THELMA ET LOUISE, de Ridley Scott

Film
Bien
Très bien
Un Must
Road-trip féministe

Le pitch

La virée en week-end de deux copines tourne au road-movie tragique. Une cavale légendaire filmée dans les sublimes décors de l’Ouest américain. Un film culte, fort décrié à sa sortie, qui fait désormais partie du patrimoine culturel.

Pourquoi je vous le conseille ?

Car 30 ans après sa sortie, ce film féministe demeure essentiel. Car il dresse une cartographie sans appel des figures de la violence et de la domination masculine. Parce qu’il montre que la sororité et la solidarité féminine sont des alternatives possibles à une société aveugle au sort des femmes. Car les paysages sauvages sont à couper le souffle, transcendés par une bande originale country qui ajoute l’émotion pure au voyage. Pour Susan et Geena, remarquables.

DEUX ROUQUINES DANS LA BAGARRE. Deux héroïnes qui répondent par les armes à la violence masculine, ça fait désordre. L’une est victime d’un viol. L’autre coupable d’avoir tué celui qui n’avait pas compris que « non, c’est non ». Une fois l’irréparable commis, impossible pour elles de faire marche arrière et les deux femmes lambdas se muent en fugitives, fonçant vers leur destin. Bienvenue dans un monde de prédateurs où peu de représentants de la gent masculine seront sauvés de la disgrâce tout au long de ce furieux road-movie féministe. Si l’on excepte le détective Slocombe (joué par Harvey Keitel), on y croise tout un lot de figures masculines déviantes : violeur récidiviste, tyrans domestiques, camionneur obscène, jeune braqueur sans scrupules (ah le beau Brad dans son premier rôle qui fera date) … Des archétypes qui témoignent de la violence d’une société patriarcale sévère. Certes on entend les critiques émises (notamment à sa sortie) à l’égard d’un film jugé trop manichéen, noir et pessimiste à outrance, unilatéralement critique à l’égard des hommes. J’y davantage un manifeste pour une forme de rébellion nécessaire : vivre libre ou mourir. Une métaphore d’une solidarité féminine salvatrice, merveilleusement incarnée par deux actrices pas si connues, Geena Davis et Susan Sarandon, merveilleusement complices et complémentaires.

LE CHOIX DE LA LIBERTÉ. Ridley Scott ne cache pas son admiration pour ces deux femmes qui font le choix courageux de la liberté. En se délestant progressivement des carcans qui contraignaient leurs vies, en ne comptant plus que sur elles-mêmes, elles font le choix de l’indépendance, par la conquête brutale d’une identité propre. Un nouveau départ conquis les cheveux au vent à bord de leur Thunderbird 1966 vert amande, provoquant quelques remous au passage… Un road-movie violent mais aussi savoureux où deux femmes sans foi ni loi partent à conquête de l’Ouest pendant que leurs hommes les attendent au foyer… Un drôle de retournement de situation pour un film qui ne manque pas d’humour par ailleurs.

ROAD MOVIE FEMININ. Le Britannique Ridley Scott féminise un genre, à la croisée du western et du road-movie, et pose un regard émerveillé d’Européen sur la majesté de paysages mémorables, lieux originels de la mythologie américaine. « En tant qu’étranger, je peux voyager dans le désert et être émerveillé devant des kilomètres de poteaux électriques à perte de vue… Ce sont ces mêmes poteaux que l’Américain ne remarque même plus, tant ils font partie de son quotidien. » Stations-services, diners, motels plus ou moins crasseux. Ou paysages somptueux de carte postale, ciels multicolores filmés en cinémascopes… Ridley Scott rend hommage aux westerns John Fordiens, sur fond musical de The Ballad of Lucy Jordan par Marianne Faithfull. Des références mondialement partagées qui ont leur part dans le succès planétaire de ce film décidément incontournable.

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La fiche

Titre français :

Titre original :

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Scénario :

Casting :

Bande Originale :

Nationalité :

Langue de la VO :

Année de sortie :

Durée :

Couleur / noir et blanc :

Autres :

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Les Duellistes (The Duellists, 1977). Avec Harvey Keitel, Keith Carradine, Albert Finney. Deux lieutenants de l’armée napoléonienne, d’Hubert et Feraud, vont poursuivre une querelle pendant quinze ans a travers toute l’Europe et se provoquer régulièrement en duel.

Alien, le 8ème passager (Alien, 1979). Avec Sigourney Weaver, Tom Skerritt, Veronica Cartwright. Film d’épouvante et de SF. Interdit -12 ans.

Blade Runner (1982). Avec Harrison Ford, Sean Young, Rutger Hauer. Exceptionnelle adaptation d’un roman de Philip K. Dick.

Black Rain (1989). Avec Michael Douglas, Andy Garcia, Ken Takakura. Un policier new-yorkais est chargé escorter à Osaka un criminel japonais. Rapidement, ce dernier s’échappe. Le représentant de l’ordre va alors avoir beaucoup de mal à le retrouver dans un pays dont il ignore les us et coutumes.

La Chute du Faucon Noir (Black Hawk Down, 2001). Avec Josh Hartnett, Ewan McGregor, Tom Sizemore. Le 3 octobre 1993, une centaine de marines américains est envoyée en mission à Mogadiscio, en Somalie, pour assurer le maintien de la paix et capturer des soldates rebelles. Cette opération de routine vire rapidement au cauchemar.

American Gangster (2007). Avec Russell Crowe, Denzel Washington, Chiwetel Ejiofor. Lutte contre la mafia dans le Harlem des années 70.

Mensonges d’État (Body of Lies, 2008). Avec Leonardo DiCaprio, Russell Crowe, Mark Strong. Ancien journaliste blessé pendant la guerre en Irak, Roger Ferris est recruté par la CIA pour traquer un terroriste basé en Jordanie.

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Dans l’esprit de la cavale :

Les amants de la nuit (They Live by Night, 1949) de Nicholas Ray. Avec Farley Granger, Cathy O’Donnell, Howard Da Silva. Le jeune Bowie s’évade de prison avec deux autres détenus qui l’entraînent rapidement dans une attaque de banque. Il rencontre l’amour et croit pouvoir vivre en paix, mais ses complices le rattrapent.

J’ai le droit de vivre (You only live once, 1937) de Fritz Lang. Avec Henry Fonda et Silvia Sidney. Après sa sortie de prison, Eddie Taylor épouse Joan, l’élue de son cœur. Le bonheur du couple est de courte durée. Accusé à tort d’un hold-up, Eddie doit partir en cavale avec sa femme et son bébé.

Bonnie and Clyde (1967) d’Arthur Penn. Avec Faye Dunaway et Warren Beatty. La cavale d’un couple d’amants criminels dans l’Amérique de la Grande Dépression.

La balade de Sauvage (Badlands, 1974) de Terrence Malick. Avec Sissy Spacek et Martin Sheen. Une fuite de très jeunes amants criminels, dans le Dakota du Sud de la fin des années 50.

True Romance (1992) de Tony Scott, sur un scénario de Quentin Tarantino (avant d’avoir réalisé Reservoir Dogs). Avec Christian Slater, Patricia Arquette, Gary Oldman, Christopher Walken. Thriller romantique qui retrace l’histoire d’un couple de jeunes amoureux qui se retrouve en possession d’une valise remplie de cocaïne appartenant à la mafia et essaie de la vendre à un producteur de cinéma.

Tueurs nés (Natural Born Killers, 1994) d’Oliver Stone. Avec Juliette Lewis, Woody Harrelson, Tom Sizemore, Robert Downey Jr.

Dans l’esprit courses de voitures mythiques :

Les Blues Brothers (The Blues Brothers, 1980). Comédie musicale de John Landis avec John Belushi et Dan Ackroyd. Dès sa sortie de prison, Jake Blues est emmené par son frère Elwood chez Soeur Mary Stigmata, qui dirige l’orphelinat dans lequel ils ont été élevés. Ils doivent réunir 5 000 dollars pour sauver l’établissement, sinon c’est l’expulsion.

Bullitt (1969) de Peter Yates. Avec Steve McQueen, Jacqueline Bisset, Robert Vaughn.

Dans l’esprit film féministe :

Erin Brockovich, seule contre tous (Erin Brockovich, 2000). Film de Steven Soderbergh. Avec Julia Roberts, Albert Finney, Aaron Eckhart. Une femme célibataire avec trois enfants à charge se lance dans un combat a priori désespéré contre un groupe responsable de la pollution d’eau potable, mettant en jeu la vie de millers de personnes. Film sur une mère courage comme aiment en glorifier les Américains. Pas si mal.