L’HONNEUR DE ZAKARYA, d'Isabelle Pandazopoulos

Livre
Bien
Très bien
Un Must
Un coupable idéal

Le pitch

Zakarya Benothmane, jeune boxeur de 20 ans accusé d’avoir tué son rival, refuse de se défendre. Tout est contre lui. Pourtant, Zakarya affirme qu’il n’y est pour rien. Un roman noir, sensible, qui explore des sujets adolescents, mais pas que. Enfance meurtrie, premiers émois, fragilités, poids de la religion, grandir dans une cité, enfer carcéral… La plume nuancée d’Isabelle Pandazopoulos n’épargne ni les sujets qui fâchent, ni la noirceur de certaines adolescences. Courageux et émouvant.

Pourquoi je vous le conseille ?

Car peu importe l’intrigue, c’est la justesse du ton, la sensibilité du héros, la complexité de cet âge des possibles que l’on retiendra. Les émotions des premières fois. Pour la narration sous forme de puzzle qui nous dévoile par touches successives la fragilité explosive de Zakarya. Parce que ce roman d’une grande finesse décrit avec un souci documentaire les conditions de détention et le déroulement d’un procès en France. Car c’est un très beau livre, tendu et vibrant, où derrière l’intrigue se cache le véritable mystère. Celui de Zakarya.

UNE NARRATION EN ZIG ZAG. L’intrigue principale est simplissime : Zakarya a-t-il oui ou non tué Paco Moreno ? On connaîtra la vérité dans les toutes dernières pages mais finalement peu nous importe, car l’essentiel est ailleurs et notamment dans la description du parcours de notre héros. Comment en est-il arrivé là, dans cette prison, emmuré en lui-même. On passe ainsi d’un lieu à l’autre, du présent au passé, dans un chaos immédiatement passionnant. L’autrice joue sur la chronologie, des flashbacks venant éclairer le présent telles les pièces d’un puzzle qui se mettent en place et permettent peu à peu, comme dans une psychothérapie, de donner un sens à chaque élément.

UN ADO QUI CHERCHE SA PLACE. Pour comprendre pourquoi Zakarya se mure dans le silence, il faudra remonter à l’origine même de sa naissance. Celle d’un enfant non désiré, non reconnu, toujours à la recherche d’une place où se poser.  Un jeune homme tout juste sorti de l’enfance et qui se vit comme « la moitié d’un ». Autour de ce trou noir originel, le roman tisse sa toile, donnant la parole à chacun des protagonistes qui ont croisé le chemin de Zakarya, variant les points de vue et la chronologie. Mais que rien ni personne ne semble réussir à faire sortir de son mutisme, pas même l’amour inconditionnel d’une mère tout aussi dévouée qu’imparfaite, qui n’a cessé de payer au prix fort sa liberté.

LE PROCÈS DANS LE PROCÈS. Il s’agit au premier abord d’un roman de procès d’assise, en France, décrit avec un souci documentaire et en alternance avec les souvenirs éparpillés du héros qui, petit à petit, s’assemblent comme les pièces d’un puzzle et permettent peu à peu, comme dans une psychothérapie, de donner un sens à chaque élément. Ce roman noir réaliste et social nous fait découvrir les arcanes intimes de la violence. Ici, le déterminisme social, si puissant soit-il, l’est moins que le code d’honneur qui lie Zakarya à l’un des personnages. Jusqu’à la fin, le livre nous tient en haleine, pas seulement parce qu’on attend le moment fatidique du dévoilement de la vérité, mais aussi parce que les personnages sont justes, loin de toute caricature (hormis peut-être les policiers). Ou de tout misérabilisme.

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Isabelle Pandazopoulos a publié des romans pour les ados et des récits de mythologie. Elle a longtemps enseigné dans des zones dites difficiles avant de se spécialiser auprès d’adolescents décrocheurs puis d’élèves en situation de handicap mental. Depuis quelques années, elle consacre son temps à l’écriture. Elle aime Paris à la folie mais pas autant que sa datcha du Bazois où elle écrit ses livres.  (source Gallimard Jeunesse)

Jean-Xavier de Lestrade, dans sa mini-série 3 x Manon, s’est inspiré d’Isabelle Pandazopoulos pour créer le personnage de l’enseignante qui aide les adolescents.

Ses romans pour la jeunesse explorent des sujets forts, parfois dérangeants, qui questionnent, révoltent, émeuvent. Sa plume nuancée campe à chaque fois des personnages complexes. Quelques exemples dans sa biblio (chez Gallimard, éditions Scripto) :

  • On s’est juste embrassés (2009). Amitié mise à l’épreuve, premier amour, intégration, secret de famille…
  • La décision (2013) sur le déni de grossesse.
  • Double faute (2016), sis dans le milieu du tennis, sur l’emprise autoritaire d’un père sur ses fils
  • Trois filles en colère (2017) sur la vie de trois jeunes filles européennes (une allemande, une française et une grecque) à l’aube de 1968.
  • Demandez-leur la lune (2020) sut le décrochage scolaire.