BIENVENUE À GATTACA, d'Andrew Niccol

Film
Bien
Très bien
Un Must
Classique de la SF

Le pitch

À Gattaca*, la génétique a pris le pouvoir. Dans cette société parfaite, l’humanité est faite de deux castes, classées par qualité d’ADN, où seuls les « valides » comptent. Les « invalides » ayant droit aux emplois subalternes. Mais qui peut les empêcher de tricher ? Sans effets spéciaux ni gadgets, Andrew Niccol renouvelle avec éclat le film de SF. Un premier film qui est devenu un grand classique du cinéma d’anticipation. Un cauchemar élégant, librement inspiré d’un grand classique du genre, Le Meilleur des mondes, du Britannique Aldous Huxley. Glaçant de beauté. Chapeau.

*Le terme Gattaca est une référence au génome humain. Plus particulièrement aux initiales des bases de l’ADN : c’est-à-dire ACTG, les quatre nucléotides de l’ADN – Guanine, Cytosine, Adénine et Thymine – qui composent le titre Gattaca.

Pourquoi je vous le conseille ?

Car cette dystopie eugéniste est devenue un jalon du cinéma d’anticipation, nourrissant le débat sur les questions de transhumanisme*. Pour l’intelligence et la clarté du scénario qui n’appelle pas à une surenchère d’effets spéciaux. Pour l’esthétique rétro futuriste, élégante, glaçant, oppressante. Car son trio de très jeunes acteurs fait des merveilles.

*Courant de pensée selon lequel les capacités physiques et intellectuelles de l’être humain pourraient être accrues grâce au progrès scientifique et technique

LE MEILLEUR DES MONDES. Dans une société où les gènes priment, l’enfant conçu naturellement est l’exception. Il n’a que peu de chances d’être parfait et donc d’accéder à une vie décente. Les couples procréent désormais in vitro afin de parfaire l’ADN de leur progéniture, pour bannir de l’asthme à la myopie, et ainsi accéder aux meilleures carrières possibles. Un monde où le progrès scientifique façonne une société eugéniste et inégalitaire, où l’élite est réservée à ceux qui peuvent s’offrir ce luxe. Hélas pour lui, Vincent (Ethan Hawke) a été conçu à l’ancienne. Il est né avec quelques imperfections qui, dans un monde soumis à une impitoyable sélection génétique, bouchent ses perspectives d’avenir. Car il rêve de partir en expédition vers les étoiles. Un rêve inaccessible, pour lui qui serait bien incapable de passer les tests génétiques nécessaires pour entrer à Gattaca, la base d’entraînement des futurs astronautes. C’est compter son intelligence, son ingéniosité, sa détermination. Véritable fable politique d’anticipation sur les fantasmes de pureté et leurs dérives fascisantes, Bienvenue à Gattaca est aussi un formidable récit d’imposture. Un thriller qui enserre les individus et leurs émotions dans la prison froide et clinique d’une société transformée en laboratoire.

UN RÉTRO FUTURISME D’UNE GRANDE ÉLÉGANCE. Le monde selon Andrew Niccol n’apparait futuriste qu’à l’aune de certains détails qui évacuent le spectaculaire – telles des voitures électriques, qui étaient quasi inexistantes dans les années 90. Pour le reste, les personnages se meuvent avec angoisse dans des vêtements chics et stylisés empruntés au film noir, dans une architecture épurée et glaciale non sans rappeler la nôtre (le Marin County Civic Center, de Frank Lloyd Wright compte parmi les décors). Sur un rythme patient et ultra tendu, Niccol s’attache à nous faire éprouver l’angoisse du carcan qui pèse sur tous les rapports – professionnels, amoureux, familiaux – dans cette société parfaite qu’est Gattaca. Où chacun doit rester à sa juste place, prédéterminée par la sélection scientifique.

POUR LE TRIO DE JEUNES ACTEURS PROMETTEURS. En 1997, Ethan Hawke, Uma Thurman et Jude Law n’avaient pas encore la carrière que l’on sait et font le choix d’une sobriété de jeu qui n’a rien perdu de sa force avec le temps. La performance farouche et tendue d’Ethan Hawke, le dandysme désespéré de Jude Law et la fragilité d’Uma Thurman contribuent à l’image d’ensemble du film, terrifiante de beauté.

Partager :
FacebookTwitterEmail

La fiche

Titre français :

Titre original :

Réalisation :

Scénario :

Casting :

Bande Originale :

Nationalité :

Langue de la VO :

Année de sortie :

Durée :

Couleur / noir et blanc :

Si vous avez aimé, découvrez du même auteur

Scénariste du Truman Show (réalisé par Philip Kaufman, Andrew Niccol met en scène lui-même Bienvenue à Gattaca, sa première réalisation. S’ensuivent d’autres œuvres, notamment issues de la même famille de SF.

S1mOne (2002). 1h 55min. Avec Al Pacino, Catherine Keener, Evan Rachel Wood. Rien ne va plus pour le réalisateur Viktor Taransky : son dernier film est un navet monumental. Pour ajouter à la confusion, Nicola Anders, l’actrice principale de son nouveau long métrage, vient de quitter soudainement le plateau de tournage. Sans elle, l’oeuvre de Viktor n’a plus de raison d’être. Elaine, son ancienne femme, maintenant à la tête du studio qui l’a engagé, met fin à son contrat. Quelques mois plus tard, Viktor reçoit Simulation One, un logiciel révolutionnaire provenant d’un fan, Hank Aleno, un informaticien génial. Ce programme permet, à l’aide d’un simple clic de souris, d’animer à l’écran une actrice virtuelle au réalisme confondant, S1m0ne. Il lui vient alors une idée de génie : utiliser les possibilités offertes par ce logiciel pour terminer son film. Rapidement, la jeune femme séduit les foules et Viktor renoue avec le succès.

Anon (2021, Netflix). 1h40. Avec Rosalba Martinni, Doug Murray, Jean-Michel Le Gal. Dans un avenir où l’intimité est abolie, un enquêteur se penche sur le profil d’un tueur en série qui a été effacé de tous les enregistrements visuels.

Time Out (In Time, 2011). 1h45 Avec Amanda Seyfried, Justin Timberlake, Cillian Murphy. Bienvenue dans un monde où le temps a remplacé l’argent. Génétiquement modifiés, les hommes ne vieillissent plus après 25 ans. Mais à partir de cet âge, il faut « gagner » du temps pour rester en vie. Alors que les riches, jeunes et beaux pour l’éternité, accumulent le temps par dizaines d’années, les autres mendient, volent et empruntent les quelques heures qui leur permettront d’échapper à la mort. Un homme, accusé à tort de meurtre, prend la fuite avec une otage qui deviendra son alliée. Plus que jamais, chaque minute compte.

À découvrir ailleurs, dans la même ambiance

Matrix (1999), film américain de Lana et Lilly Wachowski. 2h15. 2h. Avec Keanu Reeves, Laurence Fishburne, Carrie-Anne Moss. Programmeur anonyme, Thomas Anderson est aussi l’un des pirates les plus recherchés du cyber-space. Il est contacté par un certain Morpheus. Ensemble, ils se lancent dans une lutte sans retour contre la Matrice et ses terribles agents.

Minority Report (2002), film américain de Steven Spielberg. 2h25. Avec Tom Cruise, Kathryn Morris, Colin Farrell. Dans une société futuriste, la division « Precrime » utilise des Pré-Cogs pour anticiper les crimes avant même qu’ils ne soient commis. John Anderton, le chef de ce département spécial de la police, se retrouve bientôt accusé d’un futur meurtre.

THX1138 (1971), film américain de George Lucas. 1h28. Avec Robert Duvall, Donald Pleasence, Don Pedro Colley. Les hommes vivent désormais sous terre et leur vie est entièrement régie par l’ordinateur. Un homme, THX 1138, va tenter de s’enfuir de ce monde impossible.