ALMOST BLUE, de Carlo Lucarelli

Parce que c’est un polar sonore avant tout, avec une intrigue qui tient la route mais qui n’est pas le cœur du sujet. Car on y découvre Bologne sous toutes ses coutures. Pour la voix de Chet Baker et la trompette de Miles Davis. Pour les personnages hors du commun : un méchant vraiment méchant, une inspectrice pugnace qui a mal au ventre, un aveugle solitaire, un psy qui se la joue.

POUR SIMON. C’est le personnage central du roman (après Chet). Une trouvaille. Isolé du monde, il écoute les voix de la ville grâce à son scanner. Des sons et des voix volés de-ci-delà sur les ondes. Des voix auxquelles il donne des couleurs ; une ouïe remarquable qui lui confère le pouvoir d’identifier l’Iguane comme nul autre. Il forme un duo très touchant avec la jeune inspectrice Grazia en mal de reconnaissance, obnubilée par l’affaire.

« -Comment était-elle, cette voix?
-Verte.
-Verte?
-Froide, fausse, contrainte…comme s’il devait la retenir pour ne pas la laisser s’échapper de sa bouche. Comme s’il y avait quelque chose d’autre qui bougeait dessous.
-Et pourquoi verte?
– A cause du « erre ». Parce que c’est une voix râpeuse et que je n’aime pas ce qui racle. C’est une vilaine voix. Une voix verte. »

POUR L’IGUANE. Le serial killer d’Almost Blue est ainsi surnommé car il passe sans cesse d’une identité à une autre. Il mute et change de peau. Ses pulsions obscures et ultra violentes distillent une profonde inquiétude rémanente. Avec son casque fixé sur les oreilles à écouter du ACDC à fond la caisse pour ne plus entendre « les cloches de l’enfer » qui résonnent dans sa tête : on tient là un tueur en série de belle facture, imaginé par Lucarelli à partir de discussions avec un vrai psychiatre. Un serial killer envisageable donc. Ça fait froid dans le dos.

POUR BOLOGNE. Une ville mystérieuse, qui se dérobe aux regards. Avec ses cours intérieures, ses étudiants clandestins, ses coupe-gorges. Une ville propice à un tueur en série en cavale.