BODYGUARD, de Jed Mercurio

Série TV
Bien
Très bien
Un Must
Yes ma’am

Le pitch

David Budd, jeune vétéran de guerre aussi héroïque que perturbé (euphémisme), est affecté à la protection rapprochée de la ministre de l’Intérieur britannique, Julia Montague (prononcez Montèguiou), dont il méprise profondément la politique conservatrice. Va falloir faire avec. Ou pas ?

Ce thriller sur l’arrière-cuisine politique fut la série la plus suivie outre-Manche en 2018 avec à la clé, un Golden Globes du meilleur acteur pour Richard Madden. Succès tout à fait mérité pour une série au suspense terriblement bien maintenu de bout en bout, avec un petit arrière-goût de soap vénéneux assumé. Et pourquoi pas ?

Pourquoi je vous le conseille ?

Parce que le créateur de la série, Jed Mercurio, démontre une fois de plus sa maîtrise impressionnante de la tension dramatique. Pour la mise en scène efficace aussi bien dans les morceaux de bravoure au suspense millimétré que dans les scènes intimistes. Pour les acteurs, toujours justes dans l’expression de leur complexité. Car on y découvre certains aspects peu reluisants des coulisses du pouvoir. Pas si étonnant mais toujours instructif. Pour les vingt premières minutes du premier épisode. Car la série nous questionne sur l’équilibre fragile (impossible ?) à instaurer entre libertés individuelles et besoins sécuritaires. Du très bel ouvrage.

SUSPENSE ET TENSION. Créée et écrite par le talentueux Jed Mercurio (auteur de l’excellente série policière Line of duty), Bodyguard a connu des audiences faramineuses lors de sa diffusion sur la BBC à l’été 2018. Grâce à un premier atout incontestable : le suspense remarquable qui tient la route et se renouvelle tout au long des six épisodes ramassés que compte la saison. Un récit parano qui oscille entre réflexions douloureusement actuelles (la gestion politique du terrorisme, les conséquences liberticides de l’état d’urgence) et hommage aux thrillers d’action politiques à la 24h chrono (en plus subtil et mieux joué – pas dur) ou State of Play (Jeux de Pouvoir, de Paul Abbott). Ce thriller nous garde sous tension permanente, à l’image de la séquence d’ouverture, à couper le souffle. 20 minutes qui donnent le ton d’une série qui regorge de séquences spectaculaires, à la réalisation très efficace.

INTERPRÉTATION IMPECCABLE. Deuxième grand atout de la série : le duo formé par le garde du corps et sa patronne.  Honneur aux hommes, avec le héros musclé au regard magnétique, David Budd, vétéran d’Afghanistan devenu flic, joué intensément par Richard Madden (le Robb Stark de Game of thrones). Un héros aux pieds d’argile et à l’accent écossais à couper au couteau, qui balance des Yes ma’am plus ou moins respectueux à sa boss Julia Montague, ministre sous tension jouée avec panache et détermination par Keeley Hawes (star de la télé anglaise, nettement moins connue chez nous). Toute en nuance, elle parvient à faire de cette femme aux frontières de l’extrême droite, qu’on aimerait tant détester, une politique attachante, froide, mais jamais dénuée d’humanité. Entre les deux, une relation moins évidente que dans la chanson de Whitney Huston, alors que la pression terroriste et la suspicion de complot contre la ministre œuvrent au rapprochement des corps. Dans une relation plus complexe qu’il n’y parait et qui évite le gnagnan grâce à l’ambiguïté des personnages. Car si l’ambitieuse et glaçante Julia prône une politique ultra-conservatrice qui va à l’encontre des convictions de son bodyguard, elle sait aussi se montrer humaine, attachante, amicale. Alors même que David connait une mauvaise passe dans son couple. Comme je disais, pas si simple…

UNE AMBITION POLITIQUE. Complotisme, guéguerres à tout va (entre politiques du même parti, entre services de polices, agences de renseignement et de contre-espionnage), conflits d’égos, scandales étouffés … Bodyguard résonne avec certaines thématiques contemporaines de l’Angleterre (et d’ailleurs) dans un climat général de paranoïa et d’opacité de fonctionnement des institutions étatiques. Des clivages qui se durcissent dans un contexte démocratique sous pression de possibles attentats djihadistes, et qui nous questionnent sur ce qu’on est prêt à sacrifier, dans la lutte contre le terrorisme. Toute ressemblance avec un autre contexte politique brûlant d’actualité serait fortuite bien sûr.

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La fiche

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Jed Mercurio est notamment le créateur de l’excellente série Line of Duty (depuis 2012, 6 saisons, 6 épisodes de 52 min par saison). Avec Martin Compston, Vicky McClure, Adrian Dunbar. La brigade AC12 s’occupe de l’anti-corruption au sein de la police nord-irlandaise. Chaque saison voit un couple de lieutenant de cette unité mener son enquête de terrain sur un cas. Une série de très grande qualité.

À découvrir ailleurs, dans la même ambiance

State of play (Jeux de Pouvoir, 1 saison, 6 épisodes de 52 min), série Britannique de Paul Abbott. Au sein du New Labour, le Parti Travailliste du Premier Ministre anglais Tony Blair, les corruptions se font jour. Avec Bill Nighy, Kelly Macdonald, David Morrissey.

Homeland (2011-2020, série américaine adaptée de la série originale israélienne Hatufim. 8 saisons, 96 épisodes, 18 prix). Huit ans après la disparition de deux soldats américains lors de l’invasion de Bagdad, l’un d’entre eux réapparaît, seul survivant alors que tout le monde le pensait mort depuis longtemps. Rapatrié aux États-Unis, il est accueilli chaleureusement par sa famille, ses amis et le gouvernement. Seule contre tous, l’agent de la CIA Carrie Mathison, qui a passé plusieurs années en Afghanistan, est persuadée que le héros est en réalité devenu un espion à la solde de l’ennemi.