A VERY ENGLISH SCANDAL, de Russell T. Davies

Série TV
Bien
Très bien
Un Must
Fin de règne

Le pitch

1960-1979. Portrait haut en couleur du leader du Parti Libéral britannique Jeremy Thorpe, accusé de complot et d’incitation au meurtre par un ancien amant. Une affaire abracadabrantesque, qui fit grand bruit dans l’Angleterre de la fin des années 1970. Une mini-série qui dépeint avec humour et brio l’hypocrisie de la bonne société britannique.

Pourquoi je vous le conseille ?

Parce que cette série au ton cruel et drôle traite avec élégance certains enjeux majeurs de l’Angleterre d’alors : la place (intenable) des homosexuels dans la société et la corruption du système politique. Pour Stephen Frears, si rare désormais au cinéma, et finalement aussi bon à la télévision. Car les acteurs sont fantastiques. Parce qu’on y dresse un portrait drôle et cruel d’une société Britannique tenue par la peur, l’hypocrisie, le mépris de classe et le ressentiment. ET l’humour, of course. Drôle et cruel : So British.

LUTTE DES CLASSES. C’est l’histoire d’une étoile montante du Parti Libéral britannique, Jeremy Thorpe (Hugh Grant), et d’un palefrenier, Norman Scott (Ben Whishaw). L’un issu de l’élite, diplômé d’Oxford et des public schools (écoles privées en français dans le texte), cynique, puissant, froid comme un poisson. L’autre totalement paumé, sujet à des désordres psychiatriques, irrésistiblement attiré par les excès. En filigrane de cette histoire d’amours interdites, A very English Scandal dessine avec cruauté et humour, un système politique et social où règne encore une opposition de classes évidente ; un mépris non déguisé que l’on retrouve comme un fil rouge tout au long de cette mini-série ultra caustique.

UNE SOCIÉTÉ EN MUTATION. À l’époque où démarrent les faits, au tournant des années 50, l’homosexualité est toujours passible de prison dans une Grande-Bretagne encore bien engoncée dans son puritanisme. Alors que les faits vont se déployer sur près de 20 ans, la série va dévoiler la mutation progressive d’un pays qui vivra la fin d’un Empire, la révolution pop, jusqu’à l’avènement de l’ère Thatcher.

HUMOUR NOIR ET CAUSTIQUE. Ce choix d’un second degré délicieusement cynique accentue le ridicule de cette histoire aussi lamentable que terrifiante. Quelques bonnes parties de rigolade irriguent le récit, notamment dans le second épisode où l’on découvre la préparation puis l’exécution du projet criminel par quelques pieds-nickelés savoureux. Car l’on retient avant toute chose dans ce drame politique, le bal des personnages pittoresques et tellement maladroits qu’ils se retrouvent pris dans des engrenages désastreux. À commencer par les deux principaux protagonistes, drôles et pathétiques. Hugh Grant rigidissime, parfaitement arrogant et odieux (physiquement méconnaissable) et Ben Whishaw, mythomane, émouvant et insupportable. Où l’empathie des auteurs pour leurs personnages, aussi insupportables soient-ils, finissent par nous les rendre familiers et touchants, dépassés qu’ils sont par des forces supérieures qui les dépassent.

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Stephen Frears est un réalisateur de talent à l’origine de quelques films noirs très remarquables.

The Hit : le tueur était presque parfait (The Hit, 1984). Avec Terence Stamp, John Hurt, Tim Roth. Le gangster Willie Parker coule des jours heureux depuis qu’il a dénoncé ses complices à la police. Mais la vérité le rattrape lorsque son ex-associé engage un tueur pour se venger.

Les Arnaqueurs (The Grifters, 1991). Avec Anjelica Huston, John Cusak, Annette Bening. D’après Donald E. Westlake. Interdit -12 ans. Roy, escroc à la petite semaine, est tiraillé entre Lilly, mère possessive, et Myra, sa petite amie, qui ne supporte pas leurs rapports incestueux. Myra décide de rompre leurs liens. Son geste aura des conséquences tragiques et inattendues.

Tamara Drewe (2010). Avec Gemma Arterton, Roger Allam, Dominic Cooper. D’après le roman graphique de Posy Simmonds. Tous sont attirés par Tamara dont la beauté pyromane et les divagations amoureuses éveillent d’obscures passions qui vont provoquer un enchaînement de circonstances aussi absurdes que poignantes dans son village natal où elle est revenue après une longue absence. Truculent.

J’en profite pour lister quelques autres films vraiment chouettes de Frears, mais qui ne sont pas des polars : My Beautiful Laundrette (1985), Sammy et Rosie s’envoient en l’air (1987), Prick-up your ears (1987), Les Liaisons Dangereuses (1988), The Snapper (1993), The Van (1996), High Fidelity (2000), The Queen (2006) …

Russell T Davies est le showrunner de l’excellente série britannique Years and Years (2019). 6×60 min. BBC.  Avec Emma Thompson, Anne Reid, Rory Kinnear, T’Nia Miller. Une dystopie vue au travers de la vie d’une famille, alors que la Grande-Bretagne se retire de l’Europe et qu’un nouveau monde émerge.

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A very British Scandal (2021, 3×60 min, Grande-Bretagne), 2ème volet de la franchise amorcée avec A Very English Scandal. Créée par Sarah Phelps. Avec Claire Foy, Paul Bettany, Olwen May. La chronique du divorce du Duc et de la Duchesse d’Argyll, l’une des affaires judiciaires les plus notoires du XXème siècle.