LA LOI DE TÉHÉRAN, de Saeed Roustayi

Film
Bien
Très bien
Un Must
Iranian Connection

Le pitch

Dans les bas-fonds de Téhéran, mais pas seulement.  Un flic teigneux aux méthodes brutales et expéditives traque sans répit un parrain de la drogue. À couper le souffle.

NB : Le titre originel et international du film – Just 6.5 – fait référence au nombre toujours croissant de toxicos en Iran, pays frontalier de l’Afghanistan, où la narco-économie fait florès. Or en Iran, la sanction pour possession de drogue est la même que l’on ait 30 g ou 50 kg sur soi : la peine de mort par pendaison.

Pourquoi je vous le conseille ?

Parce que ce film n’a pas d’équivalent. Pour la qualité du scénario. Parce que la mise en scène spectaculaire n’a rien à envier aux meilleurs polars américains. Car il est rarissime qu’arrive à émerger en Occident un nouveau talent venu d’Iran. Parce qu’il nous dévoile un monde inédit et fascinant. Car c’est un petit miracle en soi que ce polar social sans concession ait pu voir le jour et tendre un miroir brutal de l’état du pays, au monde en général, et à l’Etat iranien en particulier.

LA SOCIÉTÉ IRANIENNE SANS VOILE. Saeed Roustayi, jeune réalisateur de 31 ans, avait d’abord songé à réaliser un documentaire sur les ravages du crack avant de se tourner vers la fiction, donnant ainsi naissance à ce film immense, documenté, saisissant. Enorme succès en Iran (2.5 millions d’entrées en salles et autant en VOD), ce film, qui a miraculeusement passé la barrière de la censure à maintes reprises, dresse un tableau impitoyable et sans pathos d’un pays ravagé par la drogue, la corruption et la misère sociale. Difficilement croyable.

UNE CONSTRUCTION SURPRENANTE DU RÉCIT. La narration en deux temps défie les pronostics. Le film démarre en trombe, comme un polar à l’américaine hyper tendu avec courses-poursuites et interrogatoires musclés, où un flic des stups enragé et vociférant est déterminé à remonter la filière de la drogue, du consommateur au parrain. Il remonte un à un les maillons pour enfin atteindre le big boss. Ou du moins le croit-il. C’est alors que démarre la seconde partie du film, véritable analyse d’une société iranienne méconnue. Un film-dossier complexe qui nous plonge dans le chaos dantesque des geôles iranienne et les arcanes d’une justice impitoyable. On passe d’un héros à un autre, avec ruptures de tons et point de vue panoramique, du flic au truand et jusqu’aux consommateurs, hagards et toujours plus nombreux. Un diagnostic sans espoir qui fait froid dans le dos.

UNE PERFORMANCE D’ACTEURS. Ils sont engagés à 100%. Le flic (Payman Maadi, le mari d’Une séparation d’Asghar Farhadi) sonne la charge, gesticule, ne lâche jamais rien. C’est de l’énergie en mouvement permanent. Il n’est pas sans rappeler Popeye, interprété par Gene Hackman dans le French Connection de William Friedkin. Mais qu’est-ce qui le fait courir et aboyer ? La loi rien que la loi ? Face à lui, le Parrain (Navid Mohammadzadeh) richissime et suicidaire, en quête d’une revanche sociale qu’il va payer au prix fort. Des performances hallucinantes.

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La fiche

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À découvrir ailleurs, dans la même ambiance

Traffic (2000) de Steven Soderbergh. Film choral qui entrecroise des destins sur le chemin du trafic de drogue entre le Mexique et les US. Avec Michael Douglas, Benicio del Toro, Catherine Zeta-Jones.

The French Connection (1971) de William Friedkin. Un modèle du genre. Avec Gene Hackman, Roy Scheider, Patrick McDermott