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Un village au fin fond des Cévennes où vivent deux paysans, solitaires et taiseux, Gus et Abel. Un voisinage qui va virer au tragique. Un polar rural couvert de prix. A juste titre.
Pour l’atmosphère de rural noir, lente, silencieuse, émouvante. Pour l’économie et la précision du style, sans un mot de trop ni trop appuyé. Pour les secrets de familles qu’on aime toujours déterrer. Pour découvrir une œuvre moins connue de l’auteur de Né d’aucune femme qui mérite qu’on s’y arrête.
UNE HISTOIRE SIMPLE. En apparence du moins. La disparition de l’abbé Pierre va ébranler Gus avec une force telle que toute sa vie va s’en trouver insidieusement changée. Cet événement apparemment anodin va déstabiliser le destin de ces deux hommes de la terre que rien n’était censé pouvoir troubler.
UN ROMAN TAISEUX. Une histoire d’ombres et de silences. Vous ne trouverez pas de grandes démonstrations de style chez Bouysse car c’est un auteur économe. Il dresse avec force et précision cette histoire de deux paysans qui communiquent sans passer par la parole. Ce suspense très inhabituel s’avère d’une grande efficacité. Amateurs d’intrigues compliquées narrées à 100 à l’heure avec foultitudes de rebondissements, passez votre chemin. Ici on agit peu et on cause encore moins. Tout en décrivant des sentiments puissants. Tout un art.
UN COUNTRY NOIR À LA FRANCAISE. Franck Bouysse, petit-fils de paysan et professeur de biologie, sert avec talent le Rural noir français avec des intrigues simples, ancrées dans la réalité de territoires ruraux âpres, victimes de l’évolution industrielle. L’oeuvre de Bouysse, nécessaire, témoigne de cette réalité.
Auteur(s) :
Franck Bouysse
Titre français :
Grossir le Ciel
Date de publication originale :
2014
Éditeur :
La Manufacture des Livres
Autres :
Prix Polar Michel-Lebrun 2015 ; prix Polars Pourpres 2015 ; prix des lecteurs de Villeneuve-Lez-Avignon 2015 ; prix sud-ouest du polar (Gradignan) 2016 ; prix SNCF du polar 2017.
Plateau (2016), Glaise (2017), Né d’aucune femme (2019), Buveurs de vent (2020). Tous réussis méritent d’être découverts si ce n’est déjà fait.
Rural noir (2016) de Benoît Minville. Ou la peinture d’une certaine campagne française. Cruel, violent et lumineux.
Prendre des loups pour des chiens (2017), Hervé Le Corre pour la peinture de destins de « petites gens », oubliés de la carte
Aux animaux la guerre (2014), Nicolas Mathieu, premier roman magnifique. Pour suivre le destin d’hommes et de femmes dans un région des Vosges où se côtoient misère, ennui et chômage
Dans la même veine mais en version américaine, le nature writing ou autre country noir pourra vous séduire (j’avoue, je suis fan aussi). Par exemple Ron Rash, Rick Bass, Craig Johnson. Les éditions Gallmeister notamennt se sont fait une spécialité de ce type d’écriture.
L’aîné des Ferchaux, film de Jean-Pierre Melville (1963), pour le face à face Belmondo / Vanel.
La veuve Couderc, film de Pierre Granier-Deferre (1971), adaptation de Simenon avec Simone Signoret et Alin Delon.
3 Billboards, les Panneaux de la Vengeance (Three Billboards Outside Ebbing, Missouri), film de Martin McDonagh, film remarquable de rage brute et d’humour noir. Rien à voir, mais vous pouvez en profiter pour (re)découvrir Bons baisers de Bruges, un ovni cocasse par le même réalisateur, gore et bourré d’humour noir.