LA BONNE ANNÉE, de Claude Lelouch

Film
Bien
Très bien
Un Must
Casse romantique

Le pitch

Après six années de prison pour cambriolage, Simon est libéré le jour de la Saint Sylvestre. Il part à la recherche de la femme qu’il avait aimée à l’époque du maudit hold-up. Flashback. Avec son pote Charlot, ils débarquent à Cannes pour le casse d’une bijouterie. C’était compter sans la présence d’une bien belle antiquaire. Une élégante fantaisie policière avec deux acteurs magnifiques. Dès 8 ans.

Pourquoi je vous le conseille ?

Parce que Lelouch a su capter comme personne ces moments suspendus, d’improvisation, d’une complicité rare. Pour le charme incomparablement des années 70, léger et sérieux. Car c’est une comédie sentimentale et policière qui repose sur l’opposition de deux personnages magnifiquement interprétés par Françoise Fabian et Lino Ventura (à contre-emploi).  Une alchimie rare et précieuse.

LA MANIÈRE LELOUCH. S’il est capable du pire comme du meilleur avec son goût immodéré pour le romanesque et ses longs travelings à n’en plus finir, Lelouch nous livre dans La Bonne Année son savoir-faire singulier dans ce qu’il a de plus merveilleux. Celui d’un conteur qui nous enchante avec des histoires fantaisistes au charme fou, servies par des acteurs aussi convaincants qu’irrésistibles, avec de réels moments de grâce. Sans en faire trop. Avec en sus un art d’accompagner en musique tout ce bel ensemble – ici Mireille Mathieu (et ouais) sur une musique originale de Francis Lai. Sans omettre des dialogues improvisés qui font mouche, une atmosphère de franche camaraderie (merci Charles Gérard). Mon tout donne la manière Lelouch, quand la magie opère.

POUR FRANÇOISE ET LINO. Au moment de l’écriture du film, Lelouch souhaite rejouer avec Lino Ventura, un an après L’Aventure c’est l’Aventure, et donner un coup de canif à son image de gros dur. Pour accompagner Ventura, Lelouch écrit le rôle pour Françoise Fabian, muse d’un certain cinéma d’auteur (Ma Nuit chez Maud, Eric Rohmer, 1969) alors en pleine effervescence. Lui sera un gorille apparemment mal dégrossi, un faux frustre qui se laisser apprivoiser. Elle sera une élégante bourgeoise, raffinée, superbe, entourée de snobs. Une femme moderne qui aspire à la liberté de vivre et de penser ; totalement symptomatique d’une l’époque, post 68. Ils s’affrontent, se cherchent, se toisent lors de scènes (de repas notamment) dont les dialogues restent dans les annales du cinéma.

Quand Simon le pragmatique donne la réplique à Françoise l’intello.

« Pour vous qu’est-ce qu’une femme ?

-Comment ça, qu’est-ce que c’est une femme ?

-Pour moi une femme, c’est… Un homme qui pleure de temps en temps.

-C’est bien ça ! C’est de qui ?

-Ah mais c’est de moi ! 1966 !»

Ou quand Simon répond à un soupirant de Françoise qui lui demande, avec condescendance, comment il fait pour choisir un film s’il ne lit pas les critiques. « Comme je choisis une femme. En prenant des risques. »

LE BONHEUR SI JE VEUX. Comme je veux. C’est aussi un message de ce film où les rapports dans le couple se complexifient, où la femme aspire à davantage de liberté. Une photographie des années 70 qui témoigne de changements sociétaux majeurs, sur fond de libération morale et sexuelle. Où le discours se politise dans des dialogues qui narguent la pseudo supériorité des intellectuels comme la domination masculine. Par les mots, par les regards, Lelouch exploite l’opposition des styles des deux personnages qui en dépit de tout, ne peuvent s’empêcher de tomber amoureux. Parce que cela va dans le sens de l’Histoire. Et la modernité de Françoise de boucler la boucle lorsqu’elle explique pourquoi elle a pris un amant, pendant son incarcération.  “C’était ma façon à moi de ne pas mourir, ma façon de t’attendre.”

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La fiche

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Parmi les autres oeuvres de Lelouch dans la même veine fantaisiste, avec une micro touche de thriller.

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