LE VOLEUR, de Louis Malle

Film
Bien
Très bien
Un Must
Un sale métier

Le pitch

Paris à la Belle Époque (1890-1914). Un amoureux éconduit devient voleur par dépit, puis par vocation. Un des films les plus incontestables de Louis Malle. Un des meilleurs rôles de Belmondo, très loin de ceux qui marqueront ensuite sa carrière. Du grand art. Dès 12 ans. 

Pourquoi je vous le conseille ?

Parce que Jean-Paul Belmondo y est éblouissant. Pour l’atmosphère du Paris de la Belle Époque, parfaitement cynique.  Pour son casting trois étoiles. Pour l’originalité du personnage joué par Bébel, un as de la cambriole qu’on pourrait qualifier d’anti-Arsène Lupin. Car c’est un film passionnant à bien des égards.

UNE ÉPOQUE FORMIDABLE. Louis Malle propose une reconstitution soignée de cette Belle Époque, mise en valeur par les décors de Jacques Saulnier (chef déco ayant travaillé avec Chabrol (Landru), de Broca, Alain Resnais, Rappeneau, Verneuil …). Il fait le portrait d’une IIIème République qui fut celle de la victoire de la bourgeoisie française et des violences anarchistes. Un monde impitoyable d’une grande hypocrisie, fasciné par l’argent et tout ce qu’il peut procurer. Louis Malle, lui-même richissime héritier de la famille Béghin (le sucre), choisit le cinéma pour s’émanciper de ses origines, sans y arriver totalement, ni réussir à s’épanouir dans son univers d’adoption. Comme qui dirait, le cul entre deux chaises.  Le voleur pourrait se comprendre comme un règlement de compte cinématographique de ce cinéaste solitaire vis-à-vis de son milieu d’origine et de la France sclérosée de 1967.

ALTER EGO. Belmondo interprète avec sobriété un voleur plus nihiliste que vengeur social. « Je fais un sale métier, c’est vrai ; mais j’ai une excuse : je le fais salement » dit notre voleur. Pas tout à fait. Car il y a chez lui un peu du dandy baudelairien. Loin de ses interprétations bondissantes qui feront son succès, Belmondo joue laconiquement ce bourgeois qui se retourne contre sa classe en la dévalisant. Froid comme la glace, c’est sans état d’âme qu’il accomplit consciencieusement son métier avec une haine viscérale des valeurs morales d’une société qu’il méprise. Il casse et fracasse les demeures des bourgeois avec une rage froide comparable à celle qu’il ressent pour une société pourrie par l’hypocrisie, la corruption, et fascinée par l’argent. A ce titre, on pourrait voir dans George Randal, voleur solitaire, élégant et dégoûté de la société, un alter ego du cinéaste.

UN CASTING PRESTIGIEUX. Les personnages qui gravitent autour de notre voleur participent beaucoup à la réussite du film, lui procurant une légèreté de bon aloi. Dans le désordre et sans préférence. Julien Guiomar en faux prêtre et vrai monte-en-l’air. Charles Denner en voleur anarchiste. Marlène Jobert en prostituée joyeuse. Marie Dubois en garce toute de rousseur vêtue. Françoise Fabian en belle modiste. Ou encore la toute jeune Bernadette Lafont en soubrette à l’œil coquin. En j’en oublie.

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La fiche

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