MORTELLE RANDONNÉE, de Claude Miller

Film
Bien
Très bien
Un Must
Psychodrame sur le deuil

Le pitch

D’un côté : un père, détective, qui cherche sa fille. De l’autre : une fille, tueuse, qui cherche un père. Un film qui explore la face la plus tragique de la filiation. Une balade lyrique et littéraire très réussie. Pourtant ce film mal aimé de Claude Mille sera un échec cuisant à sa sortie. Mais le temps a fait son ouvrage de réhabilitation.

Pourquoi je vous le conseille ?

Parce que c’est une magnifique rêverie noire. Pour Michel Serrault, parfait en détective privé endeuillé, désabusé et cynique. Parce que Michel et Jacques Audiard sont au scénario et que cela donne le la. Pour l’atmosphère dramatique traversée d’éclairs d’humour noir. Parce qu’Isabelle Adjani trouve ici un de ses plus beaux rôles.

BALADE NOIRE ET LYRIQUE. Deux après le succès de Garde à vue, le même trio se reforme pour Mortelle Randonnée : Miller, Serrault, Audiard (le père adapte ici pour le première fois un scénario avec son fils Jacques). Cette fois-ci le succès n’est pas au rendez-vous. On reproche au film d’avoir adopté une esthétique trop glaciale, plus proche du clip ou de la pub que du cinéma. Pourtant, cette errance noire et poétique est magnifique. On retiendra les seconds rôle réjouissants (Stéphane Audran en laideron). La voix off omniprésente de Michel Serrault qui donne le tempo cyniquement drôle et obsessionnel au film. Le son de la BO de Carla Bey. Isabelle Adjani en femme fatale aux multiples identités à la recherche du père (même si Jacques Audiard aurait pré­féré, à l’époque, une actrice inconnue). Du très bel ouvrage.

DEUIL ET FILIATION. « Marie est née en 1953, l’année de la mort de Staline. J’avais épousé Madeleine en 1952, l’année de la bombe à hydrogène. […] Elles sont parties en 1954, l’année de la guerre froide. J’ai reçu la photo en 1961 : l’année de rien, l’année de la photo. » Mortelle Randonnée porte le deuil d’une fille à jamais perdue par ce détective cruciverbiste – l’Œil – qui voit dans Catherine – la tueuse – l’incarnation de sa petite Marie. D’abord il la file, pour l’observer, puis pour la protéger jusqu’à devenir son complice et son ange gardien. Un ton tragique empreint de la triste expérience de Serrault et Jacques Audiard, tous deux ayant été victimes d’un drame familial récent, tous deux ayant tissé ensemble un rapport d’intimité singulier. Un double deuil qui plane sur cette oeuvre d’une insondable tristesse.

VERTIGO. Ce que l’on reprochait au film en 1983 est justement ce pour quoi on l’encense aujourd’hui : une esthétique élégante, un style Hitchcockien maîtrisé. Sans omettre un scénario et des dialogues littéraires d’une grande poésie qui finissent de démontrer qu’Audiard n’était pas qu’un excellent dialoguiste de films de truands.

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La fiche

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Couleur / noir et blanc :

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