L’INNOCENT, de Louis Garrel

Film
Bien
Très bien
Un Must
Pour le plaisir

Le pitch

Rendu inquiet (tendance parano) par le mariage de sa mère avec Michel, un ex-prisonnier, Abel prend celui-ci en filature et se retrouve embarqué dans une série de péripéties hilarantes, au bras de sa meilleure amie Clémence. Il y a du Lubitsch dans cette comédie pétillante et enlevée, mâtinée de film de braquage qui s’avère un vrai bon film, burlesque et attachant. Réjouissant, vif et romantique : un film coup de cœur comme un antidote à la déprime. À savourer dès 12 ans !

Pourquoi je vous le conseille ?

Parce que cette histoire de braquage en famille, tendre et extravagante, souffle un vrai vent de fraîcheur dans ce monde de brutes qu’est le polar. Et ça fait du bien. Car avant la fin annoncée de notre civilisation, il faut saisir toute occasion de prendre son pied alors on ne va pas bouder 1h40 de divertissement intelligent, drôle et espiègle. Parce qu’en puisant dans ses souvenirs adolescents – sa mère Brigitte Sy ayant épousé un détenu quand il avait 18 ans – Louis Garrel exprime tout son amour de la comédie et du métier d’acteur. Car il faut saluer le pari risqué et relevé haut la main de combiner comédie romantique et film de casse. Pour les acteurs, tous réjouissants, qui nous font pleurer de rire et d’émotion. Parce que cette relation entre une mère immature et rayonnante et un fils trop sérieux et déprimé fait des étincelles. Un petit coup de cœur.

UNE COMÉDIE POLICIÈRE DRÔLE ET LÉGÈRE. Ne vous fiez pas aux rôles de beau ténébreux façon Nouvelle Vague que Louis Garrel a souvent endossés (avec talent !) dans sa carrière. Son 4ème film en tant que réalisateur est une comédie policière et romantique très réussie, événement suffisamment rare pour qu’on s’y intéresse de près. Dans une écriture et une mise en scène enlevées et trépidantes, ce polar pour rire joue sur plusieurs tableaux, de la comédie burlesque à l’intrigue sentimentale, jusqu’à la course poursuite effrénée digne des meilleurs polars. Et si le scénario se plie magnifiquement aux codes du film de casse – avec filatures, discussion dans les troquets sordides et revolvers en pogne – c’est pour mieux les déjouer.  Car L’Innocent se veut surtout un film d’amour sur la comédie et le métier d’acteur.

UN AMOUR DES COMÉDIENS ET DU THÉÂTRE. Descendant d’une longue lignée d’artistes, Louis Garrel a monté son film comme une pièce de théâtre, avec ses répétitions et son casting. Ses doutes et ses scènes ratées. Où chacun devient pleinement lui-même en jouant le rôle d’un autre. Les comédiens ne s’y sont pas trompés et s’en donnent à cœur joie. Louis Garrel lui-même joue avec justesse ce fils pessimiste et déprimé, à la fois responsable et totalement à côté de la plaque. Roschdy Zem, magnifique canaille qui en impose, comme toujours. Anouk Grinberg, amoureuse rayonnante qui poursuit sa vie à sa façon, chaotique mais joyeuse. Noémie Melrant (Portrait de la jeune fille en feu, Les Olympiades…), la meilleure amie, pétulante, absolument irrésistible dans un registre burlesque où on ne l’attendait pas forcément. Un quatuor exceptionnel de fantaisie et de naturel, auquel on se doit d’ajouter Jean-Claure Pautot, ancien vrai détenu, complice de Michel qui se mue en coach théâtral musclé. Et Yanisse Kebbab, un pigeon magnifique.

UN FILM INDÉMODABLE. L’innocent se déroule de nos jours, à Lyon. Pourtant, sa bande-son nous parachute direct dans les années 1980. « J’ai voulu faire un film de variété » glissait Louis Garel en interview. Un film populaire, qui touche maximum de cordes sensibles.  Pour le Plaisir d’Herbert Léonard, Nuit Magique de Catherine Lara, Une autre histoire de Gérard Blanc, I Maschi Gianna Nannini… Louis Garrel n’a pas 40 ans et nous régale du best of pop du Top 50 qui nous soustrait de notre espace-temps. Aidé en cela par des décors originaux – un aquarium filmé comme une bulle féérique – dans une lumière bleutée de fin de journée d’hiver. Un film touché par une certaine grâce, une aisance. Un délicieux marivaudage sur un air de polar.

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