LE PRIVÉ, de Robert Altman

Film
Bien
Très bien
Un Must
Marlowe en costume fripé

Le pitch

Los Angeles, où Marlowe est transposé dans les années 70. Peu importe l’intrigue – une sombre histoire de femme assassinée – elle n’a pas d’importance comme souvent chez Chandler. On pourrait aussi bien dire que c’est l’histoire d’un homme qui perd son chat et son meilleur ami. (Très) libre adaptation du roman de Raymond Chandler The Long Goodbye (Sur un air de Navaja). Un film décrié à sa sortie et progressivement réhabilité pour devenir un classique. On s’en réjouit.

Pourquoi je vous le conseille ?

Pour la nonchalance d’Elliott Gould et son humour caustique. Pour le spleen que dégage ce film sous LSD. Pour la musique de John Williams. Parce qu’il offre une panoplie de seconds rôles savoureux (dont Schwarzie en slip jaune – je vous laisse découvrir). Car c’est un film à la fois daté et indémodable. Ce film noir baigné de lumière blanche mérite amplement sa réhabilitation dans le panthéon des grands classiques du genre.

POUR ELLIOTT. Le costume fripé de Marlowe lui va comme un gant. Avec sa clope au bec et le détachement qui le caractérise, il campe un Marlowe savoureux, cabotin et nonchalant. Un looser dépassé par les mœurs de son temps. Un romantique qui est resté attaché à des valeurs totalement dépassées (l’amitié, le sens de l’honneur) et à sa vieille bagnole (une Lincoln Continental Convertible de 1948). Un vieux cool qui assène des « It’s ok with me ! » (je m’en balance) à tour de bras. Le Marlowe version Gould est très loin de Humphrey Bogart, Robert Mitchum ou Dick Powell qui ont aussi revêtu le costumé du privé chandlérien. Lui, observe laconiquement ses contemporains que décidément, il ne comprend pas.

THE LONG GOODBYE AU FILM NOIR. Le Privé est une satire du film noir et lui tire – de très belle manière – sa révérence.  Marlowe, débarqué des années 50, n’a aucune prise sur le monde. Il n’est pas au cœur de l’action, il en est tout juste le fil directeur. Très loin du détective omniscient et sûr de lui, il ne comprend rien, ou alors trop tard. Il est perdu, dépouillé de tous ses attributs héroïques alors que s’ouvre la décennie 70 où le métier de détective privé est considéré minable. Si on rajoute à la liste toutes les dérives du L. A. de l’époque (cannabis, femmes qui dansent à moitié nues, et j’en passe), Marlowe n’a plus que son chat comme seul confident. Magnifiquement anachronique.

LA MISE EN SCÈNE DE ROBERT ALTMAN. L’humour et l’irrévérence d’Altman se retrouvent parfaitement dosés chez Elliott Gould qu’il a déjà fait tourner dans M*A*S*H*. L’ouverture du film est à ce titre révélatrice. Dix minutes de prologue sans action où Marlowe conduit, soliloque et tente de nourrir son chat récalcitrant (clin d’œil à Tueur à gages de Franck Tuttle ?). Un morceaude bravoure. Altman convoque d’autres talents qui participent à la singularité du film. Leigh Brackett à l’écriture (Rio Bravo, L’Empire Contre-attaque), et dont le scénario sera retouché en cours de tournage par les acteurs eux-mêmes, dont le grand Sterling Hayden aux allures d’Ernest Hemingway. John Williams à la musique (Star Wars…), qui compose un jazz suave inoubliable. A l’arrivée, cela donne un grand classique à l’intrigue vaseuse mais au spleen éclatant, à la douce mélancolie, teinté d’ éclairs de violence et de traits de génie.

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La fiche

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Filmographie très sélective.  Je ne peux pas ne pas citer M*A*S*H* (1970). Mais aussi John McCabe (1971) ; The Player (1992) ; Short Cuts (1993) ; Gosford Park (2001).