incompréhension est grande face à cet océan de silences et de solitudes.  Il y a de quoi croire aux fantômes…

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