LES DYNAMITEURS, de Benjamin Whitmer

Pour sa vision radicalement noire du passage à l’âge adulte qui scelle la fin de l’innocence. Parce que la preuve en est que les histoires d’amour qui finissent mal (en général) nous étreignent le coeur. Parce que chacun peut retrouver une part d’enfance dans ce récit hautement nostalgique. Pour le temps qui passe, pour ce que l’on est devenu, pour les occasions ratées et les amours perdues.

WESTERN ET LUTTE DES CLASSES. La violence est reine dans cette Denver en proie à la misère sociale, économique et politique. Les gangs règnent en maître dans des rues où bars louches et autres maisons closes sont les témoins de scènes d’une rare violence. La lutte pour la survie y est âpre et sans concession. Une lutte vécue et décrite du point de vue des laissés pour compte qui n’ont que peu d’espoir d’en réchapper, car les puissants ont fait main basse sur la ville, ses richesses et en corrompant tout sur leur passage. Parce que Benjamin Whitmer est une voix qui pèse dans le roman noir américain.

UN ROMAN D’INITIATION où chaque chapitre en décrit les étapes : « Sam assiste à la naissance d’un conseiller », « Sam apprend une bonne leçon à propos des riches »… Chaque étape rapproche notre narrateur de la sortie de l’enfance, bien qu’il tente désespérément d’en réchapper. Car il est tellement difficile à négocier ce virage quand on sait d’avance que cette confrontation au monde des adultes n’apportera rien de bon. Une contamination qui signera sa perte ?

UNE HISTOIRE D’AMOUR TRAGIQUE. Pour tenter de sauver Cora, Sam accepte de se perdre, et donc de la perdre. Cette oeuvre très noire offre peu d’espoir, mais un vrai souffle tragique et romanesque.