MILLE MORCEAUX, de James Frey

Livre
Bien
Très bien
Un Must
Journal d’un alcoolique, toxicomane et délinquant

Le pitch

« – Comment vous sentez-vous ?
– Mal.
– Mal à quel point de vue ?
– A tous les points de vue.
 »

James, vingt-trois ans, a cramé sa jeunesse dans le crack et dissout son enfance dans l’alcool. À la suite d’un énième « trou noir », il est hospitalisé dans une clinique du Minnesota. Dans le service de soins intensifs, il rencontre Lilly, une jeune fille aux yeux bleus et clairs comme des promesses d’avenir. Alors que faire ; fêter ses 24 ans ou replonger ?

Pourquoi je vous le conseille ?

Peu importe la part de la fiction et d’autobiographie de ce portrait d’une descente aux enfers et retour, Mille morceaux est un récit coup de poing. Une œuvre qui dérange, profondément désespérée, non dénuée d’un message d’espoir et de rédemption. Un roman dont le style électrique et syncopé peut rendre fou. Un récit initiatique hors du commun.

UN UPPERCUT. Le narrateur nous fait vivre de l’intérieur une cure de désintoxication et tente nous expose à l’engrenage de la dépendance. On en suit les étapes, au plus près du corps et de l’esprit, sans filtre, crûment. Aucun détail ne nous est épargné : la souffrance, le manque, le doute permanent, les hallucinations…  En somme il s’agit du récit poignant d’une quête et d’une re-conquête de soi.

DANS LE COEUR DU RÉACTEUR. Mille Morceaux offre une critique éclairante des règles qui régissent les cures de désintoxication et les autorités qui en ont la charge. Avec son lot de dogmes et de croyances, à respecter absolument, et qui finissent par devenir un nouveau sens de la vie. Une autre forme de dépendance ? « Ces individus ne boivent plus ne se droguent plus, mais ils continuent de vivre avec cette obsession. Ces individus sont abstinents désormais, mais leurs vies se fondent sur l’évitement, la critique et la diabolisation des produits qu’ils aimaient et dont ils dépendaient auparavant. S’ils arrivent à fonctionner (…), c’est grâce à leurs Réunions, à leur Dogme, à leur Dieu. Enlevez-leur leurs Réunions et leur Dogme et ils n’ont plus rien. Enlevez-leur leurs Réunions et leur Dogme et les revoilà à la case départ. Ils sont dépendants. »

UNE ÉCRITURE ORGANIQUE, naturaliste, primitive, qui restitue avec force les sensations ressenties, aussi bien physiques que psychiques. La scène de l’opération dentaire sans anesthésie est notamment d’une force hallucinante. Un style « coup de poing ». Un rythme syncopé, saccadé. Des phrases répétées comme des mantras. Les litanies, les répétitions, l’absence de ponctuation. Un style hypnotique, voire psychotique, à rapprocher d’un vertige ou d’une obsession de drogue.

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Sur l’addiction et le traffic de drogue : Traffic, film réalisé par Steven Soderbergh en 2000.

Sur les hôpitaux psychiatriques et la folie : Shock Corridor, réalisé par Samuel Fuller en 1963 ; Shutter Island, réalisé par Martin Scorsese en 2018 ; Vol au-dessus d’un nid de coucou (One Flew Over the Cuckoo’s Nest) réalisé par Miloš Forman en 1976.

Sur la dépression, la mélancolie, la narration : L’attrape-cœurs (The catcher in the rye), roman magnifique (pas un polar, mais je fais une exception) de J. D. Salinger, lire et faire lire dès 13 ans.