EL EDÉN, d'Eduardo Antonio Parra

Livre
Bien
Très bien
Un Must
Une virée en enfer

Le pitch

Au nord du Mexique, El Edén est une petite ville tranquille posée sur la frontière. La vie y est plutôt douce jusqu’au jour où commencent à s’y implanter les narcotrafiquants. Guérillas, rackets, embuscades, exécutions sommaires se multiplient… Une nuit, tout dégénère, et le paradis devient enfer. Huit ans plus tard, deux rescapés, alcooliques à la dérive, se souviennent. Un roman noir d’un réalisme oppressant. Effroyable mais nécessaire.

Pourquoi je vous le conseille ?

Car on y subit la guérilla, de l’intérieur, en apnée. Pour mieux cerner les ressorts de la corruption et des rackets en tous genres qui minent le Mexique contemporain. Parce qu’on ne peut commencer à imaginer la violence abyssale qui s’abat sur des populations civiles abandonnées à leur terrible sort. Un livre indispensable, mais d’une extrême noirceur. Âmes sensibles…

UNE NUIT SANS FIN. En une nuit de destruction, toute la beauté d’une ville est engloutie et les rares souvenirs heureux enterrés. Il aura suffi de l’affrontement meurtrier et aveugle entre deux bandes rivales de narcotrafiquants pour annihiler tout espoir fragile de bonheur. Dans un déchaînement de violence à peine concevable, on comprend, on vit, la terreur des femmes, des hommes, des enfants, écrasés de peur. Pour eux et pour leurs proches. Parra nous entraîne à leurs côtés dans le dédale des rues incendiées et narre avec un grand talent les sentiments d’effroi et d’urgence vécus par les habitants d’une ville qui, au petit matin, ne sera plus. Un récit dantesque qui n’occulte pas la résurgence de souvenirs heureux. Comme l’amour fou de Dario pour Norma. Et inversement. Deux ados, parmi tant d’autres, à qui on a volé la vie.

UNE VIE D’ERRANCES. « On a beau faire taire les souvenirs, ils laissent un vide que rien ne peut combler. » D’un chapitre à l’autre, les deux narrateurs convoquent des bribes de souvenirs, perdues dans les vapeurs d’alcool. Boire pour oublier, s’oublier et tenter de faire face. Le récit, à deux voix, voyage entre présent et passé. Les deux temps de la narration mêlent les souvenirs, indécis, dans une sombre confusion. Le titre original Labirento décrit bien ce méandre, ce labyrinthe de la mémoire où les sensations se perdent. Où émergent quelques rare images de bonheurs passés, fugaces. Mais qui surtout donne un insoutenable sentiment de gâchis.

UNE IMPOSSIBLE RECONSTRUCTION ? Ce qui frappe le plus peut-être à la lecture de ce roman noir et abrupt, est l’impunité absolue qui règne dans le pays. Ni la police ni l’armée ne peuvent rien contre l’emprise des narcotrafiquants sur la société mexicaine. Voire, ils y contribuent. Dans cette impasse de violence, on entrevoit l’alternative impossible qui se pose au Mexique contemporain : choisir le camp de la soumission, considérée comme lâche ou celui de l’héroïsme, suicidaire. Comment faire le choix de vivre dans ces conditions ? Peut-être est-ce là l’ultime violence.

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