VILLEVERMINE, le tombeau du géant, de Julien Lambert

BD
Bien
Très bien
Un Must
Dystopie féministe

Le pitch

Jacques Peuplier, le détective qui parle aux objets (oui, on est bien dans le genre SF), enquête sur le secret des géants qui vivent dans les égouts de VilleVermine, une cité du crime fantasmagorique. Une aventure autonome dans un univers dystopique fantaisiste, très vaste et riche d’aventures potentielles. Un scénario qui ouvre grande la porte à l’inattendu et au rocambolesque. Un conte généreux dont l’intensité dramatique n’exclut pas une bonne dose d’humour. À découvrir dès 13 ans.

Pourquoi je vous le conseille ?

Car Jacques le colosse, détective de son état, nous régale avec ce don surnaturel qu’il a de communiquer avec les objets ; ce qui le sauve de bien des situations périlleuses. Pour les contes et légendes qui peuplent cet univers fantastique et fécond. Pour le dessin, comme esquissé, mais totalement maîtrisé, non dénué de poésie. Parce que l’humour est une seconde nature dans cet album qui n’en dénonce pas moins la noirceur et les excès de nos sociétés contemporaines.  Car le scénario inventif et cohérent, adressant des thèmes sensibles, prend des risques pour sortir des sentiers battus.

VILLEVERMINE, CITÉ DES CRIMES. Une cité bétonnée, sans âme, crasseuse, qui sent la rouille et où les habitants s’entassent sans avenir. Un monde décalé et globalement sordide. Un univers ultra urbain en décomposition, métaphore dystopique de notre société industrielle, mais où viennent se greffer une panoplie de contes et légendes, des géants, une secte d’indigents (les Fleuvistes) reclus dans les égouts, des mythes fondateurs et des croyances ancestrales.  La noirceur générale du contexte est éclairée par son héros et l’évocation d’un conte généreux d’où finit par jaillir la lumière.

LA VRAIE BONNE IDÉE. Jacques Peuplier, l’homme qui parle à l’oreille des objets. Ce privé célibataire, bordélique et quasiment misanthrope, vit dans un appartement vétuste et possède le don surnaturel de converser avec les objets inanimés. Il leur offre une nouvelle vie, faisant fi de leur obsolescence annoncée. Fort de cet atout, il remonte le fil de ses enquêtes en s’appuyant sur la mémoire de ces éléments du décor, par essence aussi nombreux qu’inertes pour le commun des mortels. Les dialogues entre objets, dans une gouaille souvent cynique, ne sont pas les moindres des atouts de cette série qui ne manque pas d’humour ni de second degré. Ce personnage éminemment sympathique arbore enfin un je-ne-sais-quoi de Corto Maltese, dans la solitude, la mélancolie, les rouflaquettes et les boucles d’oreilles qui n’est pas pour me déplaire.

L’HUMOUR TOUJOURS. Le dessin tremblotant de Julien Lambert pourra étonner mais colle parfaitement au délabrement de la ville et la dégradation des personnages. Dans style qu’on pourrait qualifier d’indécis, aux proportions souples, à la colorisation grise voire terne. Et pourtant le charme opère à 100% !

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Julien Lambert est né en 1986 à Dinant, en Belgique. À Angoulême, il entre en résidence à la Maison des Auteurs, où il a réalisé Edwin, le voyage aux origines avec Manon Textoris au scénario et aux couleurs, album qui a remporté le Prix Raymond Leblanc de la jeune création (éditions du Lombard, 2014).

VilleVermine, L’homme aux babioles (tome1/2 ; 2018) était son premier album aux éditions Sarbacane. Dans la ville crasseuse et malfamée de VilleVermine, Jacques Peuplier, détective privé musclé et mutique, enquête sur la disparition de la fille obèse de la reine des bas-fonds. Il est accompagné par des objets dont il est le seul à entendre la voix et à pouvoir discuter avec eux.

VilleVermine, Le Garçon aux bestioles (tome 2/2 ; 2019). On retrouve Jacques Peuplier, privé taciturne aux dons singuliers, n’a pas l’intention de laisser VilleVermine, la ville poisseuse, la ville crasseuse, avoir… sa peau : il compte bien retrouver le scientifique fou qui lui a pris ce qu’il avait de plus cher. Pour cela, il va devoir affronter les répugnants hommes-insectes de ce dernier, et surtout, conclure une alliance avec le gang des gamins des rues sans foi ni loi, qui a lui aussi un compte à régler avec le vieux fou…

Suite et fin de ce diptyque de fantasy urbaine, avant la sortie du tome 3 qui peut être lu indépendamment des premiers tomes.

 

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