POSSESSION, de Moka

Livre
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Très bien
Un Must
Home sweet home

Le pitch

Malo, 10 ans, revient d’un séjour en maison de repos. Après un grave traumatisme lié à la mort de sa sœur Lutèce, il ne se souvient plus vraiment ce qui lui est arrivé. Son retour au foyer lui réserve bien des surprises, plutôt étranges et angoissantes. Il pense qu’il est train de devenir fou.

Il y a quelque chose de merveilleusement effrayant dans ce roman fantastique où une maison malfaisante s’en prend à ses habitants. Moka (dans la famille Murail je demande la petite sœur), autrice prolifique ayant une prédilection pour l’épouvante, nous fait dresser les cheveux sur la tête dans cette histoire aux accents horrifiques terriblement efficace. Dès 13 ans.

Pourquoi je vous le conseille ?

Pour avoir peur, rire, frissonner, s’émouvoir, trembler… Car Moka inspire habilement la peur, dans ce  roman fantastique mâtiné de comédie et d’intrigue policière. Pour Malo, petit bonhomme de 10 ans, qui affronte courageusement ses pires cauchemars dans un environnement hostile et angoissant. Parce que le comique et le tragique se rejoignent dans un mélange des genres qui crée une tension constamment palpable. Jusqu’à la dernière page. Pour le talent maintes fois éprouvé de cette autrice prolifique et chevronnée, qui lorgne du côté de Stephen King et Shirley Jackson.

UNE MALICIEUSE INTRIGUE D’ÉPOUVANTE. Moka a écrit de nombreux livres, près d’une centaine. Elle connaît la musique pour inspirer l’angoisse, instiller la peur, jouer des ombres et des reflets, mettre en scène les pires tourments de l’esprit. Pour mieux en démonter les mécanismes. Possession est ainsi un parfait roman d’épouvante, délicieusement horrifique, qui explore le thème inépuisable de la maison hantée. Quelle est l’histoire de cette demeure sise au 24, rue de la Roue-d’Abandon, curieux nom qui renvoie à un passé tragique ? Au roman fantastique se mêlent ainsi une intrigue policière et de nombreuses scènes de comédie, rapidement troussées, portées par la vivacité des dialogues. Et une galerie de personnages cocasses qui allègent l’atmosphère. Alice, la copine de classe de Malo, bravache et la langue bien pendue. Charlotte, sa grande sœur, apprentie journaliste qui va mener l’enquête avec un jeune historien nommé Renard, distrait mais malin.

FAMILLE JE VOUS HAIS. Malo se sent comme un étranger dans sa propre famille, bizarrement inquiétante. Une famille anxiogène loin des clichés du havre de douceur auquel tout enfant aspire. Un cocon familial qui s’apparente davantage à une lugubre bâtisse, apparemment hantée et dangereuse au dernier degré. Peu à peu, Malo va se sentir en danger dans cette nouvelle demeure qu’il connaît mal mais dans laquelle rien ne tourne vraiment rond. Que s’est-il passé entre ses murs ? Comment peut-on devenir aussi étranger à son propre environnement ? Parce-que chaque maison a son histoire et qui sait donc quel squelette demeure dans ses placards… Brrrrrr

FAIRE LE DEUIL. Un sentiment de danger permanent accompagne Malo dans cette maison où les objets changent de place, les portes claquent, les couloirs ricanent. Il affronte courageusement tous les phénomènes étranges qui l’assaillent et tendent à prouver qu’il devient fou. D’autant qu’il ressasse jusqu’à l’obsession la mort inexpliquée de sa sœur Lutèce. « Le plus terrifiant, c’était le flou. Un trou, un blanc, un gouffre énorme. Avant ? Pas de souvenirs. Après ? Pas plus. Il n’y avait que pendant. Un si bref instant qui tournait en boucle dans sa mémoire, inlassablement. Ce qu’il faisait dehors en pyjama, pieds nus dans le gravier glacial ? Aucune idée. » La mort et la gestion du deuil sont ainsi des thèmes majeurs soulevés dans cette histoire de maison hostile qui cherche à tuer ses habitants.  Comment faire face à la mort des êtres chers ? Est-ce que s’y confronter permet de mieux l’accepter ? Au contraire faut-il occulter, oublier, recouvrir de cendres tous les malheurs du monde…

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La fiche

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Moka (pseudonyme d’Elvire Murail) a publié plus de cent livres (pas seulement pour la jeunesse) et est traduite dans une quinzaine de langues. Ses domaines de prédilection : le fantastique et l’angoisse. Biblio sélective.

Elle commence sa carrière littéraire par des romans pour adultes et connait le succès avec son premier livre, Escalier C, qui est fort bien porté au cinéma par Jean-Charles Tacchella en 1984.

Après avoir signé quatre romans pour adultes, elle entre en littérature de jeunesse en 1989 sous le pseudonyme de Moka.

Fantôme sur mesure (2022, L’école des Loisirs). Aurore croit que le croquemitaine habite chez elle. Tina croit en beaucoup de choses mais ne jure que par son Harley Davidson. Rémi ne croit en rien sauf en la Gendarmerie Nationale. Matthieu croit que moins on en fait, mieux on se porte. Jonas croit en la valeur nutritionnelle des chips. Le fantôme, quant à lui, croit que tous ces gens-là sauront lui venir en aide. Souhaitez-lui bonne chance. À partir de 13 ans.

Jusqu’au bout de la peur (2004, L’école des Loisirs). La pluie bat, la tempête fait rage, les champs sont inondés, le Marais poitevin déborde de partout. Il faudrait être fou pour mettre le nez dehors par ce temps. Fou, ou pourchassé par un tueur. Quentin et Garance ne sont pas fous du tout. Ce sont deux enfants très intelligents et débrouillards, au contraire. Mais les voilà seuls dans la nuit, seuls et perdus sur une barque plate, avec leurs vélos accidentés et une barre de céréales. Leur père a disparu. Assassiné, ils en sont sûrs, par un cambrioleur qu’ils ont surpris dans son bureau. Il les a poursuivis à pied, puis à vélo, à travers les éléments déchaînés. À présent, il les traque en bateau. Il veut leur peau. À partir de 8 ans.

L’écolier assassin (2000, L’école des Loisirs). Difficile, quand on a toujours habité à Paris, de se retrouver au beau milieu de la campagne, dans un village perdu du Berry, dans une nouvelle maison, avec une nouvelle école, un nouveau bus pour aller à l’école, et de nouvelles têtes à apprivoiser. C’est pourtant ce qui arrive à Fleur et à Pablo qui ont bien été obligés de suivre leur mère jusque dans ce pays. Un pays bizarre, plein de croyances, de maléfices et d’enchantements. Un pays qui compte, parmi ses habitants, une petite fille muette et têtue, une épicière superstitieuse, et, d’après les gens du coin, une sorcière. Une sorcière ? Et pourquoi pas deux tant qu’on y est… Justement, pourquoi pas ? À partir de 13 ans.

À découvrir ailleurs, dans la même ambiance

Le château du Dragon (Dragonwyck, 1h43, 1946) de Joseph L. Mankiewicz. Avec Gene Tierney, Vivienne Osborne, Jessica Tandy, Vincent Price. En 1844, la fille d’un fermier, Miranda Wells, est invitée par une relation Nicholas Van Ryn à venir faire un séjour dans sa maison pour tenir compagnie à sa fille. A son arrivée, la jeune fille trouve ses hôtes très étranges.

Rebecca, roman de Daphné du Maurier paru en 1938, (et son adaptation très réussie par Hitchcock en 1947, avec Joan Fontaine et Laurence Olivier). Le roman, inspiré par les œuvres de Charlotte Brontë et peut-être aussi par celles de Jane Austen, est considéré au xxie siècle comme un classique de la littérature anglaise. C’est à Monte-Carlo que le richissime et séduisant veuf Maxim de Winter croise le chemin d’une jeune domestique qu’il ne tarde pas à séduire. Bientôt, ils se marient et retournent habiter dans le manoir de Manderley, demeure familiale de Winter, au sud de l’Angleterre. Très rapidement, dans cet endroit lugubre et froid, la nouvelle Mme de Winter se confronte aux domestiques qui ne semblent guère l’apprécier. Surtout, c’est Mme Danvers, la gouvernante, qui est la plus vindicative. Car depuis toujours, elle servait Rebecca, l’ex-femme de M. de Winter décédée un an plus tôt dans un accident. Son souvenir semble hanter le château.