A SHORT STORY, de Run et Florent Maudoux

BD
Bien
Très bien
Un Must
A sad story

Le pitch

« On connaît tout de son autopsie, mais, de sa vie, pas grand-chose. » Florent Maudoux et Run retracent la vie – et plus particulièrement les trois derniers mois – d’Elizabeth Short, alias le Dahlia noir, jeune femme de 22 ans, dont le corps mutilé a été retrouvé, le 15 janvier 1947, sur un terrain vague de Los Angeles. Retour réussi sur l’un des « cold cases » les plus fascinants de l’histoire des États-Unis. Un album brillant, touffu, quasi-documentaire, soucieux de rendre justice à cette jeune femme paumée fantasmée au travers du Dahlia Noir. Un objectif digne et louable, accompli avec une grande délicatesse.

Pourquoi je vous le conseille ?

Pour découvrir la jeune femme fragile et profondément seule qui se cache derrière l’icône macabre. Car la recherche documentaire impressionnante des auteurs nous fait découvrir l’envers du décor de l’âge d’or hollywoodien de l’après-guerre. Car cet album restitue son humanité à cette figure noire de l’Amérique. Une image d’Elizabeth plus humaine et, sans doute, plus conforme à la réalité.

UNE AFFAIRE ICONIQUE. Si vous ignorez qui est Elizabeth Short, en revanche la simple évocation du « Dahlia noir » devrait vous dire quelque-chose ?…  En tête des œuvres ayant popularisé ce féminicide non résolu, le célèbre roman de James Ellroy (incontournable Le Dahlia Noir, The Black Dahlia, 1987). Soixante-quinze ans après, cette jeune starlette qui rêvait de Hollywood continue de susciter mille et une interrogations. Jolie brune aux yeux verts, aspirante comédienne dans l’Amérique rutilante des années 1940, cette gamine un peu paumée est devenue l’une des figures mythologiques de la littérature policière du XXe siècle. C’est que la victime, aussi belle que mystérieuse, révélait à elle seul la face cachée de l’Amérique de l’après-guerre. Un Los Angeles des années 1940 qui, derrière les fastes du glamour hollywoodien, est gangrené par les trafics et la corruption.

ENQUÊTER DERRIÈRE LE MYTHE. A short story est le fruit d’une enquête longue et minutieuse menée par le scénariste Run (Guillaume Renard) et Florent Maudoux, rendue possible par la déclassification des dossiers du FBI mis en ligne dans les années 2000. Un colossal et véritable travail d’enquêteur qui a obligé notre duo à recouper des centaines de témoignages, de rapports de police et moultes coupures de presse… Pour reconstituer méticuleusement la courte vie, et notamment les trois derniers mois, de cette icone macabre. Le récit avance, posé, terre à terre, factuel. Pour dévoiler une Betty Short fétichisée, fragile, malmenée par les hommes et profondément seule. Cette BD quasi documentaire nous fait pénétrer au cœur de la vie quotidienne de cette Elizabeth Short, portée par ses rêves de bonheur et de gloire, et pourtant si désespérée. On a le sentiment incroyable, voyeuriste, d’accompagner cette fragile jeune femme, d’apprendre à la connaître, loin des fantasmes et de l’image de femme fatale qui nous est parvenue jusqu’alors.

UN ALBUM HYBRIDE. Les deux auteurs façonnent un album hybride d’une grande richesse iconographique, qui conjugue les qualités du roman graphique et celles du dossier documentaire. Doté d’un dessin puissant, évocateur, et d’une belle sensualité, l’album voit se côtoyer de larges pans rédactionnels et des planches dont le graphisme et la couleur empruntent à l’imagerie très glamour de la période. Florent Maudoux traduit les derniers jours de la vie de la jeune femme avec son style propre – un hyperréalisme coloré et lumineux – tout en jouant avec les codes du polar noir américain, ce qui ajoute de la crédibilité à ce qui s’apparente à une reconstitution historique. Un format généreux et une réalisation particulièrement soignée finissent de faire de cette BD un objet éditorial inédit et original.

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Réalisé en 2002 par RUN, le court métrage Mutafukaz, annonciateur de la B.D., fait le tour du monde et est nommé au Sundance Festival en 2003.

RUN crée le Label 619 en 2008 au sein d’Ankama Édition, qu’il dirige seul pendant 13 ans.

La collaboration de Florent Maudoux avec Run (Guillaume Renard) et le Label 619 débute en 2008 avec la série Freaks’ Squeele, qui est immédiatement un succès auprès d’un public adolescent et jeune adulte de tout genre.

Chez Rue de Sèvres, il publie, toujours au sein du Label 619, le 7e tome de Funérailles, en parallèle à A Short Story.

À découvrir ailleurs, dans la même ambiance

Le Dahlia Noir (The Black Dahlia, 1987) de James Ellroy. Traduit de l’américain par Freddy Michalski (1988).

Le Dahlia Noir (The Black Dahlia, 2006), film américain de Brian de Palma. 2h. Avec Josh Hartnett et Scarlett Johansson, Hilary Swank. Int -12 ans.

Le Dahlia Noir (2013), une BD de David Fincher (scénario), Matz (scénario) et Miles Hyman ‘Dessin, Couleur). D’après James Ellroy.