LES QUATRE FLEUVES, de Fred Vargas et Edmond Baudoin

VARGAS VIBES. On retrouve dans cette BD, avec gourmandise, l’ambiance poétique unique des romans de Fred Vargas nourrie de ses personnages loufoques si attachants, à commencer par Adamsberg et ses divagations, Danglard et son érudition. Avec aussi une famille de gentils bizarres – un père et ses quatre fils – qui passent leur temps libre à édifier une sculpture à base de canettes. Une pointe de vaudou aussi. Barré et attachant.

UN DESSIN QUI NE LAISSE PAS INDIFFÉRENT. Si le style de Baudoin peu déstabiliser, il n’en créé pas moins une véritable ambiance, unique et trouble, grâce à un trait gras à l’encre de Chine, mêlant flou et mise au point fine. Ses planches, pas toujours très lisibles, restituent indéniablement une ambiance singulière qui s’accorde parfaite à l’univers vargassien. On aime ou pas. J’aime plutôt pas mal.

HUMOUR POÉTIQUE. Mais finalement l’enquête on s’en fout un peu. Pourtant pas mal ficelée, mais finalement assez secondaire au plaisir qu’on prend à plonger dans l’atmosphère doucement surréaliste. Et drôle.

« – Au bout du compte, tu seras à la banque à l’heure dite.
– je sais. Je serai réglo. Vous l’êtes, vous, réglo ?
– Non.
– C’est pas gênant, dans la police ?
– Si.
– Qu’est-ce que vous faites d’irréglo ?
– Je ne vais pas au bureau. Je marche. Et ensuite, je rêve. Puis je marche. Quand je passe au bureau, je dessine.
– Et comment vous traitez les dossiers ?
– Comme je viens de te dire.
– Je ne sais pas si ça marcherait dans la finance. »