UNE NUIT, de Philippe Lefebvre

Film
Bien
Très bien
Un Must
Ronde de nuit

Le pitch

À Paris, un policier de la «Mondaine» effectue sa tournée rituelle des établissements de nuit lorsqu’il se rend compte qu’il est surveillé. Quelqu’un cherche à le piéger. Une nuit décidément pas comme les autres. Un film noir d’atmosphère à l’angoisse diffuse. Réaliste et inspiré, documenté et prenant. Une très jolie surprise.

Pourquoi je vous le conseille ?

Car cette chronique policière nocturne et mélancolique est une belle et élégante réussite. Pour savourer un cinéma à l’ancienne de belle facture, calmé et posé, convoquant Melville et Michael Mann (toutes proportions gardées), où un homme lutte de toutes ses forces contre la fatalité. Car ce film noir d’ambiance nous immerge dans un Paris crépusculaire et interlope avec réalisme, sans en faire trop, mais suffisamment crédible pour nous dépayser. Pour Roschdy, royal, comme à son habitude. Parce que c’est un film au charme fou. Classique. Élégant. Subtilement angoissant.

POUR L’AMBIANCE PARIS BY NIGHT. Une nuit est un film noir élégant et racé qui évoque Les ambiances melvilliennes, privilégiant une ambiance à l’action. Une déambulation de bar en bar où chaque lieu recèle cette sauvagerie naturelle et instable propre au monde de la nuit. Une errance dans les quartiers troubles de Paris comme un temps suspendu, arrêté sur lui-même. Où l’on découvre un monde en vase clos, qui se suffit à lui-même. Filmé dans un rythme lent, calme, posé. Alors que le genre tend habituellement à jouer la surenchère de violence, de rebondissements et d’effets spéciaux, Une nuit fait le choix de l’épure atmosphérique. Dans un éloge de la lenteur où l’action est ramassée dans une unité de lieu, de temps et d’action. Où des scènes, a priori identiques, se suivent et se répètent. Et où pourtant la tension s’intensifie. Insidieusement. Progressivement. Irrémédiablement.

POUR LE RÉALISME. Deux anciens policiersPhilippe Isard et Simon Michaël (coscénariste de Pierre Jolivet) ont accompagné le réalisateur Philippe Lefebvre à l’écriture du scénario. Cette part de réalisme transparait dans cette nuit sans fin, royaume du commissaire Simon Weiss. Un monde où se côtoient les insomniaques, les fêtards et les paumés en tous genres. Un monde de compromission aussi. Peuplé de vieux malfrats bagousés et de nouveaux p’tits jeunes aux dents longues. Constitué de contacts et de services rendus, de jeux dangereusement limites. De parole donnée, perdue, trahie. Où la ligne est vite franchie qui sépare le Bien du Mal. Le flic honnête du ripou, dans un métier compliqué jouant systématiquement avec les limites de la loi et des règles. Les règles d’un jeu de dupes à grande échelle.

POUR ROSCHDY. Royal, il incarne avec une intense subtilité, dans une posture abstraite et intemporelle, ce personnage au spleen existentiel. Usé par les trahisons, étreint par une immense fatigue. Peu disert et fidèle en amitié. À la vie à la mort. Comme un certain flic joué par Delon chez Melville. La caméra, très mobile, suit au plus près ce personnage tragique dont on observe en direct le combat : comprendre la nature du piège qu’on lui a tendu. Se venger. Et tenter de sortir de la nasse. Il n’a que quelques heures pour cela, avant que le soleil ne se lève. Quelques heures à être encore le roi de la nuit et disposer de quelques cartes maîtresses.  Comme le droit de vie et de mort sur ces cabarets de luxe qu’il peut autoriser ou fermer à sa guise. Après, il sera trop tard.

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La fiche

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Couleur / noir et blanc :

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Réalisateur de deux honnêtes thrillers dans les années 80 (Le Transfuge et Le Juge ci-dessous), Philippe Lefebvre travaille plus de vingt ans pour la télévision avant de réaliser Une Nuit.

Le Transfuge (1985). Avec Bruno Cremer, Heinz Bennent, Jean-François Balmer. Bernard Corain, le patron d’une P.M.E. française, est recruté par la D.G.S.E. dans le cadre d’une importante opération.

Le Juge (1984). Avec Jacques Perrin, Richard Bohringer, Daniel Duval. Le juge Muller décide de s’attaquer à un réseau de trafiquants de drogue dans les Vosges. Sachant le puissant Rocca à la tête d’un gros commerce illégal, il s’octroie l’aide de son ami, le commissaire Inocenti, qui réussit à faire arrêter Rocca pour un délit mineur. Seulement, ce dernier est très vite libéré et entame une campagne meurtrière contre Muller qui, lui, s’intéresse à la compagne du truand, Régine Sauvat.

À découvrir ailleurs, dans la même ambiance

Un Flic (1972) de Jean-Pierre Melville. Avec Alain Delon, Richard Crenna, Catherine Deneuve. Edouard Colemann est inspecteur de police. Il mène une vie morose, mais le début d’une liaison avec Cathy l’aide un peu. Cependant, Cathy est aussi la petite amie de Simon, ami de Coleman et trafiquant de drogue. Lorsque Edouard doit enquêter sur un crime impliquant Simon, leur rivalité va éclater. Un incontournable. Un must.

Collateral (2004). Filma américain de Michael Mann. Avec Tom Cruise, Jamie Foxx, Jada Pinkett Smith. Max est taxi de nuit à Los Angeles. Un homme prénommé Vincent, un businessman selon toute apparence, avec un emploi du temps chargé, monte dans son taxi. Max accepte de lui louer ses services jusqu’au petit matin, en échange de 600 dollars. Mais en fait, le business de Vincent est un peu particulier…

Narc (2003). Film américain de Joe Carnahan. Avec Jason Patric, Ray Liotta, Chi McBride. Int -12 ans. Deux flics (dont un au bout du rouleau) enquêtent sur la mort d’un coéquipier. Un polar complexe et troublant avec deux acteurs rares.

Training Day (2001). Film américain d’Antoine Fuqua. Avec Denzel Washington, Ethan Hawke, Tom Berenger. Int -12 ans. Jake Hoyt est une nouvelle recrue de la police de Los Angeles. Mis à l’essai auprès du sergent-chef Alonzo Harris, un vétéran de la lutte antidrogue qui opère dans les quartiers les plus chauds de la ville, Jake va vivre une longue et périlleuse tournée. Un film d’action qui déménage. Efficace à n’en pas douter ! Deyx acteurs à leur top.

L’Elite de Brooklyn (Brooklyn’s finest, 2010). Film américain d’Antoine Fuqua. Avec Richard Gere, Don Cheadle, Ethan Hawke. Int -12 ans. Le destin funeste de trois flics qui se croisent dans une nuit d’enfer à Brooklyn. Un film nihiliste où les acteurs arrivent à nous toucher.