LES PAPILLONS NOIRS, d'Olivier Abbou et Bruno Merle

Série TV
Bien
Très bien
Un Must
Épopée pop et sanglante

Le pitch

Adrien, 40 ans, écrivain tourmenté en mal d’inspiration, est contacté par Albert, un vieil homme au crépuscule de sa vie qui lui de demande d’écrire ses Mémoires.  Débute alors pour l’auteur un surprenant voyage vers lui-même.  Absolument gore et psychédélique. Un objet sensuel, dérangeant et violent, porté par des acteurs inspirés et justes. Un divertissement radical et transgressif made in Arte. (Que je déconseillerais aux -16 ans)

Pourquoi je vous le conseille ?

Car cette mini-série est surprenante et singulière à bien des égards, dans sa forme comme sur le fond : un ton macabrement romantique, une esthétique ultra pop et déjantée, une narration complexe et trouble où les (fausses) pistes abondent.  Pour suivre une grande histoire d’amour ténébreuse, aussi saisissante que sinistre. Parce que cette fable sanglante ose bousculer les codes et marier une multitude de genres, sans complexe. Car la minisérie met en abyme l’acte de création autour d’une question : que dit-on de soi lorsque l’on se raconte à l’autre.

ROADTRIP POP ET DÉJANTÉ. Dans la France des années 1970, Albert et Solange, un couple de jeunes coiffeurs sympathiques de province, sillonne les campings de bords de mers à l’occasion des vacances estivales. Année après année, des cadavres jonchent leur passage, sans qu’ils ne soient jamais inquiétés. Ces flashbacks ressuscitent l’hédonisme des années yé-yé dans une mise en scène ultra léchée, où chaque plan regorge de symboles, de motifs qui prendront leur importance plus tard. Une explosion de couleurs et de symboles qui font passer la pilule de l’absolue violence du propos. Car comme le confirme le créateur Olivier Abbou : « C’est la dimension pop de la mise en scène qui permet, en cérébralisant la violence, de la mettre à distance sans l’édulcorer. »

QUI  MANIPULE QUI ? Qui dit la vérité ? Qui l’embellit ? Qui trompe qui ? Rien n’est jamais sûr dans ce récit au carrefour de plusieurs genres qui sait basculer abruptement de la réalité la plus crue à une atmosphère de conte de fée. Horreur, porno, mélo, « giallo* », psycho, histoire d’amour, road trip de serial killers… C’est tout cela à la fois Les Papillons Noirs. Un OVNI télévisuel, tellement malsain qu’il en devient fascinant, remarquablement filmé, qui convoque une multitude de narrations et de points de vue. Le scénariste Bruno Merle et le réalisateur Olivier Abbou tissent un dédale d’intrigues, mêlant habilement création et réel, présent et passé. Adrien raconte la vie d’Albert et Solange, prétexte à s’interroger sur ses propres démons et ainsi raconter sa propre vie. Olivier Abbou exprime ainsi leur volonté de mise en abîme de la création. « Paul Ricœur explique bien dans l’un de ses livres que raconter c’est se raconter et donner une direction à sa vie. Un créateur se sauve en relatant des histoires même s’il ne sait pas toujours pourquoi il les écrit. C’est ce qui arrive littéralement à Adrien, qui n’a pas conscience qu’il est en train de se raconter en recueillant le récit d’Albert. » Une mise en abyme autour de l’écriture qui se poursuit jusqu’au bout avec la publication en librairie aux Éditions du Masque du roman qu’Adrien rédige durant la série.

DES ACTEURS INTENSES. Cette mini-série aussi ludique que macabre est portée par ses acteurs dont la performance, sobre et incarnée, participe de beaucoup à la justesse du récit. Une galerie de personnages portée par Nicolas Duvauchelle, tout de fragilité et de violence contenue, et par Niels Arestrup, toujours aussi royal et ambigu. Au-delà de ce face à face central, le personnage de Nora, la compagne scientifique d’Adrien, jouée par Alice Belaïdi dans un mélange de douceur et d’assurance, questionne la notion d’épigénétique, l’étude de l’hérédité de traits biologiques ou comportementaux d’un être vivant à un autre. Soit la transmission des traumas, de l’histoire familiale de père en fils, de mère en fille. On citera encore la fragilité de Henny Reents, l’étrangeté de Brigitte Catillon et la détermination de Sami Bouajila. Une bien belle brochette.

* « polar » en italien, genre porté par Dario Argento dans les années 70, dominé par les couleurs chaudes avec au programme : des profils psychologiques torturés, du suspense, du sexe et quelques litres de sang !
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La fiche

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Olivier Abbou est aussi à l’origine de la série Maroni (2018, série 4×50 min, pour Arte). 2 saisons.

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