BLACKSAD, de Díaz Canalès et Guarnido

BD
Bien
Très bien
Un Must
Polar Zoomorphique

Le pitch

Qui aurait pu prédire qu’un chat deviendrait l’un des détectives les plus connus et respectés de la bande dessinée ? Incroyable mais vrai. Tout le talent de Juan Díaz Canalès et Juanjo Guarnido se révèle encore dans ce 6ème tome de la série. Huit ans qu’on l’attendait, et on n’est pas déçus ! Et comme c’est un diptyque, on trépigne déjà… Dès 13 ans.

Pourquoi je vous le conseille ?

Parce que l’anthropomorphisme* de Blacksad est sans équivalent. Parce qu’il fallait être fou pour croiser polar hard-boiled à l’ancienne et BD animalière. Car ce bestiaire plus humain que nature s’est hissé, en 20 ans et 6 tomes, au rang de classique des classiques.

UN UNIVERS BOURRÉ DE RÉFÉRENCES. John Blacksad, comme chat noir et triste qui porte malchance. Un détective félin en imper et costard, clope au bec et regard désabusé, vague à l’âme et p’tites pépées. Héritier des privés créés par Raymond Chandler et Dashiel Hammet, des films noirs américains de l’après-seconde guerre mondiale, Blacksad joue des muscles dans l’Amérique des années 50. Tous les codes du film noir y sont cochés : la voix off, la femme fatale, l’enquête… Cette mythologie largement comprise et partagée explique probablement le succès phénoménal de la série, qui reste par ailleurs résolument contemporaine.

UN MONDE D’HIER ET D’AUJOURD’HUI. Ultranationalisme, racisme, trafic de drogues, dérives du capitalisme, théorie de la conspiration, course à l’armement, menaces sur la liberté d’expression… Des éléments de la société américaine de l’après-guerre évoqués dans Blacksad résonnent toujours dans notre monde contemporain. Une vision sombre et violente de la société que les auteurs habillent de légèreté par petites touches. Grâce à la dimension cartoonesque du dessin de Guarnido et sa palette de couleurs chaudes. Grâce à l’ironie assumée de notre héros et le personnage ouvertement comique de la fouine Weekly. Tragédie et Comédie ne sont jamais loin dans le récit.

PLUS HUMAINS QUE LES HUMAINS. Tous les personnages, même secondaires, sont parfaitement croqués jusque dans leurs moindres détails. Une distribution zoomorphe minutieusement étudiée et réfléchie, du berger allemand policier au lézard tueur à gages. Dit comme ça, le casting paraît totalement improbable, et pourtant la magie de Blacksad opère et on oublie très vite qu’on a affaire à des animaux. Et quand on y songe, l’anthropomorphisation des animaux existe depuis la nuit des temps, ou du moins depuis les fables de l’Antiquité, jusqu’à Maus d’Art Spiegelman ou encore Félix le Chat.

*Anthropomorphisme : attribution de caractéristiques comportementales ou morphologiques humaines à d’autres entités, par exemple les animaux, nous dit le dictionnaire.
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La fiche

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Les 6 tomes de la série Blacksad sont publiées aux éditions Dargaud.

  • Tome 1 (2000) Quelque part entre les ombres
  • Tome 2 (2003) Arctic-Nation
  • Tome 3 (2005) Âme Rouge
  • Tome 4 (2010) L’Enfer, le silence
  • Tome 5 (2013) Amarillo
  • Tome 6 (2021) Alors, tout tombe – Première Partie

Blacksad – Les dessous de l’enquête… (2015). Aux origines de la série : un an après la sortie du premier titre de la série, un making-of était publié (avec une interview de Juan Díaz Canales et Juanjo Guarnido, le story-board commenté de l’histoire ainsi que plusieurs documents inédits). Ce hors-série, qui était épuisé, est réimprimé dans une version remise à jour.

What’s News. Blacksad : Les ombres de John (juin 2021). Une édition spéciale sur les coulisses des deux tomes d’Alors, tout tombe.

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