GLORIA, de John Cassavetes

Film
Bien
Très bien
Un Must
Sauve qui peut la vie

Le pitch

New York au crépuscule des années 70. Une ex-danseuse se voit confier la protection d’un gamin poursuivi par la Pègre. A l’origine, un film de commande de la MGM pour Cassavetes qui l’avait qualifié en son temps «d’incident de parcours». Pourtant, Gloria est bien l’un des chefs-d’œuvre du maître, qui en a inspiré plus d’un.

Pourquoi je vous le conseille ?

Parce que c’est une fugue effrénée chargée de mélancolie. Parce que Gena est bluffante. Car Gloria c’est une héroïne dure, tendre et tenace, à la Barbara Stanwyck, seule et prête à défier le monde. Parce que le gosse est fantastique, aussi énervant qu’émouvant. Parce qu’on croit à leur histoire d’amour. Parce que c’est du vrai et bon Cassavetes. Un chef-d’oeuvre.

POUR JOHN. Lorsque Cassavetes réalise Gloria, c’est un artiste encensé par la critique mais inconnu du grand public. Or il décide de mettre son talent au service d’un projet qui ne lui ressemble pas. Mais pas du tout. Cassavetes aime le verbe, les « temps distendus » et les plans statiques qui laissent libre cours au développement de la psychologie de ses personnages. Autant de qualités dans son cinéma qui jurent (en apparence) avec les exigences du genre : action, efficacité, précision. Mais le miracle se produit. Sans se renier, Cassavetes réalise un polar, un vrai, tout en conservant son style si personnel. Décadrages, improvisations et échanges verbaux, caméra portée pour rester au plus proche des acteurs. Tout est là, au service d’un rythme réglé sur une constante urgence.

POUR GENA. Gloria, c’est Gena Rowlands dirigée par son mari John Cassavetes. Sa muse. Elle incarne totalement cette femme magnifique, pugnace et ambiguë, paniquée mais volontaire, qui se démène dans un New York inquiétant, grouillant, banalement quotidien. Résolument égoïste et dure, elle mettra toute sa témérité au service d’un quasi inconnu. Cette héroïne casse-cou et déterminée inspirera bien des Tarantino et autres Besson.

UNE UNION DE DEUX SOLITUDES. Gloria va progressivement s’attacher à ce mini-macho de 6 ans qui se prend pour son chevalier servant. (A noter que John Adames était alors un enfant à qui il fallait réciter les répliques car il ne savait ni lire ni écrire. Pour info, il ne tournera aucun autre film.) Si leur relation commence de manière tendue et hostile, chargée de méfiance, tous deux vont finir par s’apprivoiser et recréer un foyer dans leur fuite. Ils vont s’agacer et s’aimer. Comme un vrai couple.

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La fiche

Titre français :

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Couleur / noir et blanc :

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Il n’existe pas d’autres polars dans la filmo de Cassavetes (dans Meurtre d’un Bookmaker Chinois, le polar n’est qu’un prétexte), mais tout est à (re)voir chez cet artiste incroyable. Faces (1968), Une femme sous influence (1974), Husbands (1970), Opening night (1977), Love Streams (1984)…

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Sur un sujet similaire, la traque d’un enfant, une toute autre approche avec Witness, réalisé par Peter Weir en 1985. Très sympathique, visible en famille (dès 10 ans), quoique beaucoup plus classique.