COLUMBO, de Link et Levinson

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Monument historique

Le pitch

Un petit flic italien redresse les torts chez les riches de Los Angeles avec pour seules armes son cerveau et sa capacité de déduction.

Diffusée à l’origine entre 1972 et 2003 en France, la série a régulièrement squatté les antennes avec des succès d’audience jamais démentis par la suite, même après de multiples rediffusions. 50 ans après sa naissance, cette série a toujours une cote de dingue chez des columbophiles de tous âges et profils. Une longévité exceptionnelle qui mérite amplement qu’on s’y arrête.

Pourquoi je vous le conseille ?

Parce que l’indémodable lieutenant incarné par l’irremplaçable Peter Falk est sans aucun équivalent. Car le succès de la série s’est bâti sur un concept de niche improbable, défiant tous les codes classiques de la fiction policière. Parce qu’on regarde un Columbo comme on enfile un pull douillet et confortable. Parce que c’est une série doudou, rassurante et très ritualisée, une gageure pour une série policière. Pour Peter Falk, acteur de génie, compagnon de route de John Cassavetes, qui est Columbo comme personne d’autre n’aurait pu ou ne pourra plus l’être.

UNE NARRATION RÉVOLUTIONNAIRE. Le scénario habile se déroule toujours (ou presque) de la même manière, à l’opposé de la trame policière classique du Whodunnit (qui a commis le crime) car le meurtrier est connu dès le début du récit. L’histoire se focalise sur le si et le comment le meurtrier sera confondu pour finir en pop « gotcha »! (je t’ai eu). Selon ce principe, notre détective n’apparaît que 15 à 20 minutes après le début de l’épisode, une hérésie selon la chaîne NBC productrice de la série. Autre audace : ni sang, ni violence, ni courses-poursuites mais un rythme lent, qui laisse le temps de la réflexion et où l’intrigue s’installe consciencieusement dans tous ses détails. Si on récapitule : une série sans mystère, quasi sans action et bavarde, pas très vendeur sur le papier. Et pourtant c’est un carton dès la diffusion du premier épisode en 1971. Il faut dire que de bonnes fées se sont penchées sur son berceau. Le futur créateur de La loi de Los Angeles et NYPD Blue, Steven Bochco, au scénario. Le tout jeune Steven Spielberg (Le Livre Témoin, premier épisode) ou encore Jonathan Demme (pour Meurtre à la carte, saison 7) à la réalisation…

UN TAUX DE TESTOSTÉRONE PROCHE DE ZÉRO. Autre grande première pour une série policière : le détective est un anti-héros qui prend le contrepied de l’archétype du genre, le flic costaud et sportif qui aime se battre et tomber les filles. Columbo, lui, est un petit lieutenant chiffonné à l’imperméable usé. Il parle lentement et prend un temps infini pour réfléchir, collecter les indices, prendre des notes dans son carnet. Il n’aime pas les armes et d’ailleurs n’en porte jamais. Il est non-violent et ne supporte pas la vue du sang. Il n’a pas de partenaire flic, ni de famille, si ce n’est une femme invisible (bien qu’omniprésente). C’est un policier qui, curieusement, n’aime pas la confrontation et se met dans une position systématique d’infériorité, alors même qu’il est censé représenter l’autorité légale et supérieure de la police. Paradoxalement, c’est bien sur la base de ce personnage non conformiste, totalement irritant mais sympathique, que va se construire le succès de la série.

L’ACTEUR ET SON DOUBLE. Si Peter Falk n’est pas à l’origine du personnage de Columbo, il l’a doté de ses propres attributs et traits de caractère. On lui doit ainsi la vieille 403 pourrie (il est amoureux des vieilles voitures). Le costard mité (toujours le même) et l’imper fatigué (propriété de l’acteur). Le cigare, la tête penchée, « une dernière question »… Les subterfuges qui visent à dissimuler la perspicacité du lieutenant émanent pour beaucoup de la personnalité-même de l’acteur qui finira par ne faire qu’un avec son personnage. Drôle, obsessionnel, malin, maniaque, étourdi. Modeste et humble. Très fin et observateur. Peter Falk est Columbo. Columbo est Peter Falk. Et si d’aucuns se demandent si ce rôle n’a pas vampirisé sa carrière, Falk a toujours exprimé sa gratitude vis-à-vis d’un personnage qui a fait de lui une star mondiale, qui l’a couronné d’un Golden Globe et de quatre Emmys (si vous voulez rire, visionnez – en VO non sous-titrée – son discours de remerciements : Speech de Peter Falk – Emmys 1972 ).

UNE SÉRIE SOCIALE « FEEL GOOD ». Columbo mène ses enquêtes chez les puissants de Los Angeles et utilise son intelligence pour les démasquer, feignant une soumission à des codes qu’il connait par cœur. Ainsi, Columbo est aussi l’histoire d’une lutte des classes qui ne dit pas son nom où un petit policier modeste vient semer la zizanie chez les gens de la Haute. En se jouant de leur arrogance et de leur sentiment d’impunité, il démontre que l’intelligence est plus forte que l’argent et que l’argent ne peut pas tout acheter. Cette morale simpliste de la justice toujours victorieuse fait un bien fou car elle défend une forme d’idéalisme à la Capra, sans misérabilisme, tout en exploitant le glamour Hollywoodien au travers des villas somptueuses, des décors et costumes fastueux. Et des brochettes de stars.

UN CASTING 5 ETOILES. Si Columbo demeure le personnage central de la série, anti-héros magnifique et omniprésent, il sait aussi très bien s’entourer, puisque chaque épisode bouclé de 90 minutes se prête à l’invitation de guest stars. La liste est longue et impressionnante. Johnny Cash, Faye Dunawaye, Janet Leigh, Martin landau, Leonard Nimoy (Star Trek), Patrick McGoohan (Le PrIsonnier), Robert Vaughn, Jane Greer (Pendez-moi haut et court !), Robert Conrad (Les Mystères de l’Ouest, Les Têtes Brûlées)Sans oublier la bande de Peter Falk, John Cassavetes et sa femme Gena Rowlands en acteurs, Ben Gazarra en tant que réalisateur (A friend in need/En toute amitié, 1975). RevoirColumbo, c’est aussi revoir l’histoire de ces amitiés.

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Dans la filmographie de Peter Falk, il faut absolument voir les deux films cultes de John Cassevetes qui témoignent de toute une époque et du talent d’acteur exceptionnel de cet acteur engagé.

Husbands (1970), avec John Cassavetes et Ben Gazarra. La plus belle cuite de l’hitoire du cinéma. Une histoire d’amitié entre des hommes qui ne veulent pas grandir.

Une femme sous influence (A woman under the influence, 1974), avec la muse du réalisateur, Gena Rowlands.