THE OLD MAN, de Jonathan Stein et Robert Levine

Parce que sous le vernis d’une série d’espionnage classique, The Old Man se révèle complexe et maline, les méchants n’étant pas forcément ceux auxquels on pense, selon le point de vue où l’on se place. Car elle questionne les aléas de la vieillesse, et du prix à payer pour les choix que l’on a pu faire. Pour les surprises scénaristiques qui émaillent le scénario et évitent certains poncifs. Pour les immenses Jeff Briges et John Lithgow (et tout le casting qui tient carrément la route), délicieusement ambigus dans leurs rôles et qui nous offrent un face à face qui vaut à lui seul le déplacement.

UN SÉRIE PLUS COMPLEXE QU’IL N’Y PARAIT. Tous les codes du thriller d’espionnage sont bien en place – cavale de l’homme seul traqué par des hyper professionnels, duplicités, trahisons, meurtres, complotismes et j’en passe. La série se déguste comme un très bon divertissement où l’action (alourdie certes par certains flashbacks) rondement menée ménage de jolies surprises. Au-delà, c’est le face à face des vieux vielles casseroles des services secrets qui fait la diff et nous amène à réfléchir sur les ravages du passé, les (mauvais) choix qu’on fait et qui finissent par nous rattraper. Le premier épisode est à ce titre remarquable : 20 minutes où l’on un Dan Chase (Jeff Bridges) insomniaque, tourmenté par sa prostate, en proie à des hallucinations. On croit assister à la chronique d’une fin de vie. D’autant que son ex-complice désormais sur sa trace est tout autant obsédé par la peur de disparaître. Autant dire que nos vieux briscards vont se rendre coup pour coup, dans une série d’action crépusculaire qui se révèle finalement pas si classique.

POUR JEFF BRIDGES, IMPÉRIAL, AS ALWAYS. On est rapidement intrigués par l’apparente tranquillité de Dan Chase (incarné par Jeff Bridges) et la violence qu’il peut soudainement déployer pour défendre sa peau. Sa capacité à survivre entraîne des rebondissements efficaces, et nourrit l’ambiguïté du personnage. C’est que son charme est intact tant il incarne une certaine forme d’innocence adolescente, produisant un personnage aussi séduisant qu’inquiétant. Car il ne faut pas s’y tromper, c’est bien une « machine de guerre », certes un poil rouillée, mais qui reste redoutable. À plus de 70 ans, l’acteur est au cœur de la réussite de cette série, où il s’avère tout à fait crédible dans des scènes de combat où on l’entend souffrir et ahaner dans des corps à corps mortels qui le laissent en bien mauvais état. Comme dans ses face à face (uniquement par téléphone !) avec un vieux collaborateur sur la brèche, joué par autre excellent acteur, John Lithgow (77 ans ! Churchill dans la première saison de The Crown). D’ailleurs tous les acteurs sont impeccables, permettant à cette série de se hisser au-dessus du lot.

UNE MISE EN SCÈNE SÈCHE ET ÉLÉGANTE. Particulière soignée et bien exécutée, qui privilégie les longs plans qui installent le suspense, dans une photographie sombre mais toute en nuances. Les 2 premiers épisodes de la série étant notamment réalisés par le très doué Jon Watts, le réalisateur des Spiderman. Complexe et un peu bavarde, l’intrigue n’en est pas moins maline, les méchants n’étant pas forcément ceux auxquels on pense, selon le point de vue où l’on se place.