BOÎTE NOIRE, d'Yann Gozlan

Parce que le propos sort de l’ordinaire et que le suspense se nourrit d’un réalisme impressionnant. Car Pierre Niney en jeune prodige de l’acoustique sonne juste dans un rôle de paranoïaque obsessionnel. Et entre nous, un bon thriller français, ça ne se refuse pas.

EN IMMERSION. Mathieu Vasseur est un acousticien au service du BEA (Bureau d’Enquêtes et d’Analyses) chargé d’enquêter sur la sécurité et les catastrophes aériennes de l’aviation civile. Ça ne s’invente pas. Certes, François Civil tapait dans un registre similaire pour Le Chant du Loup (film d’Antonin Baudry, 2019), mais cet univers demeure fascinant.  D’autant que Yann Gozlan s’appuie sur un scénario très documenté. Ainsi, la scène d’ouverture de la boîte noire, effectuée dans les locaux du BEA en présence d’une « vraie » enquêtrice, selon des protocoles ultra stricts qui confinent au rituel sacré, est-elle représentative d’une précision et d’un réalisme qui rendent totalement crédible l’intrigue par ailleurs très anxiogène.

UN HÉROS PARANOÏAQUE. Erreur de pilotage ? Défaillance technique ? Acte terroriste ? Notre jeune technicien, très doué, mais aussi arrogant et ambitieux, est tout entier à l’écoute du drame enregistré par la carte mémoire de la fameuse « boîte noire ». Le casque vissé sur les oreilles, il tente de déceler l’enchaînement des événements, de dresser des hypothèses pour expliquer le drame, sans aucun doute possible. Or toute cette histoire n’est pas claire. Mathieu va investiguer en solo, obstinément, prêt à tout sacrifier. Y compris lui-même.

UNE IMAGE ANGOISSANTE DE L’AERONAUTIQUE DU FUTUR. Ceux qui ont déjà peur en avion devraient peut-être s’abstenir… Les mutations technologiques en cours dans l’aviation civile ont de quoi soulever des inquiétudes : recours accru à l’intelligence artificielle, automatisation des vols, piratages informatiques, pression économique croissante… À bon entendeur…